La crise sanitaire a révélé la forte dépendance des pays, notamment occidentaux, à la Chine sur la question des semi-conducteurs, ces micro-processeurs présents dans de très nombreux secteurs industriels.
La marche du monde est devenue une affaire de puces, de puces électroniques, s’entend, et plus précisément de semi-conducteurs.
Voilà un terme qui n’est plus réservé aux industriels de l’électronique et aux spécialistes des microprocesseurs, mais à tous ceux qui suivent les soubresauts de la mondialisation et l’évolution des rapports de force.
Plus notre civilisation devient numérique, plus les applications se multiplient, de l’automobile aux consoles de jeux et aux robots martiens, plus les marchés fonctionnent à flux tendus et la maîtrise des accélérations technologiques devient stratégique.
Dans le duel entre la Chine et les Etats-Unis, qui s’est durci pendant la pandémie, les semi-conducteurs représentent désormais un enjeu essentiel : pour Washington, il s’agit de maintenir l’avance des entreprises américaines qui maîtrisent à la fois la conception et les chaînes de production.
Pour Pékin, il est vital de rattraper son retard et d’abréger une forme de dépendance aux importations qui étrangle ses capacités de développement.
Deux autres acteurs majeurs sont de la partie :
– Taïwan, le leader mondial qui dispose ainsi d’un atout stratégique à double tranchant face aux ambitions d’annexion chinoises,
– la Corée du Sud, ce qui accroit la prépondérance de l’Asie dans cette course sans merci.
Une course à la puissance et à la miniaturisation des semi-conducteurs – on calcule maintenant en nanomètres, avec des circuits intégrés des milliers de fois plus fins qu’un cheveu. Une course dont l’unité de compte se chiffre en milliard de dollars, où les priorités géopolitiques l’emportent sur les seuls intérêts commerciaux.
Comment fonctionne ce marché singulier, pourquoi l’industrie automobile, en particulier, en subit-elle les contrecoups ?
L’administration Biden va-t-elle plus loin encore que Donald Trump pour contrarier et ralentir les ambitions de Xi Jinping ?
Comment vont se traduire les investissements massifs annoncés de part et d’autre ?
Et l’Europe dans tout ça ? A Bruxelles le commissaire Thierry Breton affiche de nouvelles ambitions. Trop peu, trop tard.
Christine Ockrent reçoit :
– Mathilde Aubry, professeur associé en économie à l’École de commerce EM Normandie, coordinatrice de l’ouvrage paru en avril dernier chez Ellpise sur « La transformation digitale en entreprise »
– Philippe Le Corre, chercheur à la Harvard Kennedy School et à l’Essec, auteur de d’un article dans la revue Études sur « La Chine et le monde d’après »
– Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse, auteur de « China corp. 2025 : dans les coulisses du capitalisme à la chinoise » (Maxima, 2019)
– Rémi Bourgeot, économiste et chercheur associé à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, auteur de cet article sur le sujet,
disponible sur le site de l’Iris.