Ce mardi 8 décembre, cela fait mille jours que la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco a été assassinée, et ses commanditaires ne sont toujours pas connus, souligne El Pais Brasil.
Si à l’époque, en mars 2018, peu de Brésiliens en dehors de Rio de Janeiro connaissaient “cette élue noire, originaire d’une favela, bisexuelle et mère de famille”, souligne le quotidien, son assassinat a fait d’elle “un symbole pour la gauche brésilienne” et une source d’inspiration “pour d’autres femmes de même origine qui sont elles aussi entrées en politique.”
“Je suis sous escorte même pour aller à la boulangerie”
Leur émergence dans la vie politique brésilienne “a brisé des tabous et remué des eaux troubles”, assure El País. Beaucoup d’entre elles sont systématiquement menacées sur les réseaux sociaux, mais certains cas sont plus graves, comme celui de la députée fédérale de Rio Talíria Petrone, 35 ans. “Je suis sous escorte même pour aller à la boulangerie”, a-t-elle déclaré lundi 7 décembre au quotidien depuis un “refuge secret”.
Cette élue du Parti socialisme et liberté et amie de Marielle a dû quitter son État, Rio de Janeiro, et vit protégée par la police de la Chambre des députés. “Depuis que je suis entrée au parlement, je vis avec des menaces”, a-t-elle expliqué au quotidien.
90 politiciens tués en 2020
“La violence politique est courante au Brésil”, rappelle El País. Cette année, 90 politiciens ont été tués, selon le décompte d’un un universitaire carioca, Pablo Nunes. Les causes sont diverses. En Amazonie, il s’agit généralement de conflits fonciers ou liés à l’exploitation illégale des ressources. À Rio, c’est souvent le travail des milices, nées pour assurer la sécurité contre les trafiquants de drogue. Elles y contrôlent davantage de territoire que les narcotrafiquants, assure le quotidien.
Plusieurs conseillères municipales nouvellement élues en novembre ont dénoncé les menaces racistes dont elles ont fait l’objet. C’est notamment le cas de deux nouvelles élues de gauche dans deux des villes les plus blanches du Brésil, Curitiba et Joinville, situées dans le sud du pays, et d’une élue de droite à Bauru, dans l’État de São Paulo.
Talíria Petrone pointe du doigt Jair Bolsonaro et son gouvernement, “expression de la vieille élite en colère, qui craint l’avancée du peuple” vers le pouvoir. Et El Pais de souligner qu’à Rio, l’une des conseillères municipales nouvellement élues est la veuve de Marielle Franco, l’architecte Mônica Benicio. Toutes deux ont grandi à Maré, une favela de la ville.
El País Brasil
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