Les soldes d’été ont commencé, mercredi 27 juin. C’est un événement très attendu par de nombreux ménages, qui ont du mal à maintenir la tête hors de l’eau financièrement : c’est le moment d’habiller les enfants ou encore d’équiper l’appartement. Mais il y a les oubliés des soldes, ceux auxquels on ne pense pas, ce sont les salariés du commerce, souvent payés au Smic, aux horaires décalés (nocturnes, samedi, dimanche, jours fériés), travaillant dans de petits commerces (où ils peuvent être parfois le seul salarié), de grands magasins (avec plusieurs centaines de salariés), des commerces traditionnels de centre-ville, ou encore dans ce nouveau genre d’usine que sont les centres commerciaux de banlieue.
Pour le premier jour des soldes, mercredi 27 juin, une intersyndicale (CGT, CFDT, FO) a appelé à la grève dans les grands magasins. Plusieurs centaines de salariés ont manifesté, ce jour-là, boulevard Haussmann à Paris. Cette mobilisation, inhabituelle dans ce secteur, a été plus réussie que celle de janvier pour les soldes d’hiver, où la grève avait été peu suivie. D’ici à ce que cela devienne une habitude ! Le mouvement social touchait aussi le Bon Marché, Surcouf et les Galeries Lafayette de province (Dijon, Montpellier, Grenoble Caen). Le mouvement revendique l’arrêt des extensions d’horaires et l’augmentation des salaires de 150 euros pour tous.
Les extensions d’horaires sont une des luttes de ces prochaines années dans le commerce. Ainsi, les syndicats CGT et CFDT du centre commercial Plan de Campagne, entre Marseille et Aix-en-Provence, mènent une longue bataille juridique pour fermer le dimanche. De même, à Paris, la cour d’appel vient d’autoriser le magasin de sacs de luxe Vuitton des Champs-Élysées à ouvrir tous les dimanches, affirmant que la boutique aurait un « caractère culturel » ! C’est malheureusement une victoire de la multinationale LVMH contre les syndicats FO et CFTC. De même, contre les extensions d’horaires, les salariés ne peuvent pas compter sur le soutien de la mairie de Paris, bien au contraire... Bertrand Delanoë et son adjointe au commerce, Lyne Cohen-Solal, souhaitant faire des soldes une attraction pour les touristes étrangers et les stars, à l’image des soldes de Londres.
Les salaires - très faibles - du commerce font que beaucoup de salariés du secteur connaissent des situations précaires. Contrairement à ce que prétendent les patrons, la majeure partie des salariés n’est pas volontaire pour travailler le dimanche ; ils acceptent uniquement parce que leurs salaires sont trop bas. Le commerce est un « désert » syndical. Dans de nombreuses enseignes, la chasse aux syndicalistes est ouverte toute l’année, comme c’est le cas au Fabio Lucci de la porte de Pantin à Paris, où la direction tente de licencier une déléguée CGT, ou encore chez Virgin. Malgré la répression, se syndiquer est aussi un moyen de relever la tête au travail, d’arrêter d’avoir peur, de ne plus subir.