Les idées reposent sur une base matérielle, et c’est particulièrement vrai des idées
économiques. Mai 68 va éclater au cœur de cet Age d’or du capitalisme d’après-guerre
que l’on baptisera plus tard les « Trente Glorieuses ». On parlera aussi de « fordisme »
pour décrire cette période qui se prolongera jusqu’à la récession généralisée du milieu
des années 1970. Cependant l’année 1967 est marquée par un retournement de
conjoncture qui représente un tournant décisif aux Etats-Unis et ralentit la croissance
dans toute l’Europe. En France, ce repli contribue à expliquer le regain des luttes
ouvrières et la victoire très serrée de la droite en mars 1967. Cette récession n’efface pas
pour autant les deux réussites de l’époque : une croissance rapide qui s’accompagne
d’une progression équivalente du pouvoir d’achat moyen, et un taux de chômage qui
reste très bas.
L’Age d’or du capitalisme...
Quelques chiffres permettent de valider cette périodisation. Entre 1957 et 1973, le
pouvoir d’achat double, et le taux de chômage reste inférieur à 2 % jusqu’en 1967. A
titre de comparaison, le pouvoir d’achat n’a augmenté que de 14 % depuis le début des
années 1980 soit l’équivalent - en un quart de siècle - de trois années de progression
moyenne des « Trente glorieuses ». Quant au taux de chômage (officiel), il fluctue
aujourd’hui entre 8 et 10 %, sans parler de la précarité accrue. A ces résultats
économiques, on peut ajouter le développement vigoureux de l’Etat social (retraites,
sécurité sociale, chômage) que l’on peut mesurer par la croissance des budgets sociaux,
qui passent de 5 % du PIB à la Libération à 11 % en 1968.
Il ne faudrait pas pour autant idéaliser cette période, sinon on ne comprendrait rien à
l’explosion de Mai 68. Le tableau comporte en effet de larges zones d’ombre : la durée
du travail est en 1968 plus longue de 20 % qu’aujourd’hui, les conditions de travail sont
plus dures, et les inégalités de revenus plus marquées. Le débat sur la nature du
capitalisme est donc balisé par ces deux caractéristiques : succès économiques et
rudesse des conditions sociales. Mais la différence essentielle entre cette période et la
nôtre porte sur la malléabilité d’une société en profonde transformation : chaque
individu dispose alors de perspectives de progression en quelque sorte garanties. Andrew Shonfield écrit dans Le capitalisme aujourd’hui (1969) que « dans les pays
capitalistes occidentaux, tout le monde - le gouvernement aussi bien que l’homme de la
rue - trouve naturel que le revenu réel par habitant doive augmenter chaque année de
façon sensible ».
L’économie est l’un des domaines où une approche matérialiste de l’idéologie
dominante est la plus facile, parce que l’on peut y observer une corrélation étroite entre
les performances du capitalisme et sa propre représentation. Il faut se transporter dans le
temps pour se rappeler que l’approche keynésienne, tant décriée aujourd’hui, est alors
absolument dominante et que les néo-libéraux de l’époque sont à peu près réduits à
l’état de secte.
La vision la plus largement répandue repose sur deux idées. La première est que le
capitalisme a appris à se réguler depuis la crise des années 1930 : l’intervention de
l’Etat et les budgets sociaux jouent un rôle de « stabilisateurs automatiques » et
garantissent une croissance régulière. Le prix Nobel Paul Samuelson peut annoncer dans
son manuel Economics que, « grâce à l’emploi approprié et renforcé de politiques
monétaires et fiscales, notre système d’économie mixte peut éviter les excès des booms
et des dépressions, et peut envisager une croissance régulière ». Ce que l’on nomme
alors la « politique des revenus » assure la progression de la demande salariale et règle
donc le problème des débouchés. Le capitalisme hyper-concurrentiel que nous
connaissons aujourd’hui est relégué au magasin des ébauches inabouties, et les
idéologues officiels passent leur temps à annoncer la fin de la lutte des classes.
