La meilleure réponse à la propagande patronale et gouvernementale est bien la mobilisation des travailleurs, leur intervention directe sur le terrain social et politique, afin d’opposer les faits, la vérité de l’exploitation, aux discours fumeux et mensongers de leurs adversaires. Les 650 CDI et 150 précaires de l’usine Kronenbourg, à Obernai (Bas-Rhin), au cœur de l’Alsace, viennent de le rappeler, en faisant grève pendant quatre jours contre les heures supplémentaires. Pour faire face au besoin de sa production, après s’être débarrassée d’une brasserie de Lorraine, leur direction avait décidé d’imposer 100 heures supplémentaires à chaque salarié. Conséquence : des semaines de 48 heures, samedi compris, et l’explosion des cadences. Les grévistes demandaient à ce que les heures sup’ soient mises en place sur la seule base du volontariat, des embauches, ainsi que 200 euros d’augmentation.
Ils ont contraint la direction à ramener le nombre d’heures sup’ à 48, à s’engager à embaucher des CDD et à promettre une prime de 1 500 euros si les objectifs de l’année 2007 étaient atteints. Même s’ils ont dû reprendre le travail sans avoir obtenu ce qu’ils voulaient, ils ont marqué un point, contre les financiers qui possèdent Kronenbourg, mais aussi pour l’ensemble de salariés.
Leur grève a clairement mis en accusation l’hypocrisie de la propagande officielle et des objectifs réels de la politique du « travailler plus pour gagner plus », qui consiste à permettre aux patrons d’avoir recours sans frein aux heures supplémentaires, en fonction de leurs seuls besoins pour éviter d’embaucher. Dégrevées de charges, elles ne leur coûteront guère plus que les heures ordinaires. Pour l’immense majorité des salariés, ce sera, au contraire, une pression supplémentaire pour faire des dépassements d’horaires. Et aussi une pression pour diminuer le salaire de base. Les travailleurs de Kronenbourg ont refusé de se plier à cette logique patronale qui veut que les ouvriers perdent leur vie à la gagner. Ils indiquent la voie à suivre pour endiguer la « marée bleue ».