HÔPITAL - “Des mots et du papier, on s’en fout, nous ce qu’on veut c’est de quoi faire pour pouvoir soigner nos patients”. Sophie, orthophoniste dans un hôpital près de Paris a participé à la mobilisation des soignants et autres salariés des hôpitaux, partout en France.
En pleine crise des urgences et à quelques jours des législatives, les personnels hospitaliers demandent des hausses de salaire et d’effectif. Ils étaient entre 200 et 300 manifestants à Paris. “La situation devient critique, on a des patients qui restent parfois 48h sur des brancards”, s’exaspère Julien, aide-soignant.
L’attente de la “mission flash”
C’est aux urgences que le feu couve : faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent, selon un décompte réalisé fin mai de l’association Samu-Urgences de France. Son président, François Braun, doit d’ailleurs rendre les conclusions de la “mission flash” d’ici fin juin au chef de l’État, qui a promis dans un entretien à la presse régionale vendredi “des décisions d’urgence dès juillet”.
L’objectif, “c’est de faire remonter toutes les bonnes réponses qui peuvent se mettre en place, dès cet été”, a affirmé ce mardi sur France Bleu la Première ministre, Élisabeth Borne. Mais pour Marine Le Pen, “cette mesure n’a qu’un seul intérêt, c’est d’enjamber l’élection législative” des 12 et 19 juin.
La méthode ne convainc pas non plus le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui juge dans une tribune dans Libération que “le temps des enquêtes est dépassé” et réclame “des négociations urgentes sur l’organisation du travail” pour remettre sur pied un hôpital “au bord du KO”.
“Une situation très problématique”
Sur le terrain, le temps presse : “On risque d’être dans une situation très, très problématique cet été” et “je crains fort qu’il y ait des drames”, a alerté sur RTL le chef des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis), Frédéric Adnet. Attendu au tournant, M. Braun a assuré la semaine dernière qu’il n’entendait pas produire “un énième rapport” mais bien “rédiger l’ordonnance” attendue par les hospitaliers, ajoutant avoir “déjà des pistes”.
D’autres idées inquiètent, comme l’obligation d’appeler le 15 pour filtrer l’accès aux urgences, mise en œuvre à Cherbourg ou à Bordeaux. L’option a toutefois des défenseurs dans la majorité, à l’instar du député de Charente Thomas Mesnier, lui aussi urgentiste, qui a jugé nécessaire dans le Journal du dimanche de “se remettre en mode gestion de crise pour passer le cap de l’été”, quitte à “recentrer” ces services “sur leur vrai métier, les urgences vitales”.
Le HuffPost avec AFP