Une situation sanitaire rapidement hors de contrôle ?
La probabilité d’une situation sanitaire hors de contrôle, d’une saturation complète du système de santé, avec pour conséquence des milliers, voire des dizaines de milliers de mortEs et de personnes à la vie durablement abîmée, doit être considérée comme forte, même si l’on peut toujours espérer que le pire n’adviendra pas. L’apparition de nouveaux « variants » du virus, plus contagieux, et pour certains pouvant contaminer des personnes que l’on pouvait penser immunisées, intervient dans une situation d’épidémie déjà non maîtrisée en raison des choix politiques antérieures et alors que la campagne vaccinale patine.
Ce qui se profile aujourd’hui est l’éventualité dans les semaines qui viennent d’une situation « à l’anglaise », avec des ambulances attendant devant les hôpitaux que des places se libèrent, des services de santé débordés et épuisés...
On s’en approche déjà en région Paca où le système de santé est d’ores et déjà saturé (90 % des lits de réanimation occupés dans les Alpes-Maritime, et en une semaine, triplement des taux de virus dans les eaux usées à Nice). De nouveau, certains hôpitaux commencent à déprogrammer les soins et les opérations, les services de radiologies sont embolisés.
Le développement très rapide de « clusters » massifs dans les hôpitaux doit particulièrement nous inquiéter : Hôpital de Dieppe, en 15 jours un cluster de 240 personnes, mi personnel mi patients ; Finistère, dans les trois principaux hôpitaux, Quimper, Morlaix et CHU de Brest, apparition de clusters avec le variant anglais. Lors de la première vague, le gouvernement s’était appuyé sur les départements moins contaminés pour transférer des patientEs. Cela ne pourra plus être massivement le cas. Le Royaume-Uni d’aujourd’hui préfigure probablement ce que sera la situation en France dans quelques semaines, comme l’Italie l’avait fait au printemps dernier.
Dans ces conditions, un coup de frein brutal, sous forme d’un nouveau confinement semble un pis-aller inévitable. Dénoncer la responsabilité du pouvoir qui nous a conduit à cette issue, critiquer les modalités qu’il imposera (en particulier pour préserver les profits), est de notre responsabilité. Cela ne peut nous amener à dénoncer frontalement ce nouveau confinement au nom des atteintes aux libertés.
Les mensonges du gouvernement, sa gestion liberticide des couvre-feu et confinements, la précarité, les pertes de revenus, les plans de licenciements, l’épuisement psychique face à une pandémie qui n’en finit pas, minent l’acceptabilité des mesures de solidarité collective, qui sont pourtant nécessaires et qui sont rendues difficiles à cause de la politique gouvernementale. Ceux qui nient la réalité de la pandémie, ses dangers, essayent d’en profiter. A nous de prendre en compte cette colère, ce refus des mesures liberticides, qui sont souvent légitimes, pour exiger les moyens sanitaires, sociaux, financiers, collectifs pour affronter cette pandémie.
Reprendre la main sur l’épidémie
L’enjeu est de ramener les contaminations à un point où il est possible d’éviter l’effondrement du système de santé. C’est un objectif pour notre camp social. Il faut donc :
- Se battre sur les modalités de ce confinement : à nous de définir les secteurs indispensables et les modalités de leur fonctionnement.
Ce ne sont pas les profits qui doivent dicter les secteurs « indispensables » (au profit) qui restent ouverts, et ceux indispensables à notre culture, nos amours… qui doivent fermer. Aux salariéEs, aux citoyenEs, en lien avec les professionnelEs de santé, de décider démocratiquement de ce qui doit fermer ou rester ouvert, avec les moyens sanitaires qui vont avec et la garantie du maintien des revenus.
