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RépubliqueRépublique » de Bouriatie (Russie).– Un coup de canon résonne dans l’air déjà glacial du début d’hiver sibérien. Le rudimentaire enterrement militaire vient de prendre fin, après quelques notes de cuivres venant sceller l’adieu au jeune sapeur Saïol Dachiev.
Dans le cimetière du sud d’Oulan-Oudé, la capitale bouriate, à six heures de vol de Moscou, la vue de dizaines, si ce ne sont des centaines de nouvelles tombes donne le vertige. Une parcelle entière a été nivelée à la va-vite, d’où émergent des tas d’une terre fraîchement creusée afin d’accueillir les prochains cercueils.
Dans une parcelle adjacente, d’autres tombes, nombreuses, sont déjà fleuries. Elles témoignent de la quantité de vies enlevées à la région par « l’opération spéciale » de Vladimir Poutine. De la jeunesse des soldats tombés aussi : beaucoup sont nés au tournant du millénaire.
Le défunt du jour avait 23 ans. La vie de Saïol Dachiev, né en 1999, année de l’accession au pouvoir de l’inamovible leader russe, a pris fin en Ukraine, un jour d’automne. « Né sous Poutine, mort sous Poutine » : une terrible maxime, souvent lue sur les réseaux sociaux russes depuis le 24 février 2022.
Au cimetière sud d’Oulan-Oudé, capitale de la Bouriatie. © Photo Julian Colling pour Mediapart
Plus tôt dans la journée, quelques hiérarques militaires et responsables politiques locaux étaient venus vanter, lors de ses funérailles, la bravoure et l’amour de la patrie de ce jeune homme qu’ils ne connaissaient pas. Un « héros de la Russie qui a donné sa vie pour combattre les fascistes ukrainiens », récitait un costaud en treillis.
Assis au premier rang d’une foule compacte, ses proches, en pleurs, fixaient le sol. Ce n’était pas la première fois que la famille Dachiev était endeuillée. Un mois après l’invasion russe, l’oncle du sapeur donnait sa vie au Kremlin.
Saïol laisse derrière lui ses parents, un frère et un fils de 2 ans. Les visiteurs n’auront vu le disparu que sur une photo, tenue par une recrue tout aussi jeune : par pudeur, son cercueil en zinc était fermé. Le dernier épisode en date d’une funeste série au complexe sportif « Loukodrome » d’Oulan-Oudé.
Inauguré en 2021, le gymnase ne devait être qu’un centre de formation au tir à l’arc. C’est finalement ici que chaque semaine sont prononcés les éloges grandiloquents des soldats morts au front. Sur Google Maps, cet avis rédigé par une mère de famille agacée : « Des enfants s’entraînent dans cet endroit ! Un peu de respect, ce n’est pas censé être un funérarium ! » Le volume de militaires à enterrer en Bouriatie en a décidé autrement.
Les funérailles de Saïol Dachiev à Oulan-Oudé (Bouriatie). © Vidéo Julian Colling pour Mediapart
Terre d’origine des Bouriates, un peuple d’ascendance mongole majoritairement bouddhiste tibétain, fief du bouddhisme russe aux nombreuses pagodes, cette région, qui borde le majestueux lac Baïkal, fait partie des républiques russes qui paient un tribut particulièrement lourd à l’effort de guerre.
Elle est depuis un an aux avant-postes de toutes les statistiques en matière de mortalité au front, que ce soit en valeur absolue ou rapporté à la population, en compagnie notamment de la République de Touva ou du Daguestan caucasien, deux autres républiques peuplées de minorités ethniques.
Son « coefficient de mortalité » est 28 fois supérieur à celui des régions les moins touchées comme Moscou, selon des chiffres compilés par les médias indépendants russes. Parmi eux, l’excellent Gens du Baïkal(banni en Russie) tient une liste – à partir de sources ouvertes et donc sous-évaluée –, et compte déjà 544 soldats originaires de ou ayant servi en Bouriatie à avoir péri en Ukraine (lire les annexes de cet article).
