A travers cet ouvrage, qui est destiné à la jeune génération, Pierre nous plonge également dans divers milieux progressistes et révolutionnaires où il est allé à la rencontre des hommes et des femmes qui se sont levés contre les injustices et l’exploitation ; et on découvre comment il est devenu ce qu’il était jusqu’à ce 8 mars 2022 : un grand militant altermondialiste, révolutionnaire résolument engagé, très éloigné du dogmatisme et de l’esprit clocher de ses années de jeunesse. Ceux et celles qui l’ont connu témoigneront de son ouverture d’esprit, de sa volonté de contribuer au rassemblement de tous les progressistes au Québec et ailleurs dans le monde ; ils témoigneront des petites et grosses pierres qu’il a apportées pour bâtir Alternatives Canada, Alternatives Internationale, Cahiers du socialisme, et bien d’autres édifices encore solides.
Au Niger, pays qu’il a visité à l’invitation de Alternative Espaces Citoyens dans le cadre du premier Forum Social Nigérien en 2006, nous gardons de Pierre Beaudet le souvenir d’un grand camarade qui a toujours cru en nous et en nôtre combat ; et ce, depuis un quart de siècle que nos chemins se sont croisés par l’entremise de Charles Mugiraneza, l’ami et le frère qui nous a introduit à Alternatives Canada, l’organisation dont Pierre était l’un des fondateurs. Le 2 février dernier seulement, quelques jours après un échange téléphonique sur nos projets futurs, le camarade Pierre nous avait envoyé un message nous mettant en contact avec ses collègues de Alternatives, notamment l’ami Feroz Mehdi, pour poursuivre les échanges entamés avec lui ; comme s’il savait déjà qu’il nous manquerait, et pour toujours, pour la suite de cette discussion dont l’objectif était de renforcer la coopération entre nos deux organisations, membres de Alternatives Internationale.
La disparition de Pierre Beaudet est une grande perte pour son organisation Alternatives Canada et pour toutes les autres dans lesquelles il est impliqué au Québec ; mais, elle l’est également pour tout le mouvement altermondialiste auquel il nous a connecté depuis la première édition du Forum Social Mondial à Porto Alegre en 2001. La disparition de Pierre Beaudet en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, une journée chargée de symboles, nous afflige beaucoup au Niger ; car, en tant que directeur de Alternatives Canada, il a été l’artisan talentueux qui a tissé la toile de la solidarité autour de notre organisation Alternative Espaces Citoyens, et aussi l’ingénieur en chef qui a jeté les ponts entre cette petite organisation nigérienne et la multitude d’autres qui se battent partout dans le monde pour un idéal de justice et de droits.
Au nom de tous les camarades d’ici, j’exprime toute ma solidarité et ma compassion à l’endroit de sa famille, tout particulièrement sa compagne Anne Latendresse et son fils Victor qui nous sont les plus familiers ; et je dis à ses collègues de Alternatives Canada, anciens et actuels, à nos camarades communs de Alternatives Internationale, Gustave Massia, Kamal Lahbib, Reefat Sebbah, Michel Warchavski, Pedro Ivo et autres, la lutte continue, plus que jamais, en ce moment crucial de l’histoire. C’est vrai, notre camarade Pierre, avec son optimisme et son engagement, nous manquera beaucoup dans ce grand tournant historique ; mais, il n’est pas mort, comme dirait le poète sénégalais Birago Diop, il est un livre ouvert. Le parcours militant et révolutionnaire de Pierre Beaudet, depuis le petit groupuscule maoïste dans lequel il était engagé au Québec jusqu’à la création de Alternatives Canada, ainsi que sa plongée dans l’ambiance des luttes émancipatrices en Afrique du Sud et en Angola, pour ne parler que de ce qu’il a fait en Afrique, sont une source d’inspiration pour la jeune génération ; celle de son pays, le Canada, et celle d’autres contrées du monde.
Moussa Tchangari
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