La seconde thèse porte sur la convergence des systèmes, entre économies
« décentralisées » et « centralisées », pour reprendre la terminologie de Raymond Barre,
alors enseignant à Sciences-Po. Les pays dits socialistes introduisent des mécanismes de
marché, tandis que l’intervention de l’Etat établit un système « mixte » dans les pays
capitalistes avancés. C’est par exemple la lecture proposée par John K. Galbraith dans
Le Nouvel État industriel (1967) ou par Shonfield : « le marché classique des manuels
d’économie, où les firmes luttent entre elles sans se soucier des conséquences possibles
que leurs actions peuvent entraîner sur le marché dans son ensemble, n’a jamais été
aussi éloigné de la réalité ».
... et sa critique
La question qui se pose alors est de savoir comment peut se développer la contestation
d’un système qui fait valoir des succès réels. On pourrait dire que les critiques du
capitalisme sont écartelées entre le dogmatisme et le modernisme. Dans le champ du
marxisme, le PCF est dominant. Il regroupe de nombreux économistes qui développent
la théorie du CME (capitalisme monopoliste d’Etat) dont la synthèse sera publié en
1971 dans leur Traité d’économie marxiste. Cette approche représente une transition
entre la version catastrophiste qui proclamait contre toute évidence une « paupérisation
absolue » - et dont le PCF vient à peine de sortir - et une approche nouvelle qui cherche
à montrer que la fusion de l’Etat et des monopoles aggrave l’exploitation et conduit à
une crise de « suraccumulation-dévalorisation », fondant ainsi la possibilité d’un large
front anti-monopoliste. La critique du capitalisme est rabattue sur une critique des
monopoles. L’apparente orthodoxie de cette position conduit à un rejet vigoureux
d’analyses néo-marxistes comme celles de Paul Baran et Paul Sweezy (Le capitalisme
monopoliste, 1968) dénoncées comme platement keynésiennes mais aussi à des analyses
impressionnistes selon laquelle les monopoles échapperaient à la loi de la valeur.
A l’autre bout de la palette critique, les « modernistes » considèrent que le
fonctionnement plus régulé du capitalisme est un acquis durable sur lequel on peut
s’appuyer pour introduire des réformes de structure débouchant sur un socialisme
moderne. Le PSU (Parti socialiste unifié) est un creuset où se confrontent ces différents
points de vue, influencés par le réformisme révolutionnaire d’André Gorz ou par
l’analyse que fait Serge Mallet des potentialités autogestionnaires de la « nouvelle
classe ouvrière ».
Rétrospectivement, l’une des approches les plus riches est celle d’Ernest Mandel qui se
fixe une double tâche. La première est celle de restituer un marxisme vivant, avec en
particulier sonTraité d’économie marxiste paru en 1962 et une brochure, Initiation à la
théorie économique marxiste, qui contribuera à ce renouveau dans les cercles militants.
Le second objectif de Mandel est de proposer une approche véritablement dialectique
combinant la compréhension des succès du capitalisme et une analyse renouvelée de ses
contradictions. Dans « L’apogée du néo-capitalisme et ses lendemains », un article paru
dans Les Temps Modernes en août 1964, il développe une analyse prémonitoire des
facteurs persistants de crise dans le fonctionnement du capitalisme contemporain ; elle
sera développée dans Le troisième âge du capitalisme dont la traduction française
paraîtra en 1976. Ces analyses vont inspirer un groupe d’économistes animé par Pierre
Salama et Jacques Valier qui lancera la revue Critiques de l’économie politique qui
restera, jusqu’à sa disparition en 1985, une référence dans le champ de l’hétérodoxie.
Face à ce capitalisme relativement performant, la critique met en avant des aspects
qualitatifs qui portent sur trois points essentiels : le rapport capital-travail, les rapports
Nord-Sud, et la « société de consommation ». Ce que l’on baptisera « Tiers-mondisme »
joue un rôle absolument déterminant : toute une génération est en effet marquée par les
révolutions anti-coloniales et par l’expérience cubaine. Il existe une continuité entre les
blessures profondes de la guerre d’Algérie et la solidarité avec le Vietnam qui prend le
relais. Les modèles cubains et chinois servent dans le même temps de référence à des
courants qui se forment à la gauche du PCF. Une abondante littérature développe le
thème du « pillage du Tiers monde » et la figure du Che devient une référence,
directement pour la jeunesse radicalisée, mais plus largement aussi dans les débats sur le
rapport au travail.
