Plusieurs hypothèses sont sur la table. Quelques organisations regroupées autour d’une plateforme nommée l’Accord de Glasgow [1] proposent de cibler de grandes pétrolières tels que Total ou Shell pour bloquer certains de leurs projets les plus ambitieux et ainsi frapper les premiers responsables du réchauffement climatiques.
D’autres, comme le réseau Friday For Future animé par Greta Thunberg, la jeune militante suédoise bien connue, propose aussi de raviver les grèves climatiques portées surtout par la jeunesse étudiante. Trade Unions for Energy Democracy, une plateforme syndicale internationale très active lors du sommet alternatif à Glasgow, propose non seulement de faire front uni dans l’action avec les mouvements écologistes mais aussi de dynamiser les organisations syndicales pour qu’elles adoptent une vision plus radicale et transformative de transition écologique [2]. À tous les niveaux, les regroupements internationaux envisagent d’accroitre la mobilisation pour forcer les élites économiques et politiques à agir de façon décisive pour combattre les changements climatiques.
TJC une initiative de La Planète s’invite
Ici même, le groupe La Planète s’invite au parlement (LPSP) qui s’est fait connaitre par l’organisation des manifs climatiques depuis l’automne 2018, propose une combinaison intéressante et créative de ces diverses hypothèses d’action. En effet, LPSP a pris l’initiative de convoquer une rencontre de militants syndicaux de la base passionnés par les questions environnementales pour mettre sur pied un regroupement intersyndical qui s’intitulerait Travailleuses et Travailleurs pour la Justice Climatique (TJC).
Les quelques 35 militants et militantes qui ont pris part à cette première rencontre ont décidé à forte majorité de la pertinence de lancer une initiative intersyndicale de type TJC afin de fortifier les positions des centrales syndicales québécoises sur les dossiers climatiques. Ils et elles veulent aussi réfléchir à des stratégies de mobilisation syndicales permettant de renforcer le rapport de force avec l’état qui incluraient (mais ne se limiterait pas) à des futures grèves climatiques. Dans l’optique des TJC ces mobilisations impliquent non seulement une coordination démocratique et intersyndicale à la base mais aussi une coordination avec les mouvements communautaires et étudiants pour qu’elles soient vraiment populaires.
Une table de concertation des mouvements
Pour sonder les autres mouvements et établir une atmosphère de confiance et de solidarité, TJC propose la mise sur pied d’une table de concertation avec les mouvements étudiants et communautaires afin d’établir des revendications communes et un programme d’action concertée. D’autres mouvements pourraient s’ajouter a cette table tels que des représentants de mouvements anti-racistes ou des peuples autochtones afin d’assurer l’aspect intersectionnel et décolonial de cette initiative.
En conclusion de cette première rencontre fort prometteuse pour l’avenir, les participants se sont dotés d’un programme de revendications qu’ils/elles souhaitent amener à la table de concertation. Fortement inspiré par une vision transformative de transition écologique, ce programme de revendications souligne l’importance de bannir les énergies fossiles tout en maintenant une perspective de transition juste pour les travailleurs/euses concernés, de planifier démocratiquement cette transition en assurant une participation citoyenne, de garantir des conditions économiques minimales pour toutes et tous (renforcer le filet social et le revenu minimum garanti) et de garantir l’autodétermination des Premiers peuples.
Comment réaliser ce programme ambitieux ? Ce sera le sujet d’une prochaine rencontre de Travailleuses et Travailleurs Pour la Justice Climatique qui se penchera sur le lancement d’un appel à la mobilisation ainsi que la préparation d’outils de formation à l’intention des travailleurs et travailleuses. Un important volet de la discussion portera sur les moyens d’élargir le bassin de militants/es pour qu’ils proviennent de divers milieux de travail : éducation, santé, services sociaux, milieux industriels, commerces et entrepôts, etc… Pour réussir, une telle initiative se doit d’être représentative de tous les milieux de travail.
Roger Rashi
Abonnez-vous à la Lettre de nouveautés du site ESSF et recevez par courriel la liste des articles parus, en français ou en anglais.