Les premières entrevues avec les organisations syndicales, mardi 22 mai, laissent déjà apparaître, sous le vernis de circonstance, la volonté politique de Nicolas Sarkozy à propos de l’Éducation nationale. En effet, à part une volonté de « dialogue », rien de précis n’a été acté sur les exigences syndicales. Sur les décrets de Robien (à propos desquels les personnels s’étaient massivement mobilisés) amenant à une réduction globale des salaires et des postes et ouvrant le risque de bivalence (deux matières à enseigner dans le second degré) : pas de réponse précise avant une semaine. Pour les emplois « vie scolaire » (personnels précaires), le délai donné par Darcos est d’un mois. D’autre part, le ministre parle de « liberté pédagogique », mais cela reste très général et insuffisant pour les professeurs des écoles, qui ont vu leur travail remis en cause par de Robien (lecture, calcul...). Il semble d’accord pour revenir sur l’apprentissage junior (14 ans), mais sans plus de précision.
Tout cela reste bien vague, sans parler de l’absence d’engagement sur les postes à la rentrée. En revanche, dans le discours ministériel, des menaces précises se profilent, à propos desquelles il convient de se mobiliser dès maintenant. Selon le compte rendu fait à ses syndiqués par la FSU : « Concernant le service minimum, il [le ministre] a rappelé qu’il s’agissait d’un engagement de Nicolas Sarkozy et indiqué que, pour lui, l’Éducation ne pouvait en être exemptée. » Élégante manière de prévenir que cette atteinte au droit de grève, qui menace les travailleurs des transports, risque de toucher également l’Éducation nationale. Lorsque, par ailleurs, Fillon (une autre vieille connaissance des enseignants) affirme que, s’il n’y a pas accord avec les syndicats sur le service minimum, une loi sera votée en septembre pour l’imposer, il y a de quoi s’inquiéter ! D’autre part, Darcos continue à fixer l’objectif de la suppression de la carte scolaire pour 2008. Il parle de « redéfinition » des métiers allant de pair avec une hypothétique revalorisation.
C’est ce que déclare la FSU dans son communiqué, qui tranche avec le titre du Monde du mercredi 23 mai : « Premiers contacts paisibles entre M. Darcos et les syndicats enseignants ». C’est une attitude combative qui peut seule permettre de résister aux mauvais coups qui se préparent. Ce n’est pas en parlant de « sentiment d’ouverture » que les organisations syndicales pourront éviter le pire aux personnels. La mobilisation du Snes, le 23 mai, devant le ministère, était un premier pas, très timide. C’est l’ensemble des salariés de l’Éducation, mais aussi les élèves et les parents, qu’il faut rassembler pour défendre une école publique qui vaut plus que leurs profits.