Carte de la République de Bouriatie
Oulan-Oudé, 600 000 habitant·es dont une majorité de l’ethnie bouriate, est habillée l’hiver d’une couche de smog permanente issue des centrales à charbon et usines avoisinantes. La neige coiffe l’immense tête de Lénine qui trône sur la place des Soviets, la plus grande statue à son effigie au monde.
Un grand « V », symbole de soutien à l’armée russe, est toujours là, posé sur le socle du monument. Non loin, un centre commercial est affublé d’un « Z », autre signe de ralliement, avec l’inscription Za pravdou (« Pour la vérité »), appréciée des cercles pro-guerre.
C’est devant la statue du leader bolchevique que nous retrouvons la juriste et militante des droits de l’homme Nadejda Nizovkina, 36 ans, déjà arrêtée cinq fois en 2022 pour ses positions critiques. Pour cette Russe courageuse au regard déterminé, enfant d’une famille de militaires qui tient à témoigner à visage découvert, une rareté en Russie, cette lourde dîme payée par la Bouriatie s’explique par plusieurs facteurs.
« D’abord, c’est une région très militarisée car elle est frontalière de la Mongolie et proche de la Chine, rappelle-t-elle. Mais surtout, il y a un fort aspect social : il y a très peu de perspectives et de travail ici. Malgré notre potentiel de ressources énorme, la Bouriatie reste une région “pauvre”. Pour les jeunes hommes, surtout ceux des villages qui sont surreprésentés dans la mobilisation et les pertes, il n’y a guère que l’armée qui propose un revenu décent. Il y a ainsi beaucoup de volontaires issus des zones rurales, mais c’est un volontariat de façade, forcé. Il s’agit de nourrir sa famille. »
Saïol Dachiev en uniforme. © Document Mediapart
Après son service militaire, Saïol Dachiev, originaire d’un petit village du raïon (canton) de Khorinski, avait comme de nombreux jeunes hommes de la campagne bouriate signé en 2021 un contrat avec l’armée, attiré par le salaire promis, 5 à 10 fois supérieur à la moyenne locale. Il ne s’attendait certainement pas à être envoyé combattre en Ukraine quelques mois plus tard.
Dans le même temps, la capitale, Oulan-Oudé, à l’instar des poumons économiques russes à haut niveau d’éducation que sont Moscou et Saint-Pétersbourg, a été plus épargnée.
À trois heures de route de la métropole, à travers les forêts de bouleaux enneigées, les monts et les villages de maisons en bois, se trouve la localité d’Oust-Bargouzine. C’est la basse saison : malgré sa localisation en bord du lac gelé, la petite ville sonne creux. Les touristes y viennent plus l’été, lorsque ses plages de sable fin évoquent une tout autre latitude.
Le tourisme lié au Baïkal est aussi beaucoup plus développé sur la rive ouest du lac, dans la région d’Irkoutsk. Ici, l’asphalte manque sur les rues. L’espace public est surtout occupé par des femmes. Dans les districts ruraux de la région, la mobilisation a pris la forme d’une petite tornade.
« Tout est allé très vite, le soir même de l’annonce, ils ont distribué les lettres de mobilisation et le lendemain, 70 hommes étaient réunis sur la place centrale puis envoyés à l’entraînement », souffle Olga, réceptionniste d’hôtel.
Dans le lobby, la télévision diffuse une interview de Sergueï Lavrov sur Perviy Kanal, la première chaîne. Olga soutient mécaniquement l’opération militaire : « Il faut bien que quelqu’un défende la mère patrie », répète-t-elle. Un mantra maintes fois entendu dans la république, traditionnellement loyale au Kremlin, et en Russie, depuis un an.
À Bargouzine, une centaine d’hommes ont été mobilisés. © Photo Julian Colling pour Mediapart
Plus loin dans les terres, le chef-lieu local, Bargouzine, a été plus touché encore. À la stolovaya (cantine) centrale, où erre un seul client en camouflage, le regard de l’une des cuisinières se fige à l’évocation du conflit. « Mon propre frère a été mobilisé, il est actuellement toujours près de Kherson », murmure-t-elle avant de tourner les talons.
