Tout est parti d’un marché de crevettes au sud de Bangkok, à Samut Sakhon précisément. Depuis le dimanche 20 décembre et les premiers cas, quelque 1 300 personnes porteuses du nouveau coronavirus ont été testées. Ce sont en majorité des immigrés birmans travaillant dans des élevages de crustacés. Alors que la pandémie semblait sous contrôle, les autorités ont brandi la menace d’un reconfinement et n’ont pas tardé à désigner des coupables.
“D’abord, écrit le site indépendant Khaosod, ça a été les travailleurs immigrés”, puis est venu le tour “de leurs employeurs, des réseaux de passeurs de clandestins, des dirigeants locaux qualifiés d’incompétents et même des manifestants prodémocratie,, […] mais jamais le gouvernement central”.
Les fêtes de fin d’année, beaucoup l’espéraient, devaient marquer un début de retour à la normale après des mois de restrictions et une mise à l’arrêt de l’économie. L’apparition du “cluster” de Samut Sakhon, aux portes de la capitale, a eu l’effet d’un “profond choc”, commente The Bangkok Post dans un éditorial. D’autant que des cas en lien avec ce cluster ont été identifiés dans douze provinces. Les autorités n’ont pas tergiversé.
Le marché aux crevettes a été fermé jusqu’au 3 janvier, rapporte Khaosod.
“Les bâtiments autour du marché dans lesquels sont logés de nombreux travailleurs immigrés ont été placés en confinement, personne n’étant autorisé à entrer ou sortir de ce périmètre, les ouvriers testés positifs au virus étant même forcés de vivre parmi ceux qui n’ont pas été contaminés.”
Frontières fermées
Les Thaïlandais de Samut Sakhon sont eux autorisés à quitter la région à condition de le signaler aux autorités. Une mesure difficile à mettre en œuvre, constate le Bangkok Post, mais qui, surtout, met en lumière les discriminations dont sont victimes les migrants.
Les 2 400 kilomètres de frontière entre la Birmanie et la Thaïlande ont été fermés en mars avec l’émergence de la pandémie de Covid-19. Mais les passeurs sont toujours à l’œuvre, explique Khaosod en citant des associations travaillant auprès des migrants. D’autant que la situation est loin d’être sous contrôle en Birmanie avec quelque 120 000 cas et 2 500 décès, face aux 5 700 cas et 60 décès en Thaïlande.
Après avoir envisagé d’imposer un nouveau confinement sur l’ensemble du territoire, le gouvernement thaïlandais a finalement opté, ce jeudi 24 décembre, pour un compromis, à savoir “un contrôle par zones”, écrit le Bangkok Post. Quatre zones ont été délimitées avec des degrés divers de restrictions (déplacements, télétravail et cours en ligne, etc.). Et dans les deux zones les plus surveillées, les festivités de fin d’année seront interdites, sauf, précise le journal, “si elles ont lieu via Internet”. Le véritable retour à la normale n’est pas pour tout de suite.
Courrier International
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