Un mois après le décès de Mahsa Amini, qui a déclenché le mouvement de révolte en Iran, la sportive de 33 ans a défié le code vestimentaire de la République islamique ce week-end en participant sans hijab aux championnats d’Asie d’escalade.
L’image est historique. Elnaz Rekabi, championne d’escalade iranienne, est apparue sans voile dimanche 16 octobre à une épreuve des championnats d’Asie d’escalade, tenue pourtant obligatoire selon le code vestimentaire de la République islamique. La sportive de 33 ans portait son hijab pour une première épreuve sur bloc lors de la compétition, qui se déroulaient à Séoul en Corée du Sud, puis est revenue sans lors de la suite de la compétition. Elle a terminé le championnat aux portes du podium, à la quatrième place.
Elle est la première sportive à faire tomber le voile sous les couleurs de l’Iran lors d’une compétition d’escalade. En 2019, la boxeuse Sadaf Khadem avait été la première à braver l’interdit, lors d’un combat sur un ring français. Craignant pour sa vie si elle retournait en Iran après son premier combat officiel, elle s’est depuis installée à Royan, en Charente-Maritime.
Un mois après la mort de Mahsa Amini
On ignore encore si Elnaz Rekabi est déjà visée par des sanctions dans son pays. D’autant que le timing de son geste était lourd de symbole : un mois avant ce dimanche 16 octobre mourait Mahsa Amini, déclenchant une vague de contestation en Iran. Arrêtée à Téhéran le 13 septembre par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict, la jeune femme de 22 ans est décédée trois jours plus tard.
Les autorités iraniennes assurent que Mahsa Amini a été « prise subitement d’un problème cardiaque ». Son père rejette cette version, expliquant que la jeune femme était en parfaite santé. Des militants affirment que Mahsa Amini a été victime d’un coup mortel à la tête.
La mort de Mahsa Amini a déclenché rapidement une vague de manifestations à travers le pays. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre iraniennes ont depuis éclaté à plusieurs reprises.
Le jour de l’inhumation de Mahsa Amini, dans sa ville natale de Saghez, dans la province du Kurdistan, une manifestation a notamment été dispersée à coups de gaz lacrymogène. Puis la contestation a gagné plusieurs écoles à travers le pays, selon des vidéos partagées en ligne.
Désormais, ces jeunes femmes, étudiantes et écolières sont les fers de lance de la révolte. Elles scandent des slogans antigouvernementaux, brûlent leur foulard et défient les forces de sécurité. La répression sévère des manifestations a fait au moins 108 morts, selon l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo. Au moins 23 enfants âgés de 11 à 17 ans ont été « tués par les forces de sécurité iraniennes », a déploré de son côté Amnesty.
Samedi dans la soirée, au terme d’une nouvelle journée de mobilisation, un incendie et des affrontements ont éclaté dans la prison d’Evin à Téhéran, connue pour accueillir de nombreux prisonniers politiques. Le bilan de l’incident s’est alourdi ce lundi matin à huit morts. Le précédent bilan, samedi soir, faisait état de quatre morts et 61 blessés.