Bargouzine ne compte que 5 000 habitant·es mais la petite ville a pourtant vu partir pour la guerre une centaine d’hommes du canton. « Dans les villages, la plupart ne connaissent pas bien leurs droits et se rendent docilement au “voenkomat”, le commissariat militaire », commente Nadejda Nizovkina.
Dans les rues, le sujet est difficile, tabou. Les visages sont fermés, les pas rapides. Une journaliste locale nous a illico bloqué sur Telegram, une fois le contact pris et le sujet énoncé. Comme le rappelait récemment sur Facebook un observateur originaire d’Oudmourtie (Oural), ce sont dans les régions calmes, loyales au Kremlin – et pauvres – que la mobilisation, par opportunisme, a été la plus étendue et brutale.
La place centrale de Bargouzine est ornée d’un mémorial sous la forme d’un tank luisant. Tatiana, 62 ans, dont le fils de 41 ans a échappé à l’appel pour raisons de santé, accepte de discuter.
« Il n’y a plus de joie aux alentours. La mobilisation a été terrible, les gars ont été embarqués en pleine nuit, chez eux ou à leur travail, sans avis, sans lettre… Et dans quel but ? Pour rien ! Plusieurs sont déjà revenus dans un Grouz-200 [le nom de code des cercueils en zinc – ndlr]. Des types qui avaient des familles. Plutôt que la compensation reçue par une famille de défunt, je préférerais garder mon mari ou mon fils ! Il n’y a pas de quoi être fier de tout ça. Parfois, les salaires des soldats n’arrivent même pas. »
Iouri (à gauche) et son ami Sergueï, mort en Ukraine. © Document Mediapart
Bargouzine a déjà mis en terre plusieurs hommes mobilisés, dont Sergueï, 34 ans, un enfant du pays, père de deux enfants. Emmené à la hâte le premier jour, entraîné à la va-vite dans la région voisine de Tchita, « il n’a même pas tenu une semaine en Ukraine », confie, le cœur lourd, son ancien camarade de classe Iouri Potkhoïev.
Bouriate ethnique, ce dernier est un « trans-classe », parti faire carrière comme vidéaste à Moscou avant de fuir la mobilisation, à l’instar de tant d’autres. La majorité est partie en Mongolie voisine, lui s’est replié au Kazakhstan.
« Je sais que Sergueï n’était pas pour cette guerre, confie-t-il au sujet de son copain, mort seulement six jours après son arrivée dans la région de Kherson. Il était pompier des forêts, c’était un bon gars, toujours le sourire aux lèvres. Mais il n’avait pas vraiment de conscience politique, il n’a pas réfléchi et a juste fait ce qu’on lui a demandé en se rendant à sa convocation… Au moins, sa mort aura ouvert les yeux à pas mal de camarades restés à Bargouzine et qui étaient en faveur de la guerre. Ils ont enfin compris que les gens mouraient réellement là-bas, pour rien, que ce n’était pas que de la télé. »
Iouri précise que dans la ruralité russe où il a grandi, la population baigne dans le culte de la « Grande Guerre patriotique » (1941-1945) et du triomphe soviétique sur l’Allemagne nazie.
« Beaucoup de gens sont conditionnés pour penser qu’il faut aller défendre sa patrie… même si c’est dans un autre pays, l’Ukraine ! Il y a aussi, chez nous comme au Daguestan, une fierté masculine à aller se battre pour montrer qu’on est un “vrai homme”. »
Sur la place principale d’Oulan-Oudé, la statue monumentale de Lénine et le « V » de soutien à l’armée russe. © Photo Julian Colling pour Mediapart
Face au discours patriotique et militariste qui bourgeonne jusque dans les écoles en Russie, la Free Buryatia Foundation s’est donné pour mission d’ouvrir les yeux à la minorité bouriate. Il s’agit d’une association d’activistes, tous exilés à l’étranger, fondée par Alexandra Garmajapova, une ancienne journaliste bouriate pour le respecté média indépendant pétersbourgeois Fontanka.
