Ils étaient sur le front des manifestations, exsudant une noire colère contre leurs gouvernements, réclamant plus de droits, plus d’égalité des chances, plus d’argent public au service des citoyens.

Les jeunes du Chili, du Pérou, d’Argentine, de Colombie ou d’Équateur sont aujourd’hui à pied d’œuvre pour aider les plus vulnérables dans cette période de pandémie, constate El País. Grâce à leurs collectifs et à une solide charpente de réseaux sociaux, ils se sont avérés rapidement opérationnels pour se répartir des tâches.

Le journal décrit par exemple ces étudiants de Popayán, au sud de la Colombie, qui “se sont à nouveau couvert la bouche mais cette fois pour être en première ligne” de la solidarité, en organisant des collectes de nourriture, d’équipements de protection et de tests au profit des quartiers “où l’aide de l’État n’arrive pas.”

“Nous voulons voir disparaître ces chiffons rouges”, dit l’un d’eux en référence aux chiffons de la faim que les gens pauvres et confinés accrochent à leur fenêtre, en Colombie

En pause mais mobilisés

Au Chili, l’assemblée des étudiants à l’origine du mouvement qui, à partir du 18 octobre 2019, a mis le feu aux poudres dans le pays, a désormais mis toute son énergie pour aider les personnes âgées. Organisés en comités de quartier, ils font des courses, accompagnent les riverains dans des démarches, tout en continuant à étudier à distance, grâce aux cours en ligne mis en place par l’université publique, à Santiago.

Leurs profs ne sont pas en reste, qui s’improvisent testeurs de Covid-19 sous la houlette de leur recteur, un ancien médecin, ou fabriquent des masques à l’aide d’imprimantes 3D.

À Buenos Aires comme à Mexico, étudiants et enseignants étaient mobilisés depuis des mois, notamment pour que de vraies actions soient engagées contre les violences faites aux femmes. Là aussi, les revendications ont été suspendues, mais sont seulement “en pause”, explique une porte-parole.

Cours virtuels et télémédecine

Étudiants comme profs se sont alors proposés pour participer à une campagne de vaccination contre la grippe, en Argentine, ou encore pour renforcer l’enseignement virtuel, comme au Pérou, en prêtant main forte aux cours à distance.

À l’université de Trujillo, au nord du Pérou, des étudiants en droit se relaient dans les locaux pour offrir une assistance juridique à toute personne en ayant besoin. D’autres se sont mis à “réparer des respirateurs”, décrit El País.

À force de parlementer, un collectif de Cuzco, au sud du pays, a obtenu une exonération des frais d’inscription “et une aide de 17 dollars pour payer Internet” en ces temps de confinement.

Guayaquil, en Équateur, a aussi vu se bouger sa jeunesse étudiante face au drame du coronavirus que vit la seconde ville la plus importante du pays.

À l’université publique de la ville, la rébellion chauffait à petit feu contre le statut des internes en médecine et les coupes budgétaires. Aujourd’hui, les mêmes internes sont volontaires pour des séances de téléconsultation à destination des étudiants ou d’autres patients, et participent à des campagnes de prévention sur le coronavirus.

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EL PAÍS

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