À Karachi, capitale économique du Pakistan, la moitié des membres d’une nouvelle brigade de lutte antiterroriste, apparue en décembre dernier, sont des femmes. Ils se déplacent à rollers. “Ces deux détails constituent, l’un comme l’autre, une rareté dans cette ville d’au moins 15 millions d’habitants où les routes s’effondrent et où presque toutes les institutions sont dominées par les hommes”, note The New York Times.
“C’est un nouveau concept pour les citoyens”, remarque Syeda Aiman, 25 ans, l’une des 20 agents qui patinent dans les rues de Karachi. Après qu’elle a rejoint la police de la région du Sindh, deux ans plus tôt, elle s’est spécialisée dans la lutte antiterroriste et a intégré l’unité à rollers créée en décembre dernier. Une initiative saluée comme un succès par les autorités mais que certains critiques qualifient de gadget inefficace.
Changer l’image désastreuse de la police pakistanaise
Cette unité antiterroriste en rollers a été pensée pour apaiser les tensions entre les citoyens et leur police, dans l’une des zones qui comptent “les institutions gouvernementales les plus redoutées, les plus critiquées et les moins fiables” du pays, comme l’écrit l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié en 2016.
Cette initiative traduit l’un des engagements de campagne de dans un rapport publié en 2016, élu en 2018, notamment sur un programme de réforme de la police. Au cours du mois de juin, neuf officiers de police ont déjà été suspendus dans la ville de Lahore après avoir incarcéré les employés d’un restaurant parce qu’ils “avaient refusé de leur offrir des hamburgers”, raconte The New York Times.
D’autres agents de Karachi sont actuellement poursuivis en justice pour avoir tué des civils. “Les gens devraient comprendre que nous sommes leurs amis et que nous sommes là pour les protéger”, estime Maqsood Ahmed, un représentant de la police locale.
Une police en rollers qui n’est pas là “juste pour se faire des amis”
La présence de ce nouveau type d’unité offre une image plus sympathique de la police, espèrent les agents, “mais la brigade à rollers n’est pas là juste pour se faire des amis”, remarque le quotidien américain. Formés à intervenir dans l’espace public, ils sont entraînés à sauter ou monter des escaliers sur des terrains difficiles.
“Nous pouvons arrêter une voiture qui roule à 120 km/h”, avance même un formateur. Les membres de l’équipe sont aussi capables de tirer en mouvement. Un type d’intervention qui n’effraie pas les agents, déterminés à intervenir par la force, telle Syeda Aiman :
“Je crois que les terroristes doivent mourir. Il faut les tuer. Ils ne méritent pas de vivre.”
Femmes officier dans une société machiste
La brigade poursuit un troisième objectif, après celui de redonner confiance en la police et de lutter contre le terrorisme. Celui d’attribuer le pouvoir à des femmes, certaines originaires de régions rurales modestes, dans l’une des sociétés les plus machistes du monde, explique The New York Times.
“Le regard des gens sur les hommes et les femmes est différent, témoigne Syeda Aiman. Et particulièrement lorsqu’on est une femme officier sur des rollers.” Le respect est d’autant plus difficile à obtenir que de nombreux Pakistanais se moquent ouvertement de l’efficacité de la police à rollers, comme Jasim Rizvi, un habitant de Karachi :
“Peut-être que la police n’a rien d’autre à faire que de monter sur des rollers.”
Pour lui, comme pour d’autres administrés, la présence de policiers en rollers n’est qu’un “coup de publicité”.
The New York Times
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