Dans un climat tendu autour de la question du viol, avec de nombreuses manifestations partout dans le pays, le Bangladesh a décidé, lundi 12 octobre, d’en faire “un crime passible de la peine de mort”. Lors d’une réunion de son gouvernement à Dacca, la Première ministre, Sheikh Hasina, a fait adopter “une réforme de la loi de 2000 sur la protection des femmes et des enfants prévoyant la peine capitale pour les auteurs de viol”, indique The New Age. Le ministre de la Justice, Anisul Huq, a précisé que le texte entrerait en vigueur dès mardi, sous forme d’ordonnance.
Jusqu’à présent, le Code pénal bangladais prévoyait la réclusion à perpétuité à l’encontre des violeurs et réservait la peine de mort aux responsables de viols ayant conduit au décès de la victime. “Le président de la République, Abdul Hamid, va veiller lui-même à la promulgation immédiate de la nouvelle loi”, souligne le Dhaka Tribune, qui rappelle combien le sujet est sensible, après plusieurs affaires de viol qui ont défrayé la chronique ces derniers jours. Entre janvier et septembre 2020, “près de 1 000 viols ont été comptabilisés dans le pays, dont 208 en réunion”.
Une loi coloniale prévoit encore des blâmes à l’encontre des victimes
La peine de mort n’est pourtant pas considérée par tout le monde comme une solution. “Nous pensons qu’en réalité, il ne s’agit que d’une dissuasion juridique pour faire baisser le nombre croissant de cas de viol dans le pays”, affirme le Daily Observer. Le journal estime qu’il faudrait “redéfinir le viol, pour s’assurer qu’il couvre toutes les formes de pénétration non consentie”, quel que soit le sexe de la victime. En outre, il est urgent de “revoir la loi coloniale de 1872” qui prévoit dans certains cas “des blâmes à l’encontre des victimes”, alors qu’il faudrait “garantir l’accès à la justice sans discrimination”.
Il faut sensibiliser la police, les juges et les travailleurs sociaux au sujet, car pour le moment, au Bangladesh, les victimes de viol ne sont pas toujours traitées “avec respect” durant les enquêtes et les procès. Il reste beaucoup à faire, poursuit le journal, quand on sait que “quatre viols ont lieu chaque jour” dans le pays et que “moins de 5 % des accusés sont condamnés”.
Le Daily Star en profite pour réclamer, de son côté, un renforcement de la loi pour lutter contre le mariage des enfants. En la matière, le Bangladesh reste “l’un des pires pays au monde”, dénonçait l’Unicef en 2018. Selon une étude du bureau national des statistiques réalisée en 2019, “51 % des enfants y sont mariés” de force par leurs parents. Et à l’heure actuelle, le Code pénal considère qu’“aucun rapport sexuel entre un homme et son épouse ne peut être considéré comme un viol conjugal, dès lors que la femme a passé l’âge de 13 ans”.
Guillaume Delacroix
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