Toujours pas officiellement candidat, Éric Zemmour a entamé ce week-end, à Toulon et Nice, un tour de France pour la promotion de son livre, La France n’a pas dit son dernier mot (Rubempré, 2021) en espérant transformer, sous une forêt de caméras et de micros, chacune de ses « rencontres littéraires » en meeting politique.
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Dans cette campagne présidentielle, Éric Zemmour, sans parti et sans programme connu, veut s’imposer par ses mots. Un déluge de mots qu’il impose depuis plus de dix ans à des médias toujours plus friands de ses saillies et de ses « dérapages ». Une logorrhée qu’il promène de plateaux de télé en studios de radio et qu’il étale aussi, en graphomane accompli, dans des pamphlets best-seller, écrits aussi vite qu’il parle : Premier sexe (Denoël, 2006), Mélancolie française (Fayard, 2010), Le Suicide français (Albin Michel, 2014) …
Un discours qui ressasse sans fin les mêmes obsessions : la haine des immigrés, des femmes, des musulmans, des homosexuels, mais aussi des contre-pouvoirs, médiatiques ou judiciaires, lui qui n’a que mansuétude pour la délinquance en col blanc.
Immigration et « grand remplacement »
Admirateur de Renaud Camus, Éric Zemmour défend depuis des années la thèse du « grand remplacement », popularisé par le théoricien d’extrême droite. Une thèse raciste et complotiste dont s’est notamment réclamé le tueur de Christchurch (Nouvelle-Zélande) qui a abattu cinquante personnes dans une mosquée.
La vague migratoire qui va submerger la France et la soumettre est la principale obsession du journaliste du Figaro.
« Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation, qui entraîne une conflagration », a-t-il affirmé dans l’émission C à vous en septembre 2016.
Lors de la Convention de la droite en septembre 2019, il avait tenu un discours explicite sur le « grand mal français ». « Aujourd’hui nous vivons une inversion démographique [entre l’Europe et l’Afrique – ndlr] qui entraîne une inversion des courants migratoires, qui entraîne une inversion de la colonisation. Je vous laisse deviner qui seront leurs indiens et leurs esclaves : c’est vous ! », clamait-il aux côtés de Marion Maréchal.
« En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l’immigration : école, logement, chômage, déficits sociaux, dette publique, ordre public, prisons, qualifications professionnelles, urgences aux hôpitaux, drogue. Et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine. »
Décrivant dans son dernier livre, La France n’a pas dit son dernier mot, une Seine-Saint Denis « emblème de ce grand remplacement qui n’existe pas », il campe une ville forcément inquiétante où prolifèrent les « commerces estampillés hallal (…) sans oublier les agences Western union, qui transfèrent le produit des allocations sociales françaises ou des divers trafics vers les familles restées au bled ». Car les immigrés, pour Éric Zemmour, sont au fond soit des profiteurs de la générosité de l’État français, soit des voleurs, soit les deux.
Le 1er octobre 2020, alors que la discussion s’engage sur le sort de mineurs migrants en France, sur CNews, Zemmour s’emporte : « Il n’y a pas de juste milieu, il faut que ces jeunes, le reste de l’immigration ne viennent plus »… « Tous ? » le relance la journaliste Christine Kelly. « Tous ! Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont », rétorque le journaliste. Le parquet de Paris a depuis ouvert une enquête pour « incitation à la haine raciale ».
S’il devenait président, il assure qu’il rétablirait la loi de 1803 pour interdire les prénoms non français. « Au bout de trois générations, je trouve ça triste qu’un enfant s’appelle Mohammed. »
Les musulmans
L’obsession de Zemmour à l’égard de l’islam et des musulmans, décrits comme « une armée d’occupation », empêche une recension un tant soit peu exhaustive de la haine qu’ils lui inspirent.
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Un musulman français est un musulman qui se détache de sa foi : « Il faut leur donner le choix entre l’islam et la France », affirme-t-il aussi dans C à vous en septembre 2016.
Car l’islam n’est pas compatible avec la République, Éric Zemmour ne cesse de le répéter.
