Le Jakarta Post observe la santé économique presque insolente de l’Indonésie face à ses voisins d’Asie du Sud-Est, et même de l’Inde : “L’économie de l’archipel ne s’est contractée que de 2,2 % en 2020 à la suite de la pandémie de Covid-19, beaucoup moins que celle de la Malaisie (5,6 %), de la Thaïlande (6,1 %), des Philippines (9,5 %), de Singapour (5,4 %) et aussi de l’Inde (8 %).”

Kompas, pour sa part, se fait l’écho de l’Agence centrale des statistiques (BPS), qui vient de publier l’excédent de la balance commerciale pour l’année 2021 : 35,34 milliards de dollars, du jamais-vu depuis quinze ans. Selon le chef du BPS, Margo Yuwono, cet excédent est indissociable de la performance des exportations non pétrolières et gazières qui ont atteint en 2021 219,26 milliards de dollars.

“Les denrées qui contribuent à ces exportations sont les graisses et huiles animales et végétales ainsi que les combustibles minéraux”, a déclaré Yuwono, lors d’une téléconférence de presse à Jakarta le 17 janvier 2022. Le charbon a dépassé les 200 dollars la tonne, son prix ayant doublé par rapport à l’année précédente.

“Les entrepreneurs indonésiens du charbon ont en effet bénéficié de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis,, qui s’est étendue à l’Australie,, et qui a provoqué l’arrêt par la Chine de ses importations de charbon en provenance d’Australie”, rappelle de son côté le magazine Tempo.

Mais, effet pervers de cette conjoncture : l’augmentation des prix mondiaux du charbon a poussé la plupart des industriels indonésiens à préférer exporter leur charbon plutôt que de satisfaire aux obligations de la demande intérieure.

“Tant et si bien que l’approvisionnement national en charbon, en particulier pour les centrales électriques, a fait défaut en ce début d’année et que le gouvernement en a interdit les exportations jusqu’à la fin de janvier 2022”, précise Kompas.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement indonésien demeure optimiste : le budget des recettes et des dépenses de l’État pour 2022 a été établi dans l’hypothèse d’une croissance économique de 5,2 %.

Selon le ministre du Commerce, Muhammad Lutfi, cité par Kompas, l’Indonésie a bénéficié l’année dernière d’un “super cycle” des matières premières. Mais la hausse des prix de l’énergie et les coûts élevés du transport maritime risquent de menacer la reprise de l’économie mondiale, y compris celle de l’archipel.

“En plus de la pandémie de Covid-19, nous soulèverons ces questions au forum du G20. L’Indonésie encouragera chaque pays à collaborer pour résoudre ces défis, notamment en renforçant le système commercial multilatéral”, a déclaré Lutfi.

Défis intérieurs

Kompas cite l’exemple de l’influence de l’inflation du prix des huiles de cuisson qui a provoqué une flambée sur le marché national, alors que l’Indonésie est le premier producteur mondial d’huile de palme : “Son prix est passé de 9 500 Rp à 17 500 Rp [de 60 centimes à 1 euro] le litre.” Déjà, à la fin de décembre 2021, Tempo rapportait la mise en garde de la ministre des Finances, Sri Mulyani Indrawati :

“L’inflation mondiale est passée de 3,5 % à 4,3 %, c’est une pression que nous devons anticiper et dont nous devons être conscients.”

Le Jakarta Post insiste quant à lui sur d’autres défis intérieurs, auxquels l’Indonésie va être confrontée dans l’année à venir, tels que les conflits fonciers entre les communautés rurales et les industriels des plantations et des mines, la pression sur le changement climatique et l’augmentation des catastrophes naturelles :

“En outre, les politiques monétaire et budgétaire doivent trouver un équilibre entre le renforcement de la résilience macroéconomique et le soutien à la croissance intérieure, entre les politiques de resserrement et les politiques d’assouplissement. Et cela devrait être fait en tenant dûment compte du maintien des dépenses de protection sociale, car il y a encore des millions d’Indonésiens qui ne sont pas sortis de la pauvreté ni des difficultés causées par le Covid-19.”

Courrier International

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