En Sarkoland, un malade, c’est comme une voiture : avant de faire jouer l’assurance pour le réparer, il faut commencer par payer la franchise. La carte bleue d’abord, la carte vitale et la carte de mutuelle ensuite. Pour faire accepter à une opinion plus que réticente cette mesure, Sarkozy et son gouvernement ressortent de leur chapeau le vieux tour bien connu du « trou de la Sécu ».
Il s’agit, selon Sarkozy, de « responsabiliser » le malade, en le contraignant à payer de sa poche, avant tout remboursement par l’assurance maladie ou sa mutuelle complémentaire, une franchise de soins. On peut douter que cette mesure « responsabilise » les habitants de Neuilly et du 16e arrondissement. En revanche, elle aurait des conséquences très graves sur l’état de santé de la « France qui travaille » ou qui voudrait travailler.
La franchise s’appliquerait aussi bien aux consultations médicales en ville, aux soins hospitaliers, aux médicaments et aux examens en laboratoire. Pour tenter de faire avaler la pilule, Roselyne Bachelot, nouvelle ministre de la Santé, annonce que la franchise sera de 40 euros (quatre franchises de 10 euros) et, pour faire taire le président d’Emmaüs qui avait osé faire des réserves, elle rappelle que les bénéficiaires des minima sociaux en seront exemptés.
Qui croira un tel baratin ? Chacun a en tête ce qu’il est advenu du forfait hospitalier, au début dérisoire, et aujourd’hui de 18 euros par jour ! Un Français sur cinq renonce aujourd’hui à des soins pour des raisons financières. La mise en place de la franchise aggraverait encore cette situation, car les salariés les plus précaires, les retraités, les jeunes seraient contraints de retarder ou de renoncer à des soins. En conséquence, les malades arriveront plus tard, et dans un état beaucoup plus grave à l’hôpital !
L’espace existe pour construire une véritable mobilisation contre cette mesure massivement rejetée. Les organisations syndicales, les associations humanitaires, l’ensemble des partis de gauche se sont prononcés contre la franchise et, au sein même du camp Sarkozy, les syndicats de médecins ultralibéraux en dénoncent l’inefficacité économique et l’absurdité du point de vue des soins. Olivier Besancenot, au nom de la LCR, a proposé une riposte unitaire et immédiate afin de mettre en échec cette nouvelle brèche dans le droit à la santé. Il y a urgence !