“Une attaque sans précédent contre la démocratie.” Telle a été la réaction d’Arvind Kejriwal, chef du gouvernement du territoire de Delhi, après l’interpellation de la militante écologiste Disha Ravi, samedi 13 février, rapporte The Times of India. “C’est une escalade dans la répression de la liberté d’expression et de la dissidence politique en Inde”, dénonce Shashi Tharoor, cacique du parti du Congrès, le principal parti d’opposition au gouvernement Modi. “Personne n’est au-dessus des lois. Le droit va suivre son cours. Un crime est un crime”, estime pour sa part le député Chikkamuni Mohan, élu du Parti du peuple indien (BJP), le parti nationaliste hindou au pouvoir.
“Âgée de 21 ans, Disha Ravi a été arrêtée à son domicile de Bangalore par la police de Delhi”, rappelle Scroll, pour avoir relayé sur Twitter la prise de position de la militante suédoise Greta Thunberg en faveur des agriculteurs qui bloquent, depuis fin novembre, les accès à la capitale de l’Inde. Ces derniers réclament le retrait de la réforme des relations commerciales entre producteurs et distributeurs, entrée en vigueur au début de l’automne.
Engagement politique
“Disha Ravi est l’une des bénévoles qui a créé l’antenne locale de Fridays for Future”, le réseau de Greta Thunberg, qui se définit comme “un mouvement populaire mondial en faveur de la justice climatique”. La jeune fille étudie au Mount Carmel College de Bangalore et s’est fait connaître en organisant des rassemblements dans différents quartiers de la ville tous les vendredis. Son engagement politique “vient du fait que ses grands-parents, qui sont agriculteurs, luttent contre les effets du changement climatique”.
En septembre 2020, elle a été mise à l’honneur par l’édition britannique du magazine Vogue, où elle a dénoncé “le racisme environnemental” qui fait que l’on écoute plus facilement “une personne blanche qu’une personne de couleur sur ce sujet”.
Selon le militant écologiste Ashish Kothari, membre d’une association de juristes de la ville de Pune, qui signe une tribune dans The Indian Express, “l’État n’a pas à poursuivre les jeunes qui se tiennent aux côtés des agriculteurs, car c’est pour leur propre avenir qu’ils se battent”. Le gouvernement Modi accuse aujourd’hui tous ceux qui s’opposent à son action d’être à la solde du Pakistan et de comploter contre l’intégrité de l’Inde, mais “c’est le gouvernement qui œuvre en réalité contre la nation, en mettant en danger l’avenir écologique du pays ainsi que le droit démocratique de ses citoyens” à dire ce qu’ils pensent. Les jeunes, eux, dénoncent :
“la folie des décisions gouvernementales autorisant l’exploitation minière, l’industrialisation, les autoroutes traversant des zones écologiquement fragiles, et l’attention insuffisante donnée à la pollution de l’air et de l’eau qui tue des millions de gens.”
Courrier International
Abonnez-vous à la Lettre de nouveautés du site ESSF et recevez chaque lundi par courriel la liste des articles parus, en français ou en anglais, dans la semaine écoulée.