“Si vous voulez violer quelqu’un, ne violez pas les moins de 18 ans, violez les plus de 18 ans.” Dans une vidéo TikTok postée le 23 avril 2021, une jeune Malaisienne reprend mot pour mot la prétendue “blague” d’un de ses professeurs, lors d’un cours d’éducation sexuelle. “Il a vraiment dit ça, poursuit Ain Husniza Saiful Nizam, 17 ans, dans sa vidéo, visiblement choquée. Les filles se sont tues, mais les garçons riaient, parce que c’était ‘si drôle’.”
Quelques jours après sa publication, la vidéo TikTok est devenue virale en Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, elle accumule plus de 1,6 million de vues sur la plateforme, entraînant de nombreux échanges au niveau national sur les violences sexistes et sexuelles dans son pays. En Malaisie, ces sujets sont toujours considérés comme des tabous dans la société.
#MakeSchoolASaferPlace
Face à l’ampleur médiatique prise par son témoignage, la lycéenne a créé un hashtag, repris par des politiques et des associations féministes malaisiennes, #MakeSchoolASaferPlace (“#FaitesDeL’ÉcoleUnLieuPlusSûr”), comme elle l’explique à l’agence de presse Reuters lors d’une interview : :
“Notre mouvement vise à faire de l’école un environnement plus sûr pour tous les élèves, quel que soit leur genre, filles ou garçons.”
Le gouvernement malaisien a annoncé l’ouverture d’une enquête à l’encontre du professeur mis en cause.
Des soutiens mais aussi des revers
Ain Husniza Saiful Nizam raconte avoir reçu énormément de messages privés de jeunes filles qui avaient vécu des choses similaires : “Je ne suis pas la seule à avoir subi ça. Dans mon école, il y avait une autre élève qui a dit qu’elle avait vécu la même chose et personne n’a fait quoi que ce soit !” raconte-t-elle sur son compte TikTok.
Son père explique, dans le quotidien malaisien Malay Mail, que l’initiative de sa fille a aidé bien plus que des jeunes de son âge : elle a permis à des professeures adultes de raconter publiquement des faits de harcèlement sexuel ou de misogynie sur leur lieu de travail.
La lycéenne a subi de nombreux revers de la part de camarades et de professeurs de son école, qui l’ont accusée de ternir l’image de l’établissement. Elle aura également reçu des menaces de viol.
Il y a tellement d’adultes qui s’opposent à moi, une adolescente de 17 ans. Où est votre responsabilité en tant qu’adulte et en tant qu’enseignant ?
Ain Husniza Saiful Nizam continue malgré tout de défendre ses idées sur la plateforme sociale comme dans les médias. Elle espère libérer la parole sur le long terme en Malaisie.
Courrier International
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