Des propos de l’ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, en février 2022 [
Dans le cas du lithium, les impacts de cette exploitation au Chili, qui représente 26 % de la production mondiale, sont bien réels. Ainsi, de nombreuses études [
Alors, faut-il exploiter du lithium en France pour lutter contre les impacts de la production hors de nos frontières ? Tout d’abord, il faut rappeler qu’exploiter en France ne fermera aucune mine de lithium déjà en activité dans le monde, car la demande en lithium va considérablement augmenter.
En effet, quels que soient les scénarios de transitions écologiques regardés, le passage du véhicule thermique au véhicule électrique génère une augmentation de la consommation. Ainsi, l’Agence internationale de l’énergie estime que, dans une trajectoire de développement durable, la consommation annuelle mondiale du lithium pourrait atteindre 800 000 tonnes en 2040 pour les véhicules électriques, soit huit fois la production actuelle mondiale [
Nous faisons donc face à un véritable boom minier, qui dépasse le seul cas du lithium, puisque cela fait plus de 100 ans que la croissance de la consommation des ressources minérales est exponentielle [
Sobriété et règles contraignantes
La relocalisation de la production est-elle une réponse suffisante pour atténuer les impacts sociaux et environnementaux massifs d’une augmentation toujours plus rapide de la production minière ? Les leviers les plus importants à notre disposition semblent plutôt : la sobriété et la pression des pouvoirs publics sur les industries productrices et consommatrices de métaux pour respecter les standards internationaux en termes sociaux et environnementaux.
C’est dans ce sens que les Amis de la Terre se battent pour avoir des règles contraignantes, avec notamment la loi devoir de vigilance (2017), dont le respect s’impose aux entreprises françaises qui se fournissent en lithium à l’étranger. En termes de respect de la règlementation, il serait également de bon ton pour le gouvernement de ne pas présenter comme certaine l’ouverture d’une mine dans l’Allier avant même le rendu d’une évaluation environnementale… Plus globalement, il faut fixer des lignes rouges à ne pas dépasser, parmi lesquelles le respect des zones protégées. En n’excluant pas d’exploiter le gisement de Prat ar Hastel à Tréguennec (Finistère), qui se trouve dans une zone Natura 2000, le gouvernement semble là aussi échouer dans sa volonté d’exemplarité.
« Concevoir une transition vers un usage rationnel des métaux »
Enfin, le nerf de la guerre reste de diminuer la consommation, ou du moins de limiter l’augmentation dans le cas du lithium, à travers la recherche de sobriété. Ce levier est totalement absent du plan industriel présenté par Emmanuel Macron en octobre 2022 [
Ce travail de recherche de sobriété doit être fait sur l’utilisation de toutes les matières premières pour concevoir une transition vers un usage rationnel des métaux, plutôt que de subir les ruptures d’approvisionnement à venir, afin de maintenir un niveau de vie décent pour tous.
Judith Pigneur