Communiqué de presse
Paris, le 06 juillet 2007
La Société des Réalisateurs de Films (SRF) proteste contre la suppression des crédits alloués à 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, lauréat du « Prix de l’Éducation nationale ». Ce film, également Palme d’Or du 60e Festival de Cannes, est un drame social et intime sur les avortements illégaux dans la Roumanie de Ceaucescu.
Le Prix de l’Education nationale récompense chaque année depuis 2003 un film pour ses qualités artistiques et son intérêt pédagogique. Il b énéficie alors de la création et de la diffusion en milieu scolaire d’un dvd-rom pédagogique destiné à faciliter l’approche et l’analyse du film.
A la suite de pressions d’associations anti -avortement, le Ministre de l’Education Nationale Xavier DARCOS a décidé d’interdire la fabrication et la diffusion de ce dvd -rom pédagogique, remettant en cause de façon illégitime le choix d’un jury composé de membres de la communauté éducative et professionnelle et présidé par l’actrice Bernadette Laffont et le metteu r en scène Marcel Bozonnet.
Alors que la nécessité d’une véritable éducation à l’image fait consensus au sein de la classe politique comme dans la société, cette décision constitue un retour en arrière d’autant plus grave que le film concerné est utile et important.
A l’heure où le droit à l’IVG est battu en brèche, tant par la suppression de moyens alloués aux structures médicales que par l’action d’associations anti-avortement, il apparaît plus que nécessaire que ce sujet douloureux derrière lequel se cachent tant de souffrances puisse faire l’objet de débats pédagogiques au sein des établissements. La contraception, l’avortement, l’égalité entre les femmes et les hommes ne doivent plus être des tabous à l’école.
La SRF demande au ministre de l’Éducation nationale :
– de reconsidérer sa décision qui s’apparente à une véritable censure contre le film et le
travail des enseignants ;
– et de respecter l’avis donné par les enseignants dûment représentés au sein du jury du
Prix de l’Education Nationale.
Contact : Laure Tarnaud- 01 44 89 99 65
Société des Réalisateurs de Films (SRF)
Courrier de l’inspectrice générale Christine Juppé-Leblond
sur la décision du 2 juillet du ministère de l’Education nationale
Paris, le 29 juin 2007
Monsieur le Ministre de l’éducation nationale
s/c de Monsieur le Doyen de l’inspection générale de l’éducation nationale
s/c de Monsieur le Doyen du groupe Enseignements et éducation artistiques
Monsieur le Ministre,
Votre conseillère, Tifenn Martinot - Lagarde m’a fait savoir par téléphone le 19 juin que vous souhaitiez interrompre le travail d’accompagnement pédagogique du film « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », Prix de l’Education, Prix de la critique internationale, et Palme d’or au festival de Cannes 2007.
Compte tenu de l’importance de cette décision et du poids de ses conséquences, j’ai demandé à T.Martinot-Lagarde, par un mail daté du 20 juin, une confirmation écrite de votre part afin de pouvoir, sans déformer vos propos, en informer rapidement l’ensemble des acteurs et partenaires de l’opération.
Il s’agit, d’une part, des 10 membres du jury, de la direction du Festival de Cannes, de la direction du Centre National de la Cinématographie, de la production et de la distribution du film (Bac films) avec lesquels nous avons engagé le travail dès l’annonce du prix, d’autre part, des enseignants de cinéma, des universitaires, critiques et experts avec qui nous préparons les fiches thématiques, le découpage du film, les analyses de séquences.
Je n’ai reçu , à ce jour, aucune réponse, aucune réaction.
Je me permets donc de réitérer très officiellement ma demande.
Le film sort en salle le 29 août, les projections de presse commencent demain, la machine est donc lancée. Il faut faire vite.
Je ne sais si votre décision est irréversible. Quoiqu’il en soit, je tiens à vous redire,
Monsieur le Ministre, que ce film ne présente aucun risque pour le public adolescent : loin d’être incitatif, il dénonce ; loin d’être complaisant, il affronte. C’est un film utile qui, à sa façon et avec une simplicité efficace, informe sur les réalités de l’avortement, et invite à la prise de conscience. Le sujet est actuel, il est vif et présent dans notre pays. Il peut et doit être abordé sans détour et sans hypocrisie. Les médecins et infirmières scolaires le savent bien. Toutes les enquêtes récentes le montrent.
Ainsi, Monsieur le Ministre, vous le comprendrez, j’assume professionnellement et personnellement le choix du jury dont les membres ont été retenus pour leurs compétences, leur sérieux et leur lucidité. Rien n’a été laissé au hasard et chacun, clairement informé des critères imposés, a voté en connaissance de cause et en conscience.
Votre décision va donc surprendre. Je n’en mesure pas l’impact.
J’attends avec impatience et intérêt votre réponse et je vous confirme, Monsieur le Ministre,
mon engagement pédagogique, ma conviction humaniste et mon attachement à la liberté d’expression.
Respectueusement,
L’inspectrice générale
Christine Juppé-Leblond
Documents
Communiqué de presse de Choisir la Vie*
28 mai 2007
Festival de Cannes : La culture de mort récompensée
Le jury du 60e Festival de Cannes a remis, ce dimanche 27 mai, la prestigieuse Palme d’Or à « 4 mois, 3 semaines et 2 jours » du Roumain Cristian Mungiu. Ce récit cru et puissant d’un avortement interdit sous le régime communiste constitue, sans nul doute, une véritable propagande pro-avortement et un danger pour les enfants scolarisés. En effet, également distingué par le Prix de l’Éducation nationale, qui récompense chaque année à Cannes un film pour « son intérêt pédagogique », ce film devrait bénéficier de la création d’un dvd-rom pédagogique « qui devrait en faciliter l’approche et inviter à l’analyse et au débat avec les élèves ». L’association CHOISIR LA VIE entend contester le choix du jury pour cette palme d’Or et émet les plus grandes craintes et réserves quant à l’usage qui serait fait de ce film, au sein des établissements scolaires, à des fins faussement qualifiées de pédagogiques, par des enseignants davantage désireux de souligner le droit que constitue l’avortement plutôt que d’en révéler la vraie qualification d’atteinte à la vie auprès de leur jeune public. CHOISIR LA VIE appelle donc chacun à faire connaître, à Madame et Monsieur les Ministres de la Culture et de l’Education
Contact presse : 06.18.47.08.97
Choisir la Vie
* Association militant contre le droit à l’avortement.