« En Islam il n’y a pas de musulmans modérés, ça n’existe pas », poursuit-t-il face à Anne-Sophie Lapix. « Le djihad fait partie de l’islam… les soldats du djihad sont considérés par tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas, comme de bons musulmans. »
« La France c’est liberté, égalité, fraternité… L’islam c’est soumission, inégalité et fraternité dans la Oumma [la communauté des croyants – ndlr] », ajoute-t-il dans la même émission.
Dans La France n’a pas dit son dernier mot, il revient sur ce thème qui lui est cher : « L’inconscient collectif de ces populations musulmane est de coloniser l’ancien colonisateur. »
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Car quel est le danger qui menace la France ? « L’universalisme islamique qui tire profit très habilement de notre religion des droits de l’homme pour protéger son action de colonisation et d’occupation de portions du territoire français », détaille-t-il aussi ce jour-là dans un discours retransmis en direct et sans aucun filtre sur LCI. « Dans les années 30, les auteurs les plus lucides qui dénonçaient le danger allemand, comparaient le nazisme à l’islam (…) et disaient “le nazisme est un peu raide, un peu intolérant, mais de là à le comparer à l’islam” . »
« Il y a une continuité entre les viols, vols, trafic jusqu’aux attentats de 2015, ce sont les mêmes qui les commettent (…) C’est le djihad partout », s’enflammait-il encore. « Ils se comportent en colonisateurs. Les caïds et leurs bandes s’allient à l’imam pour faire régner l’ordre dans la rue et dans les consciences selon la vieille alliance du sabre et du goupillon, en l’occurrence, la kalash et la djellaba […]. Dans la rue, les femmes voilées et les hommes en djellaba sont une propagande par le fait, une islamisation de la rue, comme les uniformes d’une armée d’occupation rappellent aux vaincus leur soumission. »
« Remigration » ou déportation
Que faire des cinq millions de musulmans qui vivent sur le sol français, demande, le 30 octobre 2014, un journaliste italien du Corriere della Sera comprenant qu’Éric Zemmour n’en veut plus dans son pays ? « Les déporter ? », demande-t-il. « Je sais, c’est irréaliste mais l’Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? ». Le journaliste insiste sur le caractère tragique de ces déplacements forcés et Zemmour enfonce le clou : « Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. » Une déportation pour éviter la guerre civile donc…
Car Éric Zemmour est favorable à la « remigration », il l’a dit et redit comme en janvier dernier sur le plateau de CNews. « Vouloir la remigration, ce n’est pas être raciste. C’est considérer qu’il y a trop d’immigrés en France, ça pose un vrai problème d’équilibre de démographie et identitaire (…) la France est en danger. »
Car la France est bel et bien au bord de la guerre civile ; Zemmour ne cesse de l’écrire et de le dire. S’il faut prendre les armes contre l’ennemi de l’intérieur, Zemmour n’hésitera pas, clame-t-il. « Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien moi, je suis du côté du général Bugeaud. C’est ça être Français », déclare-t-il sur CNews le 23 octobre 2019.
Les « Noirs et les Arabes »
Dans la rhétorique d’Éric Zemmour, aux côtés des musulmans, et même si ce sont parfois les mêmes, un groupe se distingue pour menacer la patrie dans ses fondements : « Les Noirs et les Arabes ». Ils sont, pour résumer, violents, voleurs, volontiers polygames et font « d’innombrables » enfants pour toucher les allocations.
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Ce groupe inquiétant est décrit dans la plupart de ses livres. Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Zemmour insiste sur la menace sexuelle qu’ils représentent, déjà décrite dans son livre Premier sexe, pétri d’un imaginaire raciste et colonial. « Les seules jeunes hommes autorisés par les ligues de vertus féministes à s’approprier et conserver les codes honnis de la psyché virile d’antan (sont) les jeunes noirs et Arabes » (…) À l’époque les féministes n’avaient pas encore montré leur dilection pour ces jeunes hommes, même lorsqu’ils faisaient une chasse ouverte à la femme blanche, comme à Cologne en 2015 (…) Les jeunes « blancs » étaient écrasés par la culpabilité du colonisateur esclavagiste , tandis que le jeune noir ou arabe s’égayait dans la pampa des femmes blanches. »
« Pourquoi on est contrôlé dix-sept fois ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça c’est un fait », assène-t-il en 2011 sur le plateau de Salut les terriens, sur Canal+. Une sortie qui lui vaudra une condamnation pour provocation à la discrimination raciale.
