Michel Husson
Un ami vient de nous quitter
Dominique Plihon
Aux membres du conseil scientifique d’ATTAC
Nous venons d’apprendre le décès brutal de Michel Husson.
Cette nouvelle nous a profondément attristés. Michel était un ami et complice de longue date, membre du conseil scientifique depuis sa création, co-auteur d’ouvrages d’Attac, engagés, dans des groupes de travail du CS...
Michel était une personne hors pair par sa gentillesse, son humour.
Il était un économiste de haut niveau dont les analyses du capitalisme néolibéral et financiarisé nous ont beaucoup apporté.
Nous lui rendons un hommage très amical, et envoyons nos pensées les plus sincères à ses proches.
Les articles de Michel Husson sur ESSF :
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=auteur&id_auteur=283
Michel dans les Dolomites.
Nicolas Sabil
Misère du capital était un ouvrage de Michel Husson que j’ai lu en 1996. J’avais donc ... Quinze ou seize ans. En toute logique, je n’ai pas compris grand chose à l époque a la chute tendancielle du taux de profit et aux différents cycles de rotation du capital, et je pense que Ben Garbi non plus.
Par contre, dans la seconde moitié des années 90 et dans la première moitié des années 2000, les séances de formation dispensées par Michel Husson pour la LCR ou pour Attac ont été fondamentales dans ma culture politique et économique.
Cet ancien militant du PSU et de la Ligue a marqué plusieurs générations de jeunes militant . Je lirai son dernier ouvrage - une critique de Thomas Picketty - qui attend depuis quelques mois dans ma bibliothèque, avec une pointe de nostalgie, et en mesurant la chance que ma génération avait dêtre formée économiquement par des gens comme lui .
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Michel Husson : derrière l’économiste, l’homme
Jean-Marie Harribey
Michel Husson nous a quittés. La nouvelle nous laisse sans voix. Faut-il rendre d’abord hommage à l’économiste hors pair qu’il était ou bien à l’homme pétri de gentillesse et d’humour ravageur, doté d’un sens pédagogue peu commun pour décortiquer les études les plus techniques ?
Michel Husson fait partie d’une génération d’économistes-statisticiens, formés à la rigueur scientifique tout en possédant une culture d’économie politique critique fondée à la meilleure source : Marx. Il compte parmi les quelques rares analystes ayant consacré leur travail à analyser l’évolution du capitalisme contemporain mondialisé et financiarisé en utilisant les concepts de suraccumulation du capital et de taux de profit dont l’évolution rythme les transformations du capitalisme. Des transformations dont les conséquences sur le travail, la répartition des revenus, la protection sociale ont été au centre de ses préoccupations pendant toute la période néolibérale. Michel Husson fut entre autres l’un les plus ardents défenseurs de la réduction du temps de travail et ses travaux récents montraient encore l’enjeu qu’elle représentait même au temps de la crise sanitaire. Et le moindre de ses mérites n’est pas de s’être dégagé d’une culture productiviste, trop longtemps véhiculé par les mouvements progressistes, pour prendre en compte la crise écologique et associer sa résolution à celle de la crise sociale.
On n’aura une idée de l’ampleur du travail accompli par Michel Husson en regardant son site « hussonet », qui est une mine documentaire sans pareille, constitué autant de textes courts et pédagogiques que d’analyses approfondies grâce à une maîtrise des outils économétriques lui permettant de montrer l’inanité de beaucoup de travaux académiques se réclamant de l’orthodoxie, comme la baisse des salaires qui devrait soi-disant augmenter l’emploi, ou bien, lui le mathématicien-statisticien, de mettre en évidence la prétention scientifique des modèles néoclassiques.
Mais cette maîtrise qu’il déployait professionnellement, notamment à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) dans la dernière partie de sa carrière, il la mettait à disposition en participant le plus activement possible aux associations engagés dans la bataille sociale : Attac, la Fondation Copernic, les Économistes atterrés, sans parler de ses engagements syndicaux et politiques. On ne compte plus ses contributions à des œuvres collectives sur la crise du capitalisme, les retraites ou la dette publique, notamment sa participation à l’Audit de la dette publique grecque en 2015 à Athènes.