Exemple : dans l’Éducation nationale, bâtir avec les personnels, les parents d’élèves et les professionnels de santé des protocoles qui garantissent réellement les gestes barrières, des embauches massives, des réquisitions de locaux, des équipements informatiques fournis aux plus précaires, pour mettre en place partout des demi-groupes en alternance, pour limiter le nombre d’élèves à la cantine, dans les transports en commun, sans décrochage scolaire des plus fragiles…
- Plus de Sécurité sociale, moins de Sécurité globale !
* Attribution immédiate de moyens pour permettre à l’hôpital, aux Ehpad, au travail social de faire face (Véran avait promis 12 000 lits de réanimation, les chiffres de Santé Publique France sont à 5072 !). A l’opposé, le gouvernement poursuit sa politique de réduction d’effectifs (ainsi le CHU de Bordeaux prévoit 200 suppressions de lits en échange d’un plan de financement immobilier).
* Vaccination urgentissime de touTEs les soignantEs (et pas seulement des plus de 50 ans qui présentent des pathologies), comme le demande par exemple le collectif inter-hôpitaux pour éviter l’effondrement des structures de soins.
* Protection de touTEs les premierEs de corvée, du sanitaire, de l’alimentaire, qui doivent aussi bénéficier d’une vaccination rapide.
* Dénonciation du chèque psy de Macron, qui sera de toute façon insuffisant pour ouvrir aux plus précaires un secteur psy libéral déjà saturé ! Fin du démantèlement et développement du secteur psychiatrique public.
* Garantie de salaires, de revenus, des moyens pour se défendre face au Covid. Revenus garantis à 100 %, allocation d’autonomie égale au Smic pour les jeunes qui vivent dans la galère sociale et psychologique.
* Mobilisation contre les licenciements. Réduction du temps de travail.
* Fermeture des centres de rétention, régularisation des sans papiers, même droits pour touTEs.
* Réquisition des logements vides pour les SDF, les mal-logéEs.
- Mobilisation démocratique de la société contre le Covid et le gouvernement
* Les restrictions ou suppressions de droits démocratiques au nom de « l’urgence sanitaire » sont insupportables. Il faut au contraire pousser à la mobilisation démocratique sur les lieux de travail, d’études, les quartiers… pour construire la solidarité et donner à chacun les moyens de se confiner (garantir les revenus à 100 % pour celles et ceux qui le perdent à cause du Covid, et des lieux de travail « garantis sans virus », investissements pour plus d’espace, d’équipements, de ventilation, de personnel) sous le contrôle des salariéEs et de leurs syndicats.
* Un système de dépistage massif, associé à la généralisation sur tout le territoire, avec les budgets correspondants, des équipes COVISAM qui ont fait la preuve de leur efficacité en île-de-France (Véran avait promis une visite à chaque cas Covid+, mais rien n’a été fait en ce sens). L’enjeu est d’effondrer les cas de transmission et éviter une nouvelle reprise épidémique à la sortie du confinement.
* Il faut définir dès aujourd’hui les modalités de sortie du confinement qui permettent d’en finir réellement au plus vite avec l’épidémie, ses couvre-feu, la limitation de notre vie au « métro-dodo-boulot ». Des modalités qui devraient d’ailleurs être coordonnées au niveau européen.
Nous ne reprenons pas ici ce qui a déjà été largement développé lors du premier déconfinement, en particulier la nécessité d’agir avec la population par une politique de santé communautaire. Il faudra en particulier définir ce que pourrait être un retour à une vie sociale permettant loisirs, relations avec les autres, tout en assurant la meilleure protection possible.
Tous ces éléments ne font que renforcer l’urgence de développer nos exigences concernant les vaccins (réquisition des capacités de production en France et en Europe, notamment de Sanofi ; licences obligatoires gratuites contre l’apartheid vaccinal ; fin des brevets sur ces biens publics universels…). Nous tentons d’ailleurs d’aboutir à une campagne unitaire en ce sens, pour favoriser plus largement l’expression de notre camp social.
Commission Santé Sécu Social du NPA