La nouvelle loi sur la sécurité nationale, promulguée le 30 juin à Hong Kong, suscite l’inquiétude des militants démocrates et la condamnation de la communauté internationale.
Insuffisant, juge le sinologue Jean-Philippe Béja, qui critique l’inaction des gouvernements occidentaux face à la politique répressive de la Chine.
La nouvelle loi sur la sécurité nationale, en vigueur depuis le 30 juin, à Hong Kong pèse désormais comme une chape de plomb sur l’ancienne colonie britannique.
La Chine fait désormais la loi dans le territoire, au grand dam des militants pro-démocratie, contraints pour certains de s’exiler.
Ceux qui restent sont décidés à se battre en essayant de contourner les interdictions de rassemblement, explique Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la politique chinoise.
Que peuvent les démocrates hongkongais face à la nouvelle loi sur la sécurité nationale ?
La loi renforce l’interdiction de manifester qui existe déjà. On se demande si les militants pro-démocratie continueront à le faire au vu du nombre de nouvelles arrestations qui ont eu lieu le 1er juillet. C’est comme une épée de Damoclès.
Une grande partie des militants a décidé de rester et de continuer à se battre en essayant de contourner les interdictions de rassemblement. Ils font passer les informations par les réseaux sociaux.
Certains ont quitté Hong Kong, que peuvent-ils faire depuis l’étranger ?
Beaucoup de gens se renseignent pour savoir comment quitter Hong Kong, ce qui ne plaît pas à la Chine. La nouvelle loi autorise les autorités à retirer les passeports aux personnes qui mettent en danger la sécurité de l’État.
Les gens cherchent à partir vers Taïwan et les pays classiques de l’immigration hongkongaise : États-Unis, Canada, Australie et Royaume-Uni. Ceux qui décident de partir, c’est le cas de Nathan Law, une des têtes du mouvement pro-démocrate, espèrent obtenir de l’aide à l’étranger.
Et que peut faire la communauté internationale ?
Les Américains pourraient infliger des sanctions économiques à la Chine : Hong Kong accueille les quartiers généraux de 250 multinationales et entreprises américaines qui opèrent en Chine. On pourrait, par exemple, interdire à celles qui soutiennent le gouvernement chinois de faire des opérations en dollars. Hélas, on n’en est pas encore là, les multinationales ne sont pas des combattantes de la liberté et de la démocratie.
L’Union européenne et la France pourraient aussi refuser à Hong Kong son statut de territoire douanier autonome, ce qui gênerait bien la Chine. J’espère que nos gouvernements se rendront compte de l’importance de ce qui est en train de se dérouler, un drame absolu. Mais nos gouvernements sont incapables d’adopter une politique ferme à l’encontre des pays qui violent leurs engagements internationaux.
Début juillet, la Bourse de Hong Kong était en hausse, est-ce à dire que les milieux économiques soutiennent la politique de Pékin ?
Il est trop tôt pour le dire. C’est une intervention des autorités chinoises, via ses entreprises d’État, qui a aidé à la montée de la Bourse. Il y a eu aussi des menaces sur des multinationales, notamment HSBC (groupe bancaire britannique) qui a été sommé de soutenir la loi.
Mais il est vrai qu’un certain nombre d’acteurs économiques sont heureux que le calme règne à Hong Kong et qu’il n’y ait plus de grandes manifestations, comme on en a connu l’an passé.
De son côté, le gouvernement chinois entend démontrer que rien ne va changer et que Hong Kong continuera de jouer son rôle de centre économique.