L’association LEIA (Lekuko Ekonomia eta Ingurumenaren Alde = pour l’économie locale et l’environnement) s’est créée en 1998, en Basse Navarre et en Navarre (deux provinces du Pays Basque) pour mener un travail d’informations et de mobilisation collective contre ce projet : réunions publiques, pétitions, motions municipales majoritairement hostiles à ce projet, actions spectaculaires, manifestations massives se sont multipliées sans répit pour un objectif clair : l’abandon de ce projet routier à grand gabarit.
Les raisons de ce combat sont très claires : l’objectif de cet axe est de relier les réseaux autoroutiers espagnols et français, et donc d’ouvrir un autre couloir à camions à travers les Pyrénées, ce qui est une véritable aberration écologique et économique. Cette logique du tout routier est en contradiction flagrante avec le protocole international de Kyoto signé par la France pour tendre à réduire les gaz à effet de serre. Elle contredit aussi les engagements pris par les décideurs politiques de mettre au plus vite en place des alternatives à la route, à savoir le rail et la mer. Transformer les régions rurales de Basse-Navarre et de Navarre en zone de transit international de marchandises signifierait provoquer leur déclin et la mise en danger d’une cohésion territoriale, environnementale et culturelle qui est chère aux habitants du Pays Basque. Des voies d’une telle ampleur renforcent les pôles urbains les plus importants, là où se concentrent les richesses ; elles assèchent les régions traversées et contribuent à les fragiliser démographiquement et économiquement. Les conséquences induites sur l’activité agricole (terres bitumées, exploitations coupées en deux, perte de qualité des produits...) et touristique, deux piliers de l’économie bas-navarraise, seraient très graves. Les populations locales supporteraient toutes les nuisances, en matière de pollution atmosphérique, sonore et visuelle et subiraient le saccage des vallées et des montagnes. Elles paieraient la note et les dégâts de cette énorme infrastructure.
LEIA et tous les opposants à un tel axe s’opposent à ce que les ressources humaines et naturelles qui existent en Basse-Navarre et en Navarre soient bradées, gaspillées et détruites par un projet qui aurait des conséquences néfastes et irrémédiables. Face à ceux qui parlent de croissance et de développement, d’ « économie grande vitesse », LEIA défend l’idée d’une vitalisation du territoire qui s’appuie non pas sur des critères de productivisme mais sur le maintien, la préservation et l’animation d’un tissu économique, social et culturel encore extrêmement vivant…avant qu’il ne soit trop tard. Face à la résistance active des populations locales et d’une forte majorité de leurs élus municipaux organisés en Collectif depuis mai 2005, le Président du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, soucieux de faire passer coûte que coûte son projet, a tenté d’en déguiser la nature en changeant d’appellation au fil des années : d’abord identifié comme une « autoroute » en 1998, le projet est devenu de 2001 à 2005 une « 2x2 voies », et depuis février 2006 une « 2x1 voie avec créneaux de dépassement et contournement des bourgs ». En Navarre, le gouvernement foral annonce que ce sera une 3 voies sur toute sa longueur construite sur une emprise suffisante pour réaliser au plus vite une 4 voies, avec percement de tunnels pour traverser les Pyrénées. Et, alors que le Président du Conseil Général parle de route « d’intérêt régional », le président navarrais souligne qu’il souhaite à tout prix un débouché autoroutier vers le nord de l’Europe, afin d’établir par cet axe une connexion directe « du Portugal jusqu’aux autres pays de l’Europe ».
LEIA a dénoncé en février 2006 le double discours du Président du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, maître d’œuvre du projet, qui annonce que les caractéristiques techniques seront les mêmes de part et d’autre des Pyrénées, tout en minimisant l’ampleur du projet. Lorsque les cartes et dossiers du projet sont arrivés dans les mairies pour être consultés au cours du mois de décembre 2006, lors de la phase dite de« concertation », les habitants se sont mobilisés nombreux pour participer et prendre la mesure de l’axe routier qu’on veut leur imposer. Rien à voir avec un simple aménagement de l’existant : c’est bel et bien un couloir à camions qui est projeté (plus de 1700 par jour). Près de 1500 personnes se sont déplacées en trois semaines pour consigner leur refus de ce projet dans des registres mis à leur disposition en mairie. Ce sont 5000 personnes qui ont participé à la manifestation appelée par LEIA le 30 décembre 2006, dans le bourg de Saint Palais (1800 habitants). A titre d’information, nous vous informons que la Basse-Navarre rassemble 25000 habitants. Au cours du mois de janvier 2007, les municipalités ont délibéré en prenant en compte les avis de leurs concitoyens : 19 des 23 communes de Basse Navarre touchées par le tracé se déclarent opposées au projet de transnavarraise et demandent son abandon, soit 83% des communes. Les 4 autres communes ont décidé de ne pas se prononcer par rapport à ce projet. Aucun conseil municipal ne s’est donc prononcé favorablement à ce projet.
Habitants et élus municipaux, plus que jamais légitimés à poursuivre leur lutte, sont décidés à ne pas se laisser imposer un projet qu’ils rejettent totalement. Ils attendent en conséquence du Président du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, l’abandon de ce projet de transnavarraise et de la part des autres institutions (Europe, Etat, Région) le maintien de leur position de refus d’aider au financement de ce projet catastrophique. A ce jour, l’Aquitaine s’est, elle-aussi, positionnée contre ce projet.
Par ce courrier, nous vous demandons, en tant que candidat(e) à l’élection présidentielle française, de vous positionner par rapport à ce projet international de couloir à camions. Le Pays Basque intérieur est inquiet quant à l’avenir qui lui est réservé, et c’est pour cela que ses habitants attendent de chacun des candidats à la présidence française une position ferme et non ambiguë contre le projet en cours. Suite à votre réponse, nous informerons l’ensemble de la population locale des intentions de chaque candidat(e) concernant ce projet, afin que chaque électeur en tienne compte au moment de choisir celui ou celle qui présidera la France.
Comptant sur une réponse écrite de votre part avant le 10 avril, veuillez recevoir Madame, Monsieur le Candidat(e), nos remerciements pour l’attention que vous porterez à ce courrier.
Pour LEIA, Le président Daniel Olçomendy
En réponse à cette lettre aux candidats, la LCR a ffirmé son soutien à ce combat et la lettre de LEIA a été publiée sur le site d’Olivier Besancenot.