Alaa Abdel Fattah. Crédit Photo. Wikimedia Commons
Sa famille se dit très inquiète de son état physique et psychique. Nous le redisons : l’Égypte, qui se trouve à la 135e position (sur 139) au classement mondial de l’état de droit du World Justice Project doit libérer sans attendre Alaa et les 60 000 prisonnierEs d’opinion.
« Alaa a frôlé la mort, mais a décidé de continuer à vivre »
Nous publions des extraits de la lettre rédigée par la famille d’Alaa Abdel Fattah après avoir rendu visite au prisonnier jeudi 17 novembre [1] :
« Jeudi 17 novembre, nous avons vu Alaa pour la première fois depuis le 24 octobre. Nous savions qu’à partir du 1er novembre, il allait cesser d’ingérer les 100 calories quotidiennes qui l’avaient maintenu en vie ces six derniers mois. Lorsque nous l’avons vu, il était épuisé, faible et vulnérable. Il était très très émacié. Nous savions que le 6 novembre, premier jour de la conférence de la COP27 à Charm el-Cheikh, il allait arrêter de boire de l’eau. Au-delà de cette date, nous n’avons presque rien su de ce qui lui était arrivé à l’intérieur de la prison, à part deux courtes notes de sa part reçues lundi et mardi de cette semaine.
Nous l’avons vu à la prison de Wadi El Natrun, dans un box pour visiteurs, séparés par une vitre, avec un casque audio au son déficient à travers lequel nous avons pu échanger avec lui l’un après l’autre. De la même manière que nous n’avons rien su de ce qui se passait à l’intérieur de la prison, Alaa n’avait pratiquement aucune idée de ce qui se passait à l’extérieur. […]
Il était très amaigri, très frêle, mais était heureux de revoir sa famille. Il n’y a eu aucune négociation avec les autorités et aucune promesse n’a été faite. Alaa n’avait aucune idée de ce qui se passait dans le monde extérieur. Nous avons essayé de lui raconter au maximum la vague globale de solidarité que sa situation a suscitée. « Toute forme d’organisation politique qui puisse résoudre nos crises globales doit naître de mouvements de solidarité personnelle. Comme dans mon cas », a-t-il dit.
Nous espérons que l’attention globale extraordinaire dont a bénéficié Alaa et les dizaines de milliers de personnes qui ont exprimé leur solidarité vont permettre sa libération. Alaa a frôlé la mort, mais a décidé de continuer à vivre. Il n’aura pas d’autre choix que de reprendre sa grève de la faim très rapidement si rien n’avance dans sa situation.
Voilà ce qui s’est passé au cours des dix derniers jours. Nous espérions une autre nouvelle, celle de sa libération. Mais la campagne pour la libération de Alaa va continuer, avec la même force. Il a besoin de notre solidarité, maintenant plus que jamais. »