Zemmour ne peut évidemment se reconnaître dans une équipe de France de football où jouent tant de joueurs noirs. « Imaginez une équipe du Sénégal composée de joueurs blancs ou jaunes », raille-t-il dans son dernier livre.
Car Zemmour croit en la race. Dans l’émission Paris/Berlin, destins croisés diffusée sur Arte, il interrompt la journaliste Rokhaya Diallo d’un : « J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire, évidemment. »
Les Noirs « visibles »
Un groupe exaspère particulièrement le polémiste : les Noirs qui ont acquis du pouvoir, une notoriété, voire une simple visibilité dans l’espace médiatique. Pour éviter la fréquentation des tribunaux, l’essayiste sait parfaitement distiller son racisme dans des portraits acerbes dont son dernier livre fourmille.
Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Éric Zemmour prend soin de faire quatre courts portraits de personnalités noires dont la réussite professionnelle lui reste manifestement en travers de la gorge. L’acteur Omar Sy est décrit ainsi avec perfidie : « Son corps musclé et félin, son sourire béat, son regard vide, son goût pour la tchatche acquis au cours de sa jeunesse à Trappes, son anti-racisme arrogant, son militantisme confessionnel, son exil à Los Angeles avec les trois premiers sous gagnés grâce au cinéma français tout en faisait l’incarnation de “l’homme nouveau” que le film [Intouchables – ndlr] glorifiait. »
Il revient aussi longuement sur l’altercation avec l’animatrice Hapsatou Sy de 2018. « Votre mère a eu tort [de vous appeler Hapsatou – ndlr] Corinne, ça vous irait très bien », lui avait-il lancé, provoquant un tollé. Il rappelle qu’il ne savait pas du tout qui était cette femme sur le plateau puisqu’ « elle représentait le quota diversité imposé »… Et que s’il a pensé au prénom « Corinne » ce soir-là, c’est que c’est « le prénom des coiffeuses ou des secrétaires », note-t-il, fielleux.
L’actrice Aïssa Maïga incarne, à elle seule, le désastre du grand renversement des valeurs lors de la cérémonie des Césars. Il la dépeint en une scène unique qui marque sa sidération. L’actrice sous les projecteurs dénonce le peu de diversité dans la salle de la « grande famille du cinéma français ». Elle demande qu’on lui apporte de l’eau. « Un homme blanc la sert » et « sans un regard pour son serviteur »… l’actrice ose boire. Il n’y a rien d’autre à dire que cela. Ce chamboule-tout d’une femme noire servie par un homme blanc anonyme a achevé le polémiste.
L’ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, en prend elle aussi pour grade. « Sibeth. Contrairement aux apparences, ce n’est pas un jugement mais un prénom », ricane-t-il en reprenant le mauvais mot du chroniqueur Éric Naulleau. Sibeth Ndiaye est, sous la plume d’Éric Zemmour, une bien mauvaise Française, elle qui assiste « en pyjama aux cérémonies du 14-Juillet ».
La liberté d’expression
On ne peut plus rien dire. Zemmour le dit et le redit d’ailleurs depuis dix ans sur toutes les télés et toutes les radios de France. Pour le récompenser de son virulent discours à la Convention de la droite, Vincent Bolloré lui a même offert une tribune quotidienne d’une heure sur CNews, mais qu’importe : Zemmour décrit la France d’aujourd’hui comme un pays où règne une étouffante censure, celles des antiracistes et de leurs lois liberticides.
