La manière dont sera résolu le scandale de corruption entourant le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad, ou 1MDB, “aura une influence sur la vie politique malaisienne pour les années qui viennent,” écrit la Nikkei Asian Review.
Ce scandale, qualifié de “plus grande affaire de cleptocratie du monde” par l’ancienne ministre américaine de la Justice [2015-2017] Loretta Lynch, implique notamment l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak, sa femme et Riza Aziz, le fils de celle-ci, producteur du film Le Loup de Wall Street, avec Leonardo Di Caprio.
Plus d’une douzaine de membres de l’Umno (Organisation nationale unifiée malaise), qui a dominé la vie politique du pays depuis l’indépendance, en 1957, jusqu’à 2018, sont également mis en cause.
Mais, “depuis le retour aux affaires de l’Umno en mars dernier, les choses se présentent sous un meilleur jour pour Najib, sa famille et les autres” personnes soupçonnées de blanchiment d’argent et de détournement de fonds dans ce dossier, estime le magazine.
Un renversement de gouvernement opportun
“En mai, le ministre de la Justice a conclu un accord avec Riza Aziz permettant la levée des charges contre lui.” En vertu de cet accord, il versera au gouvernement malaisien 107 millions d’euros, “une somme qui, selon les critiques, ne représente que 40 % des 246 millions d’euros qu’il aurait blanchis à partir de 1MDB.”
L’Umno a perdu les élections législatives de mai 2018, en partie à cause des soupçons de corruption qui pesaient sur le gouvernement de Najib Razak. À l’époque, l’affaire 1MDB secouait les systèmes bancaires de plus d’une dizaine de pays, dont la Suisse et les États-Unis. Mais le dossier avait été classé en Malaisie, et le Premier ministre Najib Razak disculpé. L’élection de l’opposition avait alors relancé les poursuites judiciaires et le procès de Najib Razak avait commencé.
En mars dernier, la coalition gouvernementale a perdu sa majorité au Parlement, permettant à l’Umno de se retrouver de nouveau à la tête du gouvernement. Dans ce nouveau paysage politique, les ennuis judiciaires de Najib Razak s’éloignent.
La corruption, un péché mortel ?
Le magazine Nikkei Asian Review estime que si “Najib peut revenir au pouvoir la culture de la cleptocratie ayant permis 1MDB sera de retour. Le scandale 1MDB a déjà coûté des milliards au pays et a sévèrement affaibli son système bancaire.”
Le magazine remarque que la crise sanitaire du Covid-19 est une aubaine pour le gouvernement. Car l’attention de la majorité des Malaisiens est focalisée sur les répercussions économiques de la crise sanitaire, plutôt que sur le dossier 1MDB.
“Dans cette région, la corruption à grande échelle n’est pas un péché mortel en politique. Il y a de nombreux exemples d’hommes politiques impliqués dans des affaires de corruption qui sont revenus aux affaires.”
Courrier International
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