Après une première étape à Hong Kong, territoire semi-autonome ayant connu une abstention record lors des élections de décembre alors que le contrôle de Pékin se resserre, direction Taïwan, dont l’indépendance administrative se couple à un identité taïwanaise qui résiste aux convoitises chinoises.
POUR ECOUTER
https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/hong-kong-l-abstention-peut-elle-sauver-la-democratie
Le 19 décembre dernier, seuls 30% des citoyens hong-kongais se sont rendus aux urnes. Un taux de participation jamais vu depuis 1991, d’autant plus significatif que la population a démontré son vif intérêt pour le fait politique lors du mouvement des parapluies puis des manifestations de 2019-2020.
Plus qu’un désintérêt, cette abstention record témoigne de la résignation d’un peuple face à la prise de contrôle progressive opérée par Pékin. Société civile réprimée, presse muselée, système électoral dévoyé, le parti communiste chinois multiplie en effet les réformes pour vider le système politique hong-kongais de sa substance.
Comment la Chine mène-t-elle sa contre-révolution silencieuse ? L’abstention massive des citoyens de Hong-Kong peut-elle contribuer à décrédibiliser les instances politiques acquises à la cause du gouvernement central de Pékin ? Et l’opposition aujourd’hui brisée peut-elle espérer renaître sous une autre forme ?
Chloé Froissart : Le système n’a plus rien de représentatif. Ces élections étaient organisées comme un plébiscite du camp pro-pékin, à travers une réforme passée en mars dernier réduisant la part des sièges élus au suffrage direct de la moitié à moins d’un quart.
Chloé Froissart est professeure d’histoire et de sciences politiques au département d’études chinoises de l’Inalco.
Jean-Pierre Cabestan : Pékin fait tout pour que les candidats représentent les différents secteurs de la société de manière assez corporatiste. Ces candidats sont tous neutralisés, ils ne lèveront jamais la voix sur Pékin (…). Mais je pense que le très fort taux d’abstention a été un camouflet pour Pékin. Jean-Pierre Cabestan
Jean-Pierre Cabestan est directeur de recherche au CNRS rattaché à l‘Institut français de recherche sur l’Asie de l’est de l’INALCO.