C’est l’humiliation absolue pour Narendra Modi. “Dans un geste de solidarité”, le Pakistan a proposé d’offrir “une aide d’urgence à l’Inde”, où la situation sanitaire continuait d’être apocalyptique, lundi 26 avril. Le voisin honni, cible permanente des nationalistes hindous au pouvoir à Delhi, est prêt à envoyer “des systèmes de ventilation non invasive, des appareils de radiographie numérique et des combinaisons de protection pour le personnel soignant”, indique The Wire.
“Nos prières de prompt rétablissement vont à tous ceux qui souffrent de la pandémie dans notre voisinage et dans le monde”, a déclaré ce week-end le Premier ministre pakistanais Imran Khan à l’adresse de son homologue indien, qui avait passé tout l’hiver à dire qu’il avait vaincu le coronavirus et que son pays était considéré comme “un modèle dans le monde entier”.
Dimanche 25 avril, l’Inde a détecté 352 991 cas supplémentaires de Covid-19 et déploré 2 812 morts, confirmant battre des records sordides, jour après jour. Delhi n’a pas encore réagi à la proposition du Pakistan mais de nombreux autres pays sont disposés à voler également à son secours. The Wire révèle :
“Le gouvernement indien est en pourparlers avec la Russie et la Chine pour importer du matériel médical en pénurie, les hôpitaux indiens s’étant presque effondrés sous l’incessante poussée épidémique.”
En Occident, la France a fait part de sa solidarité sans plus de précision pour l’instant, “tandis que l’Allemagne a fait savoir qu’elle pouvait envoyer à la Croix-Rouge indienne des unités de production d’oxygène et des bonbonnes”. Ce sera chose faite dans les heures qui viennent, par avion militaire. L’armée indienne est d’ailleurs déjà “allée chercher ce week-end des containers d’oxygène cryogénique à Singapour”.
Une réalité dix fois pire
Ironie tragique de l’histoire, des nations musulmanes proposent leur aide en oxygène à l’Inde, “comme les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite”, rapporte l’Hindustan Times. Mais le signal le plus fort a été donné dans la nuit de dimanche à lundi par Joe Biden et Kamala Harris. Le président américain et sa vice-présidente, d’origine indienne, ont accepté de fournir au fabricant indien de vaccins, le Serum Institute of India, “les matières premières nécessaires à la production du Covishield d’AstraZeneca”, et à l’État indien “des équipements tels que des ventilateurs et des appareils de production d’oxygène”, relève le journal dans un autre article.
“En février, les États-Unis avaient invoqué la loi sur la production de défense, qui donne le pouvoir de contrôler la distribution des produits, pour freiner l’exportation de matières premières essentielles à la production de vaccins”, rappelle-t-il. Delhi en avait fait la demande depuis plusieurs jours déjà, mais Washington justifiait jusqu’ici ces restrictions “en déclarant que la priorité de l’administration Biden était de répondre aux besoins en vaccins du peuple américain”.
Si la situation s’améliore en Amérique, les États-Unis restent largement en tête des pays affichant le plus de cas de Covid-19 dépistés depuis le démarrage de la pandémie (plus de 32 millions). L’Inde arrive deuxième, avec 17,3 millions de cas. Mais les experts s’accordent à dire que la réalité est sans doute au moins dix fois pire.
Guillaume Delacroix
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