Le casino NagaWorld est un mastodonte dont l’immeuble impressionnant écrase de toute sa hauteur le centre de la capitale cambodgienne, Phnom Penh. Un géant dont les revenus sont supérieurs au PIB du Cambodge. Un acteur incontournable.
Les organisateurs et syndicalistes au cœur d’un mouvement de grève contre le casino en font l’amère expérience. Seize d’entre eux ont été arrêtés avant d’être relâchés, indique Cambodianess. La présidente du syndicat, Chhim Sithar, et Sok Narith, un autre dirigeant de l’organisation, restent en état d’arrestation.
La grève au NagaWorld fait suite aux licenciements décidés en avril 2021. L’entreprise les avait justifiés par des pertes induites par la pandémie de Covid-19, détaille le site cambodgien d’information. Mais le syndicat Labor Rights Supported Union of Khmer Employees of NagaWorld (LRSU) soutient que les licenciements ont surtout visé les femmes enceintes, les syndicalistes et des employés avec beaucoup d’ancienneté.
Échec de l’arbitrage
Après huit mois de médiation, le NagaWorld a refusé de coopérer et de suivre les conclusions du conseil d’arbitrage, selon lesquelles la compagnie devait a minima recalculer les compensations pour les ouvriers licenciés. Un refus qui a conduit le syndicat à lancer un mouvement de grève le 18 décembre 2021.
Parmi les 1 329 ouvriers licenciés, 365 refusent les compensations proposées, estimant qu’elles ne sont pas suffisantes. Une majorité d’entre eux demandent de retrouver leur emploi. D’autres plaident pour obtenir les sommes fixées par le conseil d’arbitrage.
“Le syndicat et des mouvements de défense des droits accusent les autorités de soutenir une des entreprises les plus puissantes du pays plutôt que de protéger les droits des ouvriers”, précise Nikkei Asia. NagaWorld a le monopole des licences de jeux d’argent à Phnom Penh et a été parmi les casinos les plus rentables en 2018. Malgré un tourisme en berne et une fermeture stricte de trois mois du fait de la pandémie, les bénéfices du casino se sont élevés à 102 millions de dollars en 2020.
Trouble à l’ordre public
Dans un autre article détaillant la violence de l’arrestation de Chhin Sitha, le 4 janvier, par des policiers en civil, Cambodianess précise que selon le chef adjoint de la police de Phnom Penh, Hun Sothy, la manifestation des militants du NagaWorld est soutenue par des ONG et que la grève “constituait une incitation à la protestation”.
Le procureur adjoint aurait quant à lui souligné “l’existence de preuves de transferts de fonds dans les ordinateurs confisqués par la police lors d’une perquisition dans les bureaux du syndicat”. Selon le site, il a indiqué :
“Nous ne faisons que faire respecter la loi au vu des astuces vicieuses et des plans pour troubler l’ordre public et la sécurité [du syndicat] et du soutien illégal qui lui est apporté de l’étranger.”
Malgré les arrestations, la grève se poursuit.
Courrier International
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