On aura aussi un aperçu de l’intelligence de son humour si on lit la citation grotesque d’un économiste bien-pensant le concernant, qu’il avait mise en exergue de son site : Michel Husson, « idéologue inconnu du monde académique se livrant à une critique incompétente ».
C’est que Michel Husson restera aussi pour sa contribution à la démystification de la prétendue épistémologie de l’économie néoclassique, car, pour lui, ce qui importait sans doute le plus, c’était de replacer l’économie dans le cadre des rapports sociaux d’exploitation et d’aliénation. Du point de vue de Michel Husson, l’analyse en termes de classes n’a pas pris une ride. Que son message puisse être poursuivi dans les batailles sociales qui restent devant nous. Sa disparition nous bouleverse. Pas seulement pour son talent qui s’en va, mais pour la place qu’il tenait amicalement dans un combat collectif.
19 juillet 2021
Tristesse
Christian Varquat
Michel Husson était un camarade aussi passionnant et stimulant sur la réflexion économique, que modeste et plein d’humour quand on lui demandait d’animer une réunion !
Et qui donnait tout autant confiance dans les manifestations altermondialistes un peu mouvementées : je me souviens de lui à Nice en 2000, dans les gaz lacrymogènes après une charge, arrosant ses lunettes et son foulard de jus de citron, heureux comme un poisson dans l’eau !
Solidarité avec ses proches
Grand
Richard Wagman
Toutes mes condoléances. Je me souviens de Michel Husson, que j’ai rencontré à la LCR il y a quelques décennies déjà. Il était un grand militant, un grand économiste, un grand révolutionnaire et un grand humaniste.
Relire
Gérard Guéniffey
Encore une grosse perte. Il faut relire ses travaux.
Saint-Nazaire
Notre ami, notre camarade
Henri Wilno
C’est avec consternation que nous avons appris le décès de Michel Husson, sans doute un des plus brillants des économistes marxistes français actuels qui n’a jamais séparé son travail de recherche d’une volonté inébranlable de changer le monde. Il avait choisi son côté de la barricade au voisinage de sa vingtième année (il était né en 1949) et, depuis, s’y tenait. Il était par ailleurs animé d’un humour caustique qui n’épargnait pas sa propre personne.
Il fut un des piliers de la cellule « Ministère des Finances » de la LCR et, surtout, un élément central de de son groupe de travail économique. Il était toujours disponible pour l’animation de formations économiques… mais aussi pour les initiatives et manifestations. Il quitta la LCR en 2007 et n’appartint jamais au NPA mais acceptait sans problème de fournir des interviews et articles à notre presse et à celle de la IV° internationale. Il choisit de s’investir dans le mouvement altermondialiste et dans ATTAC et son conseil scientifique.
Economiste et statisticien, Michel possédait à la fois une grande connaissance de l’histoire économique et la capacité de manier avec aisance séries statistiques et outils économétriques. Malgré sa compétence reconnue, il resta presque toujours une sorte de marginal étranger au « cercle de la raison » économique (pour reprendre l’expression du courtisan multicartes Alain Minc). En effet, Michel ne cachait pas ses convictions, travaillait sur des sujets comme la réduction du temps de travail, et démontait de façon argumentée les faux-semblants théoriques et empiriques des productions des économistes néolibéraux.
Pour Michel, les économistes marxistes ne pouvaient se contenter de reprendre de façon actualisée le livre I du Capital mais devaient se coltiner la réalité du capitalisme actuel en utilisant les données statistiques disponibles et en n’ignorant pas les travaux d’économistes non marxistes. Mais il a toujours fait de la lutte des classes une réalité non pas « à côté » des mécanismes économiques mais au cœur de ceux-ci.
Il était l’auteur de nombreux ouvrages, avait contribué à des nombreux autres et produit un nombre considérable d’articles que l’on trouvera sur son site http://hussonet.free.fr/. Depuis des années, il mettait en lumière la baisse des gains de productivité des principales économies capitalistes et leur conséquence : un système économique et social de plus en plus régressif.