Dès Le Suicide français, il pointe la loi Pleven de 1972 créant un délit de diffamation et d’injure à caractère raciste comme le début de la fin . « On se félicita alors de cette législation antiraciste. Personne ne remarqua le glissement opéré par la loi qui n’interdisait pas seulement toute discrimination en raison de l’ethnie, de la race, de la religion, mais y joignait aussi l’appartenance ou la non-appartenance à une nation. Personne ne l’avait remarqué car personne ne l’avait réclamé. Dans l’ombre, des lobbies avaient bien œuvré », explique-t-il.
La haine de l’étranger, son rejet, n’est plus dicible, se désole-t-il. « Avec la référence à la nation, on passe du racisme à une notion différente, la xénophobie. Poussé à l’extrême par le législateur, le refus de la xénophobie a des conséquences pernicieuses. Désormais, un propriétaire qui ne veut louer qu’à un Français sera puni ; de même qu’un employeur qui préférera embaucher un compatriote, alors que l’État exclut les étrangers du recrutement de certains de ses fonctionnaires. Ce principe de non-discrimination entre Français et étranger interdit toute préférence nationale ; ruine toute séparation entre l’extérieur et l’intérieur ; sape les fondements de la notion de frontière entre le dedans et le dehors ; assimile le patriotisme au racisme ; interdit à un Français de préférer un compatriote à un étranger. La loi Pleven est potentiellement, sans que personne en ait pris conscience à l’époque, la dissolution programmée de la nation française dans un magma planétaire », s’emporte-t-il.
Zemmour est pour le droit de discriminer. Sur un plateau de France Ô, le 6 mars 2010, face à un journaliste qui rapporte les discriminations raciales opérées par certains employeurs à Éric Zemmour réplique : « Mais ils ont le droit ! (…) C’est la vie la discrimination. »
Les droits de l’homme
Les droits de l’homme sont un danger mal connu pour la France, Éric Zemmour tient à le rappeler aussi souvent qu’il le peut. Dans Destin français, il écrit : « Ignorant les leçons du passé et oubliant les vertus de son histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme et l’unité de son peuple au nom de l’universalisme. »
Les femmes
La haine d’Éric Zemmour à l’égard des femmes n’a sans doute d’égal que celle que lui inspirent les musulmans. Lors de la Convention de la droite, il avait expliqué que le féminisme était « non pas un mouvement de libération des femmes » mais « une guerre d’extermination de l’homme blanc hétérosexuel ».
Dans Le Premier sexe, essai intégralement consacré à ce sujet, il s’inquiète d’une féminisation de la société qui risque de faire sortir le pays de l’Histoire. « Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose ; elles votent à gauche quand la Révolution est finie. [...] Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n’inventent pas, elles conservent. [...] En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s’interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. »
Dans Le Suicide français (Albin Michel, 2014), il estime que « le besoin des hommes » est « de dominer pour se rassurer sexuellement » et celui des femmes est « d’admirer pour se donner sans honte », de « réclamer la protection de son mari ».
Zemmour, qui a détesté le mouvement #Metoo, regrette que l’espace public se remplisse « d’affaires de mœurs » ayant si peu d’intérêt. Dans son dernier livre, Éric Zemmour prend d’ailleurs la défense de Tariq Ramadan, ennemi politique s’il en est, soupçonné de viols et dont Mediapart a révélé qu’il était accusé par de nombreuses femmes d’agressions sexuelles ou sexistes [1]. « Je ne sais rien de cette histoire, mais je demeure convaincu qu’il est tombé dans un piège », écrit dans La France n’a pas dit son dernier mot. Il a aussi ardemment défendu Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par Nafissatou Diallo. « Une ridicule affaire », tranche-t-il. « DSK, menottes derrière le dos entre deux cops new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française. C’est une castration de tous les hommes français », avance-t-il encore dans son dernier opus.
« Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d’homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. De la différence des sexes. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant », écrivait-t-il déjà en 2006 dans le Premier sexe.