La jeune femme a quitté le pays en 2016 à la suite de pressions et vient d’être placée sur la liste des personnes recherchées en Russie. Garmajapova avait écrit, en 2015 déjà, sur l’utilisation de soldats bouriates dans le Donbass.
Sensibilisation à l’histoire coloniale
« L’attaque contre l’Ukraine a été le déclic et notre but premier a d’abord été de sensibiliser nos compatriotes sur l’histoire – coloniale – de la Bouriatie, conquise par l’empire tsariste puis colonisée par l’URSS, explique la vice-présidente de la fondation, Victoria Maladaïeva. Nous voyons dans cette invasion la continuation d’un certain hubris impérial russe qui n’a jamais vraiment cessé. Notre langue et notre culture ont progressivement été rabotées, des larges répressions ont eu lieu à l’époque soviétique. » Depuis 2014, la langue bouriate n’est plus obligatoire dans les écoles de la république.
Victoria Maladaïeva et Alexandra Garmajapova, respectivement vice-présidente et fondatrice de la Free Buryatia Foundation. © Photo Victoria Maladaïeva (archives personnelles)
Désormais, l’organisation, en plus d’effectuer des recherches sur les décès, partage des ressources sur la Bouriatie ou des conseils pour échapper à la mobilisation. Elle revendique avoir déjà aidé des centaines de refuzniks à rompre leur contrat avec l’armée ou à quitter le pays.
L’association essaie également de battre en brèche l’image négative désormais associée à la Bouriatie, après que les soldats bouriates ont été – généralement à tort – stigmatisés comme particulièrement cruels et violents en Ukraine (lire les annexes de cet article).
Cette prise de conscience a touché Nina*, une énergique et avenante Bouriate originaire du chef-lieu Kouroumkan, non loin de Bargouzine. Elle vit désormais près de l’autre métropole du Baïkal, Irkoutsk, à 400 km d’Oulan-Oudé. Nous la retrouvons dans son van pour un entretien à l’abri des regards, sur une aire de service. À 29 ans, tout juste maman, elle conserve encore beaucoup de proches au village, en Bouriatie.
Elle a perdu son cousin en mars 2022 et compte encore cinq autres cousins en Ukraine, sous contrat ou volontaires. Ils s’étaient tous engagés avant la guerre et n’avaient aucune idée de ce qui allait advenir.
« Ma famille est très atteinte, c’était le petit dernier et ses parents sont des fantômes depuis sa mort, confie-t-elle. Mais malgré tout, la plupart continuent de se taire et de courber l’échine. J’espère que l’on assistera bientôt à un réveil national, car ce n’est pas possible de voir tant de zemlyaki (enfants du pays) mourir. J’ai mal pour le peuple bouriate. Nous ne sommes déjà plus que 400 000 dans le monde, quid de l’avenir de notre peuple si nos jeunes hommes meurent ? »
Sur les rives du lac Baïkal. © Photo Julian Colling pour Mediapart
Nina décrit elle aussi une mobilisation sous forme de rafle à Kouroumkan. « Ils ont embarqué tout le monde de nuit, à 3 ou 4 heures du matin. Les gars ont été rassemblés devant le voenkomat et ont dû attendre plusieurs heures dans la rue que ça ouvre, sans avoir été nourris, abreuvés, rien. »
Sur l’île Olkhon, la perle touristique du Baïkal où elle vit l’été, là aussi une razzia. « Tu vois tous ces types partir dans des bus et tu te dis, ils vont tous mourir là-bas. Mon amie Elvira a vu son mari de 50 ans être embarqué, elle se fait désormais un sang d’encre. Les proches n’ont que peu de contacts avec les soldats sur le front. »
Mais ce qui fait le plus enrager Nina, c’est le cynisme, selon elle, des hommes politiques bouriates, loyalistes, corrompus, qui envoient leurs congénères au front et se montrent les plus serviles face au Kremlin. Récemment, le gouverneur de Bouriatie, Alexeï Tsydanov, un Bouriate, a été conspué sur les réseaux pour avoir acheté dans un salon un tapis à l’effigie de Vladimir Poutine.