Michel nous manquera en tant que personne et aussi en tant que penseur dont nous attendions les publications pour clarifier notre point de vue. Face à sa fin soudaine, le NPA adresse sa plus profonde solidarité à sa famille et tous ses proches.
19 juillet 2021
Oui un grand choc et une grande tristesse. Michel Husson était un camarade d un apport militant et humain sur tous les plans et d une « autorité naturelle » car aussi pertinent dans ses analyses, efficace dans ses actions que modeste. Très grande perte.
Condoléances à sa famille et à ses proches.
Armand Creus
Au revoir Michel. Ton humour et débats stimulants nous manqueront. Très tristement.
Catherine Samary
C’est une nouvelle extrêmement triste et une énorme perte pour le marxisme.
J’incite les camarades à relire des articles de Michel. Il y en a beaucoup ici (https://www.contretemps.eu/author/michel-husson/) et nous préparons du côté de Contretemps-web à la fois un dossier et un texte d’hommage.
Vous pouvez retrouver également ce livre en accès direct : https://www.contretemps.eu/malthus-population-husson/
Salutations révolutionnaires,
Ugo
J’avais beaucoup d’estime et d’admiration pour Michel Husson. Chacun de ses écrits était un guide précieux pour la réflexion et pour l’action. Il était un vrai penseur militant, il va nous manquer énormément...
Michael Lowy
Michel Husson est mort brutalement. Je ne sais quoi écrire. Michel était un économiste marxiste a la fois rigoureux, brillant et non dogmatique. Pleinement conscient des enjeux écolo, il avait préface « L’impossible capitalisme vert ». C’était aussi un gars plein d’humour, caustique a l’occasion, et qui aimait l’autodérision. Une très grande perte.
Ciao Michel.
Alain Tondeur, 19 juillet
Pédago, patient et plein d’humour... même dans les débats contradictoires. Au delà de tes livres, sur toute question économique, on cherchait sur husonnet une de tes contributions. Michel, tu nous manqueras.
Léon Crémieux
J’ai aussi connu Michel Husson et l’ai rencontré une fois à Rennes lors d’une formation commune, à l’initiative de Solidaires et de la FSU, sur le partage de la valeur ajoutée.
Ses idées, ses analyse vont beaucoup nous manquer pour penser, face au rouleau compresseur de l’orthodoxie économique.
Yves Certain
Michel Husson, intellectuel au travail, très demandé, très respecté
Michel n’était pas formellement membre du comité de rédaction de Rouge, hebdomadaire de la LCR. Mais il est sans doute l’un de ceux qui a le plus écrit, et qui était le plus souvent sollicité. Quand nous avions une situation nouvelle, une mesure socio-économique tombant dans la semaine, une crise financière qui éclatait, un besoin de repère géo-économique international, nous nous disions : on téléphone à Michel ? Et voilà.
Qui n’a pas parcouru son immense bibliothèque numérique-le fameux Hussonet- avec le petit air jazzy qui accompagne la navigation, pour trouver très vite des argumentaires, des chiffres, des réactions du tac au tac, parfois des polémiques acides, des éditoriaux de lui republiés (et inspirants pour en faire d’autres !), ou des études approfondies de certaines controverses (par exemple la RTT « tueuse d’emplois », la baisse des salaires pour « favoriser l’emploi des non qualifiés », et autres ritournelles du quotidien néolibéral).
Il n’y avait pas que Rouge (le journal). Impossible d’imaginer une Université d’été sans Michel, en dialogue avec d’autres : il faisait carton plein. Et dans nos grandes décisions de campagnes (chômage, Europe…) ou la rédaction de brochures, il y avait très souvent l’introduction « théorique » de Michel qui cadrait nos réflexions.
Et tout le monde l’appelait : les collectifs militants, les associations (Agir ensemble contre le chômage ! Attac), les colloques, d’autres partis politiques, et les syndicats, surtout depuis son travail à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Partout où il est passé, il était redemandé, et très respecté. Il défrichait les questions nouvelles. Il était le lien intellectuel de beaucoup de luttes.
