ENVIRONNEMENT - C’est une nouvelle qui va faire grincer des dents et plus encore. Le PDG de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, pays hôte cette année de la conférence de l’ONU sur le climat, présidera la COP28. Une nomination qui pose question, quand on sait que le changement climatique est principalement provoqué par l’utilisation des énergies fossiles.
Sultan Ahmed al-Jaber porte déjà plusieurs casquettes. Il est ministre émirati de l’Industrie, chef du géant pétrolier Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) et envoyé spécial pour le changement climatique. Mais depuis ce jeudi 12 janvier, il est également le « président désigné pour la 28e Conférence des Parties (COP28) », indique un communiqué de l’agence de presse officielle WAM.
« Nous apporterons une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions », a déclaré le nouveau président de la COP28, cité dans le communiqué. « L’action climatique est une immense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable. Le financement est la clé », a-t-il ajouté.
« Premier PDG à présider une COP », Sultan al-Jaber dirige la compagnie pétrolière nationale depuis 2016 mais aussi Masdar, l’entreprise émiratie d’énergies renouvelables.
Une COP28 dans un pays pétrolier
Sa double casquette lui vaut déjà des critiques de la part des militants de l’environnement. « La nomination de Sultan Ahmed al-Jaber à la présidence de la COP28, alors qu’il occupe le poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi constitue un conflit d’intérêts scandaleux », a réagi Harjeet Singh, de l’organisation Climate Action Network International.
« La menace constante des lobbyistes des combustibles fossiles lors des négociations climatiques de l’ONU a toujours affaibli les résultats de la conférence sur le climat, mais cette situation atteint un autre niveau dangereux et sans précédent. », a-t-il ajouté.
Les Émirats arabes unis, qui figurent parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, plaident pour une sortie progressive des hydrocarbures et se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050. « L’action climatique est une immense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable. Le financement est la clé », a affirmé Sultan Ahmed al-Jaber dans le communiqué.
La dernière conférence mondiale sur le climat, organisée en novembre en Égypte, a été marquée par l’adoption d’une résolution sur l’indemnisation des pays les plus pauvres pour les dégâts causés par le changement climatique. Mais cette COP27 n’a pas réussi à faire progresser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour maintenir l’objectif de limiter le réchauffement de la planète. La prochaine édition se tiendra à Dubaï en novembre et décembre.
Sarafina Spautz avec AFP