Après un nouveau regain de tension, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et son adversaire, le Premier ministre Viktor Ianoukovitch, ont fixé au 30 septembre la date des législatives anticipées. Cela met fin à la crise ouverte depuis plusieurs mois entre les deux adversaires de la « révolution orange » de 2005 (lire Rouge du 12 avril 2007).
À l’issue des élections législatives de mars 2006, qui avaient abouti à la défaite de la coalition présidentielle pro-occidentale, les deux Viktor ont été contraints de cohabiter et la lutte entre les deux camps s’est rapidement envenimée. Le président a prononcé, le 2 avril, la dissolution du Parlement. Le parti du premier ministre en a finalement accepté le principe mais les deux parties s’opposaient encore sur la date du scrutin.
En fin de semaine dernière, un ultime imbroglio a ouvert la voie à un affrontement violent entre les deux camps. Des échauffourées ont eu lieu entre différents corps de police, des rumeurs de coup d’État se sont répandues. Les grandes puissances ont lancé des appels au calme car un tel conflit, au cœur de la zone de friction entre la Russie d’un côté, l’Union européenne et les États-Unis de l’autre, était bien trop dangereux.
La lutte des factions n’intéresse plus beaucoup la population qui s’était pourtant fortement mobilisée lors de la révolution orange de 2004-2005. Force est de constater que les deux camps adhèrent, pour l’essentiel, au même programme de libéralisation, de privatisation et de restrictions des droits syndicaux.
Dans un pays dont le PIB ne représente aujourd’hui que les deux tiers de son niveau de 1989 et où les inégalités ont explosé, le retour à la croissance est loin d’avoir compensé les effets sociaux désastreux de la transition. Pauvreté, faiblesse des salaires et difficultés d’accès à la santé, au logement et à l’éducation sont des problèmes brûlants, que les maigres de force de la gauche radicale et le niveau des mobilisations ne permettent pas, pour l’heure, d’imposer au calendrier politique.