Qu’à cela ne tienne, dès le début de la semaine, un camp du collectif s’est mis en place sur une champ privé, prêté par un agriculteur, ancien irriguant, désormais solidaire de la mobilisation. Depuis cette base, des centaines de personnes ont investi les lieux, jusqu’à vendredi, 20h, moment où fût enclenchée l’interdiction de déplacement.
Le samedi matin, des milliers de personnes sont venues dans ce hameau du sud des Deux-Sèvres pour la manifestation, d’abord prévue à 10h, puis reportée à 14h à cause des barrages policiers qui ont largement ralenti la circulation. Dans les faits, la grande majorité des manifestant·e·s ont garé leurs véhicules à 3/4 km du lieu de rendez-vous, ce qui a engendré des marches de 30 à 60 minutes à l’aller et au retour, en plus de contrôles permanents pour les piéton·e·s. Certaines personnes se sont même vues refoulées, et ont reçu des amendes.
Crédit Photo. @lessoulevements
Une équipe du NPA était présente, avec des militant·e·s des Deux-Sèvres, de la Vienne, de Charente, d’Indre-et-Loire, de Haute-Vienne, de Paris et de Gironde, dont notre camarade Philippe Poutou.
À 14h, l’opération « 1, 2, 3 : Bassines ! » a été lancée. Objectif, lancer trois cortèges différents pour rejoindre la Bassine de Sainte-Soline (la plus grosse !) en travaux. Trois manifs, trois couleurs. Une blanche, une verte, une rouge. Nous avons suivi l’ost rouge. C’est alors qu’un déploiement tactique s’est mis en place, entre un groupe allant au contact des CRS pendant que les autres passaient les barrages. Des centaines de grenades ont été jetées. Des gaz, des LBD et des grenades de désencerclement. Nous comptons de nombreux/ses blessé·e·s, dont certain·e·s gravement. C’est le cas du porte-parole du collectif, Julien Le Guet, qui a été matraqué à la tête. Mais malgré ça, la prise de la bassine a bien eu lieu ! Victoire ! Victoire symbolique bien entendu, mais victoire qui donne la pêche pour continuer le combat ! Ce qui frappait une fois de plus, ce sont les convergences : entre les générations, entre les organisations, entre les radicalités. S’il y a parfois une sensation de « côte-à-côte » plutôt que de mélange, dans les faits la mayonnaise prend.
Nous avons ensuite regagné le camp. Le champ peut légalement être occupé jusqu’en mai… à quelques kilomètres du lieu de la bassine en travaux. La journée du dimanche est l’occasion de débats, de balades, de formations, notamment sur la thématique de l’eau, comme cela avait aussi été organisé à Angoulême en septembre. Ce fût aussi l’occasion de discuter des suites de la lutte dans une AG rassemblant 150/200 personnes.
L’action de ce week-end a été hyper médiatisée, c’est pourquoi, face à la désinformation à l’œuvre, venue de certains journalistes, de la FNSEA, de politiques comme le RN et Darmanin soutenant les flics, rappelons que les violents ne sont pas du côté des manifestant·e·s qui, face à l’interdiction du droit de manifester, ne font que résister ! Les violents sont du côté de la préfecture, des policiers et de celles et ceux qui nous mènent à la catastrophe écologique et sociale, en premier plan Macron et ses amis ! Les bassines ne sont pas une solution à la sécheresse, car pour les remplir il faut assécher les nappes, et donc les rivières, les mares. Elles servent une agriculture destructrice des sols, pour nourrir des animaux dans des ferme-usines, mêlant souffrances et malbouffe ! Donc un seul mot d’ordre : no bassaran !
Alexandre Raguet