Une fois de plus, comme chaque année, les chefs d’État des huit pays les plus riches du monde se réunissent pour décider du sort de la planète. À l’évidence, le sommet du G8 de Heiligendamm (Allemagne) sera marqué par les nouvelles tensions entre les États-Unis et la Russie, qui semblent bien partis pour se lancer dans une nouvelle course aux armements, alors que la réunion aurait dû être consacrée au réchauffement climatique et à l’aide au développement. Deux sujets qui illustrent parfaitement l’égoïsme sans nom des grandes puissances.
Jamais avares de grandes déclarations de principe, ces chefs d’État n’hésitent pas à fouler aux pieds les maigres engagements qu’ils ont pris. En 2000, ils avaient défini les « objectifs du millénaire » pour lutter contre la pauvreté et le sous-développement, dont celui de consacrer 0,7 % de leur PNB à l’aide aux pays pauvres. Face à l’immense manifestation - « Make Poverty History » - d’Edimbourg, en juillet 2005, ils ont renouvelé leurs engagements, la main sur le cœur. Sans aucune concrétisation : la France est à la moitié de l’objectif ; manifestement, les États-Unis préfèrent consacrer des sommes colossales au bouclier antimissiles. Et le poids de la dette continue à affamer les populations du Sud.
Aucun progrès non plus n’est à attendre en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre : Bush s’est toujours opposé à la ratification du protocole de Kyoto, et il vient d’opposer un contre-feu aux propositions allemandes. Après avoir nié, contre toute évidence, la responsabilité des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique, il est aujourd’hui prêt à disserter sur la mise en œuvre d’un nouveau cycle de négociations « à long terme ». Mais pas question de prendre le moindre engagement contraignant qui pourrait, un tant soit peu, rogner les fabuleux profits des industries pétrolière et automobile américaines ! Décidément, les nouveaux « maîtres du monde » ne sont pas la solution aux problèmes dont souffre l’humanité. Ils sont l’essentiel du problème !