En 50.000 dans un Paris déconfinée
Depuis quelques jours, les médias français se sont montrés presque émus par la révolte aux Etats-Unis contre la violence policière, le racisme d’Etat et le suprématisme blanc incarné par la figure de Donald Trump. Pendant ce temps, en France, alors que toutes les activités de production et la machine de la consommation sont réparties de manière euphorique, l’« état d’urgence sanitaire » continue de produire comme l’un de ses effets différenciés l’interdiction des manifestations collectives, l’intensification des dynamiques d’exploitation et des violences policières.
Déjà samedi dernier, les dix mille sans papiers qui ont envahi les rues du centre de Paris, entre Opéra et République, avaient fait sauter cette interdiction, avec la puissance matérielle et symbolique de leur présence. Hier, le rassemblement convoqué par le Comité Adama a dépassé toutes les attentes. Une composition sociale sans précédent, jeune, très jeune, a littéralement entouré le Tribunal à Paris et occupé le 17e arrondissement et ses alentours pendant toute la soirée.
L’indignation contre le racisme structurel et la revendication du « droit à la respiration », mot d’ordre scandé par des milliers de manifestant, résume bien l’esprit de la soirée, qui était en lien directe avec le soulèvement qui bouleverse Etats-Unis. Les pressions du préfet Lallement sur la famille Traoré pour annuler l’initiative ont eu comme seul résultat la radicalisation de la rage et l’élargissement de la mobilisation.
Sur les panneaux, on trouve des messages comme « Je ne peux pas respirer », les derniers mots prononcés par George Floyd, l’Afro-Américain mort à Minneapolis après son arrestation brutale par la police, mais aussi « Nos vies comptent », « Le racisme nous étouffe », « Pas de justice, pas de paix ».
Quatre ans après la mort d’Adama Traoré, un nouveau rapport médical, établi à la demande de sa famille, attribue sa mort à un plaquage ventral, une technique d’arrestation largement discutée et critiquée. Encore à 21h des milliers de personnes convergent dans le quartier, tandis que, suite à plusieurs provocations policières des importants affrontements éclatent. Des barricades sont montées, des feux sont allumés, des envahissements du boulevard périphériques et des manifs sauvages traversent le nord de Paris pendant la nuit.
C’est une journée, qui donne matériellement le souffle et la force nécessaire à relancer les luttes en France quelques semaines après la fin des mesures confinement prises pour répondre à la crise sanitaire. Un nouveau rendez-vous est prévu pour samedi : c’est ainsi que Paris prend sa place dans le soulèvement antiraciste
La vérité pour Adama
#Blacklivesmatter
#JusticepourAdama
#Pasdejusticepasdepaix
#Nioublinipardon
Plateforme d’Enquêtes Militantes