Le 18 juin a eu lieu l’élection présidentielle en Iran. Elle était destinée à désigner le successeur d’Hassan Rohani qui arrivait au terme du maximum autorisé de deux mandats successifs. Le Conseil des Gardiens de la Constitution n’avait autorisé que sept candidatures se situant toutes dans le cadre du régime en place.
Une crise économique et sociale entraînant une abstention record
L’Iran fait face à une forte récession, et a grandement souffert des nouvelles sanctions imposées par les USA à la suite de son retrait des accords sur le nucléaire en 2018. Selon le FMI, le PIB a chuté de 6% en 2018, et de 6,8% en 2019 avant de se stabiliser. L’inflation devrait atteindre les 39% cette année. Ceci a creusé davantage l’écart entre les classes sociales, et paupérisé la classe moyenne.
Depuis 2018, une vague de protestations secoue le pays, pour dénoncer la crise que subit le peuple iranien, en lien avec les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Europe. Des slogans résonnent tels que : « A bas la dictature ! », « Mort à Rohani ! ». C’est le plus important mouvement de contestation depuis 2009, lorsque les Iraniens s’étaient opposés à la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
C’est dans ce contexte, que la majorité de la population a boycotté les élections. D’après les autorités, le taux de participation était de 48,8 % (42 % sans les votes nuls), contre 77 % en 2017, soit la plus faible participation enregistrée pour un scrutin présidentiel depuis 1979.
Un nouveau président encore plus répressif
Sans surprise, Ebrahim Raïssi, a été élu au premier tour avec, d’après les chiffres officiels 61,95 % des voix. C’est un membre du clergé, ultraconservateur, très proche du Guide Suprême, et en lice pour le remplacer.
Participant au pouvoir depuis le début de la révolution islamique, C’est un des grands acteurs de la purge de l’été 1988 au cours de laquelle plus de 4 000 hommes, femmes et enfants ont été exécutés, d’après les rapports de Amnesty International, dont des centaines d’opposants politiques .
Chef de l’autorité judiciaire pendant des années, Ebrahim Raïssi fait depuis longtemps face à des allégations d’implication dans de graves violations des droits humains, notamment l’exécution massive de milliers de prisonniers.
Un durcissement à prévoir sur le plan intérieur et international
Le corps des Gardiens de la révolution islamique salue la victoire d’Ebrahim Raïssi et la considère comme « une épopée politique réalisée ». Il déclare vouloir collaborer avec le futur chef d’Etat.
Partisan de l’éradication de la dissidence politique, Ebrahim Raïssi est hostile aux droits des femmes et des salarié.es. L’ampleur des sanctions économiques exercées par les pays occidentaux sera utilisé comme argument pour attaquer les droits de la population, ainsi que les organisations que les salarié.es se sont donné.es pour mener leurs luttes. Simultanément ces sanctions faciliteront la croissance de la corruption dont les principaux bénéficiaires sont les membres et les proches du régime.
Paris, le 21 juin 2021