Depuis plusieurs mois, la grande distribution, notamment Auchan, expérimente, dans divers hypermarchés de France, les « caisses sans caissières » où les clients scannent eux-mêmes leurs achats et règlent à un automate de paiement. Si ces tests sont concluants, de telles machines remplaceront demain les rangées de caissières à la sortie des supermarchés et seuls subsisteront quelques superviseurs. La menace est bien réelle et, comme le note la CFDT-Services : « Auchan dilue ce processus sur l’espace et dans le temps pour éviter entre autres les réactions violentes. »
La direction d’Auchan se justifie en prétendant vouloir diminuer les files d’attente. Il s’agit en fait, bien sûr, de faire d’énormes gains de productivité en supprimant des milliers d’emplois. De quoi doper le taux de profit déjà très élevé de la grande distribution : la très discrète famille Mulliez, actionnaire principale d’Auchan, est une des plus grandes fortunes de France.
À terme, c’est une grande partie des 400 000 emplois de caissières qui sont menacés et qui pourraient rejoindre les pompistes, poinçonneurs du métro et guichetiers de banque dans la liste des emplois sacrifiés sur l’autel du progrès...
Passons sur l’arnaque d’une innovation qui consiste, en réalité, à faire faire au client le travail à la place du caissier. Passons même sur l’exclusion prévisible des clients démunis de carte bleue : jeunes précaires, personnes âgées et très pauvres qui devront continuer à faire la queue devant les dernières caisses « humaines » maintenues pour les cas sociaux. Reste l’étrange progrès consistant à déshumaniser encore davantage les temples de la consommation en jetant à la rue des milliers de salariés.
Ces automates de caisses sont un sérieux coup de canif dans le mythe des emplois de proximité non délocalisables, le fameux « gisement d’emplois des services », tarte à la crème des économistes libéraux à chaque plan social dans l’industrie. Après avoir bénéficié, pendant des années, de massives exonérations de charges sociales pour ces emplois à bas salaires et temps partiel, les actionnaires de la grande distribution envisagent désormais de les remplacer par des machines. Pour le social, voyez avec les restos du cœur !
Il ne s’agit pas ici, pour nous, de défendre le poste de caissière - pardon, d’hôtesse de caisse - en tant que tel : emploi très peu qualifié - et donc majoritairement féminin dans l’organisation sexiste du monde du travail -, c’est un métier extrêmement pénible, aux tâches répétitives et ennuyeuses. Il faut y ajouter un stress permanent provoqué par le règne des petits chefs (le syndicalisme de classe demande un véritable courage dans la grande distribution) et du client « qui est roi » (et parfois tyran, les insultes étant le quotidien de nombreuses caissières). Le tout dans une ambiance de flicage généralisé où l’écart de caisse est une hantise permanente (dans les supermarchés, les vigiles et les caméras ne servent pas qu’à surveiller les clients).
La souffrance au travail, alors qu’il faut se forcer à sourire du matin au soir, se manifeste alors par des formes de fuite : arrêts maladie, dépressions, médicaments. L’Humanité rapportait, le 2 mars 2007, la tentative de suicide d’une salariée d’un Carrefour de Roanne sur son lieu de travail, quelques heures après un entretien d’évaluation.
Une autre organisation du travail est possible pour diminuer la pénibilité du poste et l’automatisation peut y contribuer mais sûrement pas une automatisation motivée par la seule recherche de profit contre les salariés.
La CFDT-Services mène une campagne baptisée SBAM (sans bornes automatiques merci) [1], détournement du triste « Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci », que la hiérarchie impose aux caissières.
1. Pétition en ligne et dossier de presse : http://www.sbam.fr
La pétition en lgine
SBAM : sans bornes automatiques merci
Il faut agir maintenant !
Agissons, maintenant tous ensemble, face au déploiement des caisses automatiques dans les magasins Auchan !
Je signe cette pétition pour dire que :
– Je refuse que la mise en place des automates de caisses se fasse au détriment de l’emploi.
– Je veux garder un contact humain lors de mon passage en caisses.
– J’estime que les automates ne sont pas garants de la qualité du service rendu : ce ne sont que des machines.
Pour signer : http://www.sbam.fr
Merci de cliquer sur le lien « signature » et de rajouter sur le mail : votre age, votre ville, et votre secteur professionnel, bien sûr nous vous tiendrons informés du résultat de cette action.
si vous n’arrivez pas à aller sur l’adresse mail, faites un « copier-coller »
du texte de la pétition ci-dessus et envoyez le à : sbam cfdt-services.fr