Avec dix-huit élus et l’aide de quelques non inscrits, le PCF va réussir à maintenir l’existence d’un groupe parlementaire avec tous les droits et avantages que cela comporte. Même en perdant trois députés (à Aubervilliers, à Marseille et dans l’Isère), les résultats du second tour et la remontée de la gauche profitent aussi au PCF, limitant ses pertes et en lui permettant même d’atteindre des scores importants pour la plupart de ses élus, totalisant souvent plus que les voix de gauche et d’extrême gauche du premier tour.
Ces résultats témoignent à la fois du contenu social de la résistance au déferlement sarkozyste, mais aussi de l’état du PCF avec, au premier tour, des scores souvent dérisoires dans la majorité du pays, et des résultats exceptionnels dans ses derniers bastions électoraux, où l’on vote sur les réalisations des élus plus que pour le PCF lui-même : plus de 60 % dans le Nord, le Puy-de-Dôme, la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne. Sur les quatorze réélus, huit le sont dans la région parisienne. La direction du PCF ne s’y trompe pas, en préparant son congrès extraordinaire et en décidant d’ouvrir un débat « partout en France », avec tous les citoyens, sur la nature des transformations sociales à opérer, la gauche et le type de PCF à construire. Un débat qui partagera le groupe communiste à l’Assemblée, puisqu’il regroupe aussi bien des orthodoxes, comme André Gérin, des refondateurs, comme Patrick Braouezec, François Asensi ou des légitimistes, autour de Marie-George Buffet, comme André Chassaigne ou Michel Vaxes, sans parler des électrons libres, comme Maxime Grémetz ou Jean-Pierre Brard.
L’Humanité parle « d’un bol d’air » avant le grand débat, tandis que Marie-George Buffet, à la télévision, s’en est déjà prise à Olivier Besancenot, en expliquant qu’elle ne veut pas débattre avec la « petite gauche » mais avec « tout le peuple », sans en préciser, une fois de plus, les modalités.
* Paru dans Rouge n° 2211 du 21 juin 2007.
Parti communiste : limiter la casse
Les résultats du PCF, au premier tour des législatives, sont très disparates, d’une ville à l’autre, et sans commune mesure avec le score de Marie-George Buffet à la présidentielle. Dans la majorité des cas, le score est infime, souvent inférieur à celui de la LCR. En revanche, il se trouve multiplié par cinq ou dix dans les derniers bastions, où la crédibilité électorale du PCF repose sur ses élus. À Sète (Hé¬rault), par exemple, où Marie-George Buffet avait obtenu 3,46 %, le député communiste sortant, François Liberti, rassemble 24,38 % des suffrages. On retrouve le même type d’écart au Havre ou à Saint-Denis.
La conclusion est claire : le PCF n’est plus une force nationale, mais une mosaïque de bastions locaux, qui tiennent encore grâce aux réalisations locales et, souvent, à la personnalité de maires ou de députés. L’érosion est bien présente : quatre points de perdus pour Patrick Braouezec à Saint-Denis, et deux pour François Asensi à Sevran, tandis que Frédéric Dutoit, dans les Bouches-du-Rhône, et Gilles Poux, à Aubervilliers, sont éliminés. Dans ce climat de crise rampante, la direction du PS a décidé de ne faire aucune concession aux 21 députés sortants, prépa¬rant ainsi la fin de l’existence d’un grou¬pe PCF à l’Assemblée. Cette paralysie parlementaire est un coup décisif pour un parti très attaché aux activités au sein des institutions. Cela ne manquera pas de précipiter les échéances du débat. Un congrès extraordinaire est annoncé pour la fin de l’année et, le 22 juin, la secrétaire nationale va lancer un appel « à un grand débat populaire sur l’avenir de la gauche et du PCF ». Déjà, chaque sensibilité se prépare au grand déballage. Dimanche 17 juin, les succès prévisibles d’Alain Bocquet, André Gérin ou Maxime Gremetz, donnent des ailes aux « orthodoxes », qui vont « défendre » l’identité communiste, malmenée selon eux par Buffet ou les refondateurs.
De l’autre côté de ce parti de plus en plus éclaté, se multiplient les si¬gnaux de ceux qui rêvent d’un grand parti de gauche avec les socialistes, sur le modèle de La Gauche (Die Linke) allemande ou du Parti de la gauche en construction en Italie. C’est le sens de l’appel « Gauche avenir », lancé par des responsables socialistes (Marie-Noëlle Lienemann ou André Laignel), communistes (Francis Wurtz ou Jean-Claude Gayssot), ou des journalistes (Yvan Levaï).
La page de la gauche plurielle est tournée et, au moment où la plupart des dirigeants de la gauche traditionnelle et des Verts préparent un grand recentrage vers la droite, la construction d’un parti anticapitaliste, totalement indépendant de la gauche libérale et des institutions, est une nécessité. De nombreux militants du PCF le souhaitent même si, malheureusement, dans de nombreuses villes, les tensions redeviennent vives avec certains militants aux vieux réflexes, qui croient voir dans la LCR la cause de leur crise alors que, plus que jamais, l’heure est au débat et à l’action commune.
* Paru dans Rouge n° 2210 du 14 juin 2007.