Michel disait souvent que « la politique » ne l’intéressait guère. Peut-être voulait-il dire que le jargon que nous utilisons tous, et qui nous déchire beaucoup, n’est souvent pas très intéressant, comparativement aux grands problèmes du monde.
Jean-Claude Mamet
Avec les Cahiers du féminisme
Comme les autres camarades, j’ai appris la mort de Michel Husson avec beaucoup de tristesse. C’est dans le cadre de l’équipe de rédaction des Cahiers du féminisme (1978-1998) que j’ai fait sa connaissance. Notre amie et camarade Marie-Annick Mathieu (décédée en 2017), membre de la commission économique et de notre rédaction avait facilité les contacts.
Pour nous l’émancipation de la société passait à la fois par une baisse significative du temps de travail (un cheval de bataille pour Michel) et une remise en cause radicale de la division sociale et sexuée du travail. Nous avons donc fait appel à lui à plusieurs reprises pour des articles et entretiens espérant donner ainsi plus d’écho à nos propres analyses.
Il a toujours répondu avec beaucoup d’enthousiasme à nos sollicitations mais c’est aussi dans le cadre de l’université d’été de la LCR que nous avons poursuivi nos échanges dans la gaité, tant l’humour de Michel contre nos adversaires et l’autodérision vis-à-vis de la Ligue allégeaient le climat des discussions.
Nous ne t’oublierons pas
Josette Trat
Husson, Presente ! Hoje e sempre !
Michel Husson, décédé ce lundi 19 juillet, était plus qu’un grand économiste politique marxiste, dont le travail critique sur le néolibéralisme laisse un héritage aussi grand que son engagement dans la lutte pour un monde nouveau, socialiste, débarrassé aussi de la culture du productivisme qui est à l’origine de la crise écologique.
Il était aussi un militant fraternel, de la génération française de 68 qui a donné naissance à la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), avec un rôle fondamental dans la formation marxiste de plusieurs nouvelles générations de militants et d’activistes.
Encore secoués par cette perte, il nous appartient de poursuivre la lutte de Husson, en suivant son parcours militant et en étudiant ses analyses et sa pensée, que ce soit dans ses nombreux livres, ainsi que sur le blog http://hussonet.free.fr (également en espagnol), en plus des articles parus dans https://www.esquerda.net/autor/michel-husson
et www.insurgencia.org
Husson, présent ! Aujourd’hui et toujours !
Ana C. Carvalhaes
Insurgencia
Une intense et ancienne complicité
Joëlle AFFICHARD, Jean-Pierre FAUGÈRE, François LANDAIS, Gilles ROTMAN, Roland de VILLEPIN
Nous étions six à commencer nos études à Sciences po et en Sciences éco en 1966. Le hasard des amitiés ou des affinités politiques et mai 68, nous avaient rapprochés. Un groupe de travail plus ou moins informel nous a réunis, il a été le lieu d’intenses réflexions et de séances de travail mémorables où nous nous sommes formés ensemble aux théories économiques et à leur critique (notamment autour de Carlo Benetti).
Des années de réflexion sérieuse et de franche rigolade auxquelles Michel Husson contribuait par ses capacités d’analyse rigoureuse et l’humour pince sans rire qui ne l’ont pas quitté.
Quatre d’entre nous, dont Michel, ont ensuite réussi le concours d’entrée à l’INSEE, après lequel nos carrières et nos engagements ont pris des voies diverses.
Très tristes de la disparition de Michel, nous tenons à saluer sa mémoire au nom d’une intense et ancienne complicité.
Joëlle AFFICHARD : J’ajoute à ce message une référence à ce qui est peut-être le premier texte théorique dans lequel Michel a exercé sa rigueur dévastatrice contre l’économie néo-classique. Ce croquis original illustre son sens de l’humour et le regard décalé qu’il était capable de poser sur les objets les plus sérieux. Il est extrait de notre mémoire sur Le concept de concurrence et l’économie politique (1971, version off).
28 juillet 2021