L’exil vers la Mongolie
« À l’enterrement de mon cousin, c’était insupportable de voir tous ces députés loyalistes débarquer pour “payer leurs respects”, avec leurs grands discours sur le sang versé pour la patrie. Les voir manger ce qu’on avait cuisiné… Leurs enfants à eux sont-ils mobilisés ? Pensez-vous ! C’est réservé aux petites gens. Je n’ai plus peur de les prendre à partie. »
La voix de Nina se serre : « Mon cousin n’a pas eu le temps de vivre, de construire quoi que ce soit. Ils l’ont pris et l’ont mis en terre, voilà. C’est comme s’il n’avait jamais existé. Et je suis sûre qu’un autre membre de ma famille périra là-bas. Pour le sommet, nous sommes des déchets à évacuer. »
En novembre, Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky, avait osé le terme d’« ethnocide » volontaire des minorités ethniques envoyées en priorité au front par les autorités russes, soulignant le fait qu’un Moscovite avait 275 fois moins de risques de mourir en Ukraine qu’un Bouriate. Une thèse « ethnique » impossible à prouver : la plupart des experts sollicités sur le sujet expliquent avant tout le tribut payé par les républiques russes par des raisons sociales et de pauvreté.
« On empêche depuis Moscou le développement du potentiel naturel et scientifique de la région, pointe Nadejda Nizovkina. Il s’agit de la garder sous contrôle, d’éviter toute rébellion, notamment indépendantiste. »
Affichage officiel en hommage à un soldat mort au combat. Ce type de panneau fleurit dans toute la Russie. © Photo Julian Colling pour Mediapart
La Bouriatie subit en outre depuis un an un exode de ses forces vives. Fin septembre, dans les jours suivant la mobilisation, l’attente à la frontière mongole proche atteignait plusieurs jours. Des milliers de Bouriates ont déjà quitté la région et le pays. Pourbo Dambiev, un bibliothécaire d’Oulan-Oudé, exilé lui aussi, a ouvert un centre d’accueil et d’information à Oulan-Bator, la capitale mongole.
« Au plus fort de la vague, j’avais des dizaines de visites par jour. En tout 1 800 personnes sont venues entre septembre et fin 2022, indique-t-il. Ce sont des familles, des hommes dont certains revenaient du front… Ces derniers, très marqués par la guerre, voulaient juste s’échapper à tout prix, ne plus jamais y retourner. Tous ont été bernés sur les moyens, les objectifs, les conditions. Bien sûr, cet exode est dommage pour notre terre natale. Mais beaucoup ici, dont moi, ne veulent plus retourner en Russie. »
À l’échelle du pays, le mécontentement constaté sur les réseaux sociaux après la mobilisation, notamment des mères ou épouses de soldats, est retombé. Le régime n’aura pas vacillé. La société russe s’est habituée à cet état de guerre permanent, érigé par Vladimir Poutine lors de son discours du 21 février 2023 comme nouveau modèle de société. Un modèle basé sur la mobilisation constante des esprits et des corps, un patriotisme exacerbé et une opposition totale à l’Occident.
Et alors que le groupe Wagner d’Evgueni Prigojine est venu se servir ces derniers mois dans les prisons bouriates (au moins 500 détenus recrutés), une autre vague de mobilisation est régulièrement redoutée en Russie. Nul doute que la république pourrait bien être, une nouvelle fois, en première ligne. Pendant ce temps, alors que la boucherie est plus violente que jamais dans le Donbass, au cimetière du sud d’Oulan-Oudé, les tombes se remplissent à vue d’œil.
Comme le rapportait le 22 février un média local, les autorités bouriates ont annulé les très populaires festivités de la maslenitsa, le mardi gras russe, dans trois petits cantons. En raison du trop grand nombre d’enterrements de soldats : 17 morts en une semaine.
Julian Colling