Cher·es amies et camarades,
Avant l’entrée des troupes de l’impérialisme russe en Ukraine, je savais pour qui j’allais voter. Mais je n’affichais pas ce choix, puisqu’il me semblait absolument insignifiant au vu des positions de la gauche dite radicale. Toutes avaient en effet un objectif commun : chasser Macron, changer de politique, sortir de l’alternative néolibéralisme versus néofascisme. Je savais pour qui je voterai, ou plutôt pour qui je ne le ferai pas, pour des raisons politiques précises et sans doute quelque peu inaudibles à court terme. Mais encore une fois le dire n’avait pas de sens, tant l’aspiration – légitime – du « vote utile à gauche » était forte. Pourtant j’avais déjà décidé de ne pas me saisir de ce « vote utile à gauche » car au-delà de l’élection présidentielle, je suis convaincu que ce vote-là ne permettra pas de reconstruire une gauche de combat anticapitaliste, démocratique, autogestionnaire, féministe, écologique, internationaliste…
L’entrée des troupes de l’impérialisme russe en Ukraine a changé la donne, c’est ce qui m’a décidé à faire connaître à mes ami·es et camarades mon choix pour la présidentielle. J’ai vu et lu les postures, l’embarras, les tergiversations à soutenir la résistance ukrainienne, j’ai entendu le renvoi dos à dos de l’impérialisme russe et de l’Ukraine envahie, « au nom de la paix », « au nom du rejet de l’OTAN » et même « au nom de la France ».
J’ai aussi vu et entendu les déclarations de Philippe Poutou et d’Olivier Besancenot : internationalisme sans concession sur la guerre en Ukraine, soutien à l’armement du peuple ukrainien dans sa résistance contre l’agression de Poutine, solidarité avec le peuple russe, droit à l’autodétermination, refus du campisme et du pacifisme du statu quo ou encore de la « diplomatie au nom de la France ». Des déclarations que je n’ai pas entendu ailleurs…
C’est pourquoi le bulletin de vote que je glisserai dans l’urne le 10 avril – s’il n’a pas plus d’importance qu’il y a 40 jours – sera celui de Philippe Poutou. Je voterai pour lui, sans illusions certes, mais sans hésitation. C’est un acte symbolique, j’en suis parfaitement conscient.
Patrick Silberstein