“L’autre visage de la contestation.” C’est avec ce titre que La Repubblica introduit son article sur un thème jusqu’ici peu traité par la presse progressiste italienne : la présence de militants d’extrême gauche dans les manifestations contre le Green Pass.
Depuis plusieurs semaines, cette version italienne du pass sanitaire est contestée par une partie de la population, qui, comme en France, se réunit tous les samedis dans la rue pour demander son abolition. Une grogne qui a gagné en intensité au moment où le gouvernement a annoncé mi-septembre que le Green Pass serait obligatoire pour aller travailler (mesure qui est entrée en vigueur vendredi 15 octobre).
Ainsi, samedi 9 octobre, le siège du syndicat CGIL a été occupé par la force par des manifestants, vraisemblablement encouragés par des militants du parti néofasciste Forza Nuova. Voilà qui a porté la presse à focaliser son attention sur les activistes d’extrême droite mais, comme le prouvent les événements de samedi 16 octobre, des militants du camp opposés ont aussi été à l’origine d’incidents.
“Ils font de la concurrence aux fascistes”
C’est le cas notamment à Milan, où le siège du syndicat CGIL a encore été pris pour cible (protégé cette fois par la police), mais, à cette occasion, par des militants anarchistes.
“Parmi les 100 manifestants identifiés samedi par les forces de l’ordre à Milan [sur plus de 10 000 manifestants en grande partie pacifiques], on compte environ 40 anarchistes”, détaille le site d’information Open, qui parle d’agitateurs qui “font de la concurrence aux fascistes”.
Voilà pour les franges violentes, mais les rues italiennes sont aussi occupées par d’autres groupes d’extrême gauche, pacifiques mais très remontés, poursuit le média italien :
“Parmi les plus actifs, on retrouve le secrétaire du Parti communiste [qui n’est pas représenté au Parlement], Marco Rizzo, qui a proclamé une grève générale du 15 au 20 octobre ‘contre le Green Pass et toute forme de chantage sur le lieu de travail’.”
Viennent ensuite les syndicats. Pas les plus représentatifs, qui se sont rangés (avec des réserves importantes) du côté du gouvernement, mais des organisations moins importantes “qui sont opposées au Green Pass, aussi en polémique avec la ‘modération’ des syndicats classiques”, note La Repubblica. Le quotidien progressiste parle ainsi de membres des syndicats Cobas, Usb et Cub qui peuplent les rues en conflit avec les rivaux de la CGIL.
Pour le journal romain, ces groupes de la gauche “dure” intègrent les manifestations aussi pour tenter de gagner en popularité. “Dans la rue, on y va aussi pour flairer le climat, comprendre ce qui est en train de se passer, en espérant une révolte, quelle qu’elle soit”, synthétise La Repubblica au sujet de tous les militants d’extrême gauche.
L’espoir est donc de prendre le train de la révolte en marche et de s’en attribuer le mérite, suggère le média. Une stratégie probablement recherchée aussi par l’extrême droite, mais lorsque c’est la gauche qui crée des désordres “il n’y a pas d’alerte sur le péril d’un communisme qui revient, proteste le quotidien de droite Il Giornale. On préfère toujours se concentrer sur la chasse au fasciste”.
Beniamino Morante
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