En ce 1er février, les rues de Rangoon et de nombreuses villes de Birmanie sont désertes. Réduites au silence. Les habitants restent chez eux. Une “grève du silence” lancée pour montrer aux militaires et à la junte au pouvoir la détestation dont ils sont l’objet. Manière de marquer le premier anniversaire du coup d’État du 1er février 2021.
Une mobilisation importante face à une junte qui a mis un terme à une parenthèse démocratique d’une décennie en s’emparant du pouvoir détenu par le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
Bataille sur les réseaux sociaux
Face à cette mobilisation, très visible sur les réseaux sociaux, des internautes proches de la junte dénoncent, via l’application Telegram, ceux qui rejoignent ce mouvement, détaille Frontier.
This is Yangon today. A silent strike against the coup which took place a year ago is keep many off the roads #2022Feb1Coup pic.twitter.com/d4Klmp62Qu
— Siobhán Robbins Sky (@SiobhanRobbins) February 1, 2022
Ainsi de Han Nyein Oo, qui s’est fait connaître sur les réseaux sociaux pour partager des rumeurs sur les personnalités célèbres.
“Maintenant, son fil de messagerie Telegram diffuse essentiellement des photos de cadavres de militants prodémocratie et de combattants de la résistance ainsi que de la propagande en faveur du régime.”
Quelques jours avant le 1er février, il a commencé à mettre en ligne les photos des commerces, des entreprises. Des photos servant à dénoncer auprès de la junte militaire birmane ceux qui soutiennent la grève du silence.
Le silence comme arme
“Pour signaler l’ampleur de l’opposition au régime, les militants ont lancé une grève du silence incitant les habitants à ne pas quitter leur domicile entre 10 heures et 16 heures et les commerces et entreprises à rester fermés.”
Un mouvement similaire avait été très suivi en décembre dernier. Le photojournaliste Soe Naing avait été arrêté pour avoir pris des photos des rues désertes de Rangoon, puis avait été tué en détention, rappelle le journal.
“Cette fois-ci, la junte a annoncé que les participants à ce mouvement seront poursuivis pour sédition et terrorisme.” Ils risquent des peines de prison, et les commerçants, la saisie de leurs biens.
Telegram refuge des discours haineux
Comme le détaille Frontier, désormais, le discours de haine des proches de la junte a trouvé refuge sur des plateformes comme Telegram.
“À la différence de Facebook, Telegram a opté pour une approche laxiste en termes de modération depuis le coup d’État. Il est devenu ainsi très utilisé par les utilisateurs proches des militaires et a été critiqué pour son absence de contrôle du discours de haine et de la désinformation.”
À la suite de plaintes quant au manque de régulation du discours de haine, notamment à l’égard de la minorité musulmane des Rohingyas, Facebook, le réseau social le plus suivi en Birmanie a fermé certains comptes dont celui de Han Nyein Oo.
Depuis un an, le pays sombre inexorablement dans la guerre civile. Les affrontements entre l’armée, les groupes armés ethniques et les forces de la résistance se multiplient sur tout le territoire.
Plus de 1 500 civils ont été tués par la junte en un an, selon un recensement établi par l’Association d’aide aux prisonniers politiques. Elle a mis en ligne une plateforme afin de présenter l’identité de chacune de ces victimes.
Courrier International
Abonnez-vous à la Lettre de nouveautés du site ESSF et recevez par courriel la liste des articles parus, en français ou en anglais.