Mohammad a 13 ans. Depuis deux ans, il travaille dix heures par jour pendant ses vacances scolaires dans une station de lavage de voitures dans un quartier de Damas. Il touche un salaire quotidien de 1 000 livres syriennes – 65 centimes d’euro – mais les pourboires lui rapportent plus.
“C’est moins difficile que pour d’autres enfants qui travaillent dans des garages ou avec des électriciens”, relativise Mohammad, interviewé par le site panarabe Raseef22. Le jeune garçon travaille pour aider son père, vendeur ambulant, et sa famille qui compte six membres.
Pour le site panarabe, le travail des enfants en Syrie est “une catastrophe sociétale” face à laquelle les autorités ne proposent “aucune solution”. On retrouve ces enfants, garçons et filles, dans des tâches “qui ne correspondent ni à leur âge, ni à leurs corps” sur des chantiers, des garages, dans des restaurants et autres commerces ayant un service de livraison. D’autres sont vendeurs ambulants, ramassent du plastique et du carton pour les revendre ou mendient, énumère Raseef22.
Le nombre d’enfants obligés de travailler en Syrie – des dizaines de milliers – est particulièrement important dans les banlieues des villes de Syrie, notamment celles qui ont connu des combats pendant le conflit. Ces localités “souffrent plus que d’autres de la crise économique, de l’augmentation de la pauvreté et de l’abandon de l’école”, explique le site. Aujourd’hui, 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté.
C’est notamment le cas dans la Ghouta orientale, explique une bénévole dans une ONG présente dans cet ex-bastion rebelle de la capitale syrienne.
“Dans la Ghouta, la plupart des enfants travaillent. Les pères ont été enlevés, tués ou évacués vers le nord de la Syrie. Ceux qui sont encore là ne trouvent pas de travail. Les mères ne peuvent subvenir seules aux besoins de la famille. Les enfants partagent cette charge.”
Un phénomène ancré depuis des années
En réalité, les dix dernières années de guerre en Syrie n’ont fait qu’amplifier le phénomène, explique Raseef22. Durant la période de “libéralisme économique”, correspondant aux dix premières années de la présidence de Bachar El-Assad à partir de l’an 2000, “des milliers d’enfants ont envahi les rues des villes syriennes”.
C’est le cas notamment après les années de sécheresse qui ont frappé l’est du pays à partir de 2005, contraignant leurs habitants à se masser dans des bidonvilles autour des grandes villes du pays.
La loi syrienne, souligne le site, interdit théoriquement tout travail pour les enfants de moins de 15 ans et fixe à six le nombre d’heures de travail quotidien pour les mineurs.
“Malgré les lois et les traités internationaux signés par les différents gouvernements syriens, il n’y a pas trace de mesures prises par les autorités pour mettre fin au travail des enfants.”
Raseef22
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