Décrivant un film des années 1970, il regrette cette époque où les femmes n’étaient pas accusatrices. « Quand le jeune chauffeur de bus glisse une main concupiscente sur un charmant fessier féminin, la jeune femme ne porte pas plainte pour harcèlement sexuel. La confiance règne. »
Homophobie
Lire aussi : Les angoisses identitaires prennent d’assaut la rentrée médiatique Par Lucie Delaporte :
https://www.mediapart.fr/journal/france/270821/les-angoisses-identitaires-prennent-d-assaut-la-rentree-mediatique
L’homophobie est aussi partout dans les discours d’Éric Zemmour, qui n’hésite pas à décrire l’homosexualité comme une « mode ». Dans Premier sexe, il se désole d’émissions mettant en scène « un modèle queer ». « Les pygmalions sont homosexuels ; ils sont chargés d’enseigner à un pauvre « hétéro de base », fou de foot et de voitures (bien sûr), goujat qui ne fait jamais la vaisselle et ne connaît pas l’adresse du fleuriste le plus proche, l’art de séduire, reconquérir, conserver la femme de sa vie. Ils lui apprennent à s’habiller, et non simplement à se vêtir, à se faire coiffer, et non seulement se faire couper les cheveux. À décorer sa maison avec art, et non seulement la meubler. Surtout ils lui font la morale, lui montrent comment se comporter avec une femme, avec délicatesse et raffinement. Dans les comédies “homosexuelles” lourdingues, c’était la “tante” qui imitait le camionneur. Désormais, c’est le camionneur qui prend des leçons auprès de la tante. Des homosexuels qui apprennent à un homme à aimer une femme ! Et les femmes sont ravies. Elles plébiscitent les hommes reconfigurés par la plastique, l’esthétique, le raffinement homosexuels. »
Dans le même livre, il poursuit : « Pour traduire la nouvelle société, où les homosexuels non seulement ne sont plus discriminés, mais au contraire incarnent l’humanité future, un nouveau mot s’imposait : ce sera gay. » Il s’offusque de cette inversion des valeurs : « L’inverti honni d’hier est devenu le gay admiré d’aujourd’hui, celui qui légitime le désir du pauvre « hétérosexuel » – « hétéro de base », minable beauf – pour la femme ».
Le 15 octobre 2019 dans son émission Face à l’info sur CNews, il déclenchait un nouveau tollé en expliquant que si les homosexuels voulaient des enfants, ils avaient le choix de « coucher avec l’autre sexe ». « Soit on couche avec l’autre sexe et on fait des enfants, soit on ne couche pas avec l’autre sexe et on n’a pas d’enfants. »
Les affaires et la justice
Éric Zemmour déteste notre époque qui aurait cédé à « la dictature de la transparence », qu’il qualifie aussi dès l’introduction de son dernier livre comme une « mediapartisation des esprits ». Une époque qui ne tolèrerait plus – la chose reste à démontrer - la corruption et la délinquance en col blanc. « Nous vivons une révolution judiciaire inouïe qui sape les fondements de nos régimes démocratiques », écrit-il dans La France n’a pas dit son dernier mot. Fondements démocratiques qui résident, comme chacun sait ou devrait savoir, sur une corruption bien comprise des dirigeants.
Les « affaires » de François Fillon sont regardée par Zemmour avec une immense mansuétude. « Ses petites combines, ses petits cadeaux pour arrondir ses fins de mois… », écrit-il à son sujet tout en dénonçant un « putsch médiatico-judiciaire » l’ayant empêcher de devenir président de la République.
La justice de toute façon n’est plus non plus ce qu’elle était. Dans le dernier livre page 125, il se désole d’avoir à être jugé, suprême affront, par des femmes, qui plus est, mal habillées, mal maquillées. « Le président du tribunal est une femme ; le procureur également. La plupart des avocats de mes accusateurs aussi. Sous leur robe noire en guise d’uniforme prestigieux d’une autre époque, elles portent des vêtements de pauvre qualité à l’étoffe fatiguée, sont coiffées à la hâte, maquillées sans soin, tout dans leur silhouette, dans leurs attitudes, leur absence d’élégance, dégage un je-ne-sais-quoi de négligé, de laisser-aller, de manque de goût. On voit au premier coup d’œil que ces métiers – effet ou cause de la féminisation – ont dégringolé les barreaux de l’échelle sociale. Il flotte une complicité entre elles, proximité de sexe et de classe. »
Lucie Delaporte