Toujours inflexible sur le dossier nucléaire, la République islamique d’Iran est la cible, depuis le 24 mars, d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, la seconde en trois mois. Cette résolution 1747 vise pour la première fois sept hauts responsables des Gardiens de la révolution, certains de leurs intérêts économiques, ainsi que treize organismes, dont la Banque centrale iranienne. Elle interdit également l’exportation d’armes iraniennes. L’administration Bush et ses alliés se dotent ainsi d’un cadre légal pour s’en prendre aux Gardiens de la révolution, accusés de soutenir et d’armer les milices chiites en Irak, le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine.
L’horizon ne peut que s’assombrir. En effet, lundi 9 avril 2007, à l’occasion de la première journée nationale dédiée à « l’énergie nucléaire », le président Ahmadinejad a déclaré, sur le site nucléaire de Natanz, cible potentielle de frappes aériennes américaines, que « l’Iran venait d’accéder au rang des pays producteurs industriels d’uranium enrichi ». La condamnation vigoureuse du Département d’État américain ne s’est pas fait attendre.
À la veille du vote au Conseil de sécurité, les Gardiens de la révolution ont mené l’opération qui a conduit à l’arrestation de quinze marins britanniques dans les eaux du Chatt al-Arab, finalement libérés le 4 avril. Alors que Téhéran et Londres se refusent à parler de marchandage, une curieuse coïncidence en accrédite pourtant l’hypothèse. En effet, dans des circonstances non élucidées, un diplomate iranien à Bagdad a été relâché, le 3 avril, alors qu’il avait été enlevé deux mois auparavant. Cette capture des marins britanniques est un signal envoyé par Téhéran à Londres et Washington. La dictature des mollahs a voulu montrer qu’elle ne restera pas inactive face aux multiples violations du territoire commises par les forces anglo-américaines dans la région. Régulièrement, les dirigeants iraniens accusent les États-Unis et la Grande-Bretagne de fomenter des troubles dans le pays, notamment dans les régions à minorités kurdes et arabes. Les Gardiens de la révolution ont voulu montrer leur capacité de nuisance. Mahmoud Ahmadinejad a ainsi indiqué, lors de la cérémonie organisée pour la libération des matelots britanniques, que « si les grandes puissances veulent perturber notre économie, nous riposterons sur le même terrain ou sur un autre ».
C’est dans ce climat de tension que les États-Unis ont achevé, début avril, d’importantes manœuvres militaires dans le Golfe. Ce déploiement naval, sans précédent depuis l’invasion de l’Irak en mars 2003, atteste d’un haut degré d’hostilité et tient lieu d’avertissement à la République islamique d’Iran. La concomitance de ces ma-nœuvres avec l’affaire des marins britanniques aurait pu être explosive, l’administration Bush pouvant utiliser le moindre prétexte pour déclencher des hostilités. Si les États-Unis ne sont pas encore disposés à attaquer l’Iran, il est évident qu’ils le feront dès que les conditions seront réunies. La complexité de la situation retarde l’éché-ance, car une guerre contre l’Iran serait une fuite en avant pour Bush, déjà embourbé en Irak et en difficulté sur la scène intérieure. Cette fois, le locataire de la Maison Blanche a besoin d’une légitimité internationale large. Il lui faut également isoler la République islamique d’Iran de ses partenaires commerciaux russe et chinois. Votée à l’unanimité du Conseil de sécurité, la résolution 1747 est, à n’en pas douter, un pas vers l’affrontement. Le mouvement anti-impérialiste doit se remobiliser rapidement contre cette perspective désastreuse pour les peuples.