Mi-mars, après treize mois d’un mouvement sans précédent, les manifestants ont été contraints de quitter les rues algériennes. Face à l’arrivée du nouveau coronavirus dans le pays, ils ont décidé de “suspendre” leur mouvement.. Mais ils avaient prévenu : ils n’abandonnent pas la lutte pour autant.
Dimanche 10 mai, ils sont redescendus dans la rue dans la petite commune kabyle de Tizi Gheniff. Munis de masques de protection, ces militants du hirak se sont rassemblés pour soutenir cinq de leurs camarades convoqués par la police, rapporte le site d’information Observ’Algerie.
Les slogans qui résonnaient étaient exactement les mêmes que ceux qui se faisaient entendre avant le confinement : “État civil et non-militaire”, “Algérie libre et démocratique”, scandaient-ils. D’après le site d’information, il s’agit de leur premier rassemblement depuis mi-mars.
La répression ne s’est pas confinée
Car le régime n’a, lui, pas suspendu la répression. Selon le Comité national pour la libération des détenus, les arrestations et les convocations aux postes de police des leaders de la protestation se sont poursuivies pendant le confinement.
Dans un article publié le 6 mai, le think tank britannique Chatham House estime que les autorités algériennes “manquent une occasion de gagner en légitimité”. Les auteurs de l’article rappellent ainsi que le président, Abdelmadjid a consenti à la libération de 5 000 détenus le 31 mars 2020, mais qu’il a décidé de maintenir en détention les prisonniers d’opinion et les leaders du hirak.
Selon le même document, le Covid-19 est en train d’aggraver des conditions économiques “déjà désastreuses”, à l’instar de la chute brutale des prix du pétrole. En outre, l’Algérie affiche un taux de mortalité de 10 % des cas confirmés de Covid-19, le pourcentage le plus élevé du Maghreb, et l’un des plus importants d’Afrique.
Malgré ces chiffres alarmants, les Algériens, y compris les partisans du hirak, ont fait preuve d’un élan de solidarité pour lutter contre la pandémie. “Le gouvernement doit tirer parti de ces aspects positifs et introduire des changements réels. Sinon, le hirak sera de retour une fois la crise terminée, dans un climat aggravé par des problèmes socio-économiques. La médecine du passé ne marchera pas”, préviennent les deux auteurs de l’article.
Karim Ben Saïd
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