Le 20 mars 2007 marque le quatrième anniversaire du début de la seconde guerre du Golfe. Bilan : des dizaines de milliers de victimes civiles et un pays dévasté. Le mirage de la guerre « propre » a fait place à une occupation interminable et à la guerre civile. Samedi 17 mars, des dizaines de milliers de personnes ont participé aux manifestations organisées par le mouvement antiguerre aux États-Unis. La mobilisation a été inférieure à celle du 27 janvier, même si des foyers assez importants demeurent. Le mouvement connaît donc un regain en demi-teinte, au moment où de nouveaux envois de troupes s’organisent.
L’insatisfaction croissante ne s’est pas encore massivement donnée d’autre perspective que la défaite électorale infligée à Bush et à son parti. Les démocrates, ne se sont jamais engagés au retrait immédiat, ils sont donc restés attentistes en prenant la majorité. Ils font voter des résolutions non contraignantes mais, face à la surenchère d’une partie des républicains, ils tentent de concilier vote des crédits de guerre, nouveaux envois de troupes et calendrier de retrait à long terme. Les républicains, eux, demandent « plus de temps » pour une « nouvelle » stratégie, qui ressemble fort à l’ancienne. Le contrôle du Moyen-Orient devient de plus en plus difficile, et toute la classe dirigeante temporise pour redéfinir sa stratégie régionale et internationale.
L’intervention impérialiste a mis la région à feu et à sang, attisant des guerres civiles nécessairement désastreuses. Le coût de la guerre, du point de vue des États-Unis, est également élevé. Le contexte né des élections de 2006 risque de laisser voir à la majorité de la population le vrai visage de cette intervention et des deux grands partis, ouvrant un espace pour une revendication plus ferme du retrait et une démystification du projet « libérateur ». Les enjeux d’une extension du mouvement antiguerre, pour l’avenir des États-Unis comme du Moyen-Orient, sont donc plus importants que jamais.