Le Che a ouvert avec deux économistes marxistes, Charles Bettelheim et Ernest
Mandel, un débat fondamental sur le rôle respectif des stimulants matériels et moraux
dans un processus de transition au socialisme. C’est au fond le même débat que l’on
retrouve, à peine transposé, dans l’opposition entre les revendications quantitatives
(augmentation des salaires) et la critique de la société de consommation qui porte des
aspirations qualitatives (égalité sociale et pouvoir de décision des travailleurs). Ce débat
n’est jamais complètement séparé d’un autre, qui porte sur les modèles de socialisme et
qui cherche à faire sauter l’assimilation forcée entre stalinisme et socialisme qui
convient aussi bien aux idéologues bourgeois (on dirait aujourd’hui néo-libéraux)
qu’aux admirateurs des démocraties populaires. Cette préoccupation sera évidemment
nourri par l’invasion de la Tchécoslovaquie par les chars soviétiques qui écrasent au
mois d’Août 1968 une expérience de socialisme démocratique.
Critique sociale ou critique « artiste » ?
Le terreau idéologique de Mai 1968 est donc un mélange complexe de renouveau d’un
marxisme vivant et d’une critique qui ne s’en réclame pas exclusivement et dénonce
l’aliénation plutôt que l’exploitation. Les contributions d’Herbert Marcuse, d’Henri
Lefevbre, des situationnistes et aussi en un sens des « operaïstes » italiens, participent
de cet élargissement. Ces influences multiples expliquent pourquoi le mouvement de
Mai 1968 mêlera de manière étroite des revendications syndicalistes et des
revendications plus larges de type autogestionnaire mettant en cause le pouvoir patronal.
Ces deux composantes seront plus tard (en 1999) baptisées « critique sociale » et
« critique artiste » par Luc Boltanski et Eve Chiapello dans Le Nouvel Esprit du
capitalisme. Mais cette opposition reconstruite a posteriori n’était pas aussi marquée à
l’époque.
On peut en donner quelques exemples à partir des programmes des partis de gauche
parus après 1968, mais avant la crise de 1974-75. Dans Le PSU et l’avenir socialiste de
la France paru en 1969, on retrouve des éléments du « Contre-plan » élaboré un an
avant 1968, et qui préconisait en même temps des mesures autogestionnaires et une
croissance dopée à 7 % par an ! Les programmes du PCF (Changer de cap, 1971) et du
PS (Changer la vie, 1972) mélangent aussi des revendications classiques (salaire
minimum, durée du travail) et d’autres qui visent à réduire les inégalités et à élargir les
droits d’intervention des travailleurs.
A côté des programmes, les luttes sociales de l’époque, dont Lip représente la figure
emblématique, portent des objectifs classiques de défense de l’emploi et d’augmentation
des salaires, mais posent aussi la question du pouvoir dans l’entreprise. La bataille pour
des augmentations de salaire égales pour tous - à l’encontre des augmentations en
pourcentage revendiquées par la CGT - introduit une dimension anti-hiérarchique qui
perpétue l’ « esprit de Mai » sur le terrain social.
La planification est un autre thème central, qui se combine avec celui de l’autogestion.
L’idée fondamentale est que la société doit se donner les moyens de maîtriser ses choix.
Les objectifs et les priorités doivent donc être définis démocratiquement, puis ces
orientations doivent être appliquées en utilisant le levier d’un secteur public élargi ou
celui d’un crédit nationalisé. Cette perspective est portée notamment par la CFDT et par
la plupart des courants d’extrême gauche. Ainsi, en 1972, Ce que veut la Ligue
communiste demande un retour immédiat aux 40h (vers les 35h), et avance la
perspective de nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs clés de l’économie.
La vision partagée à l’époque par les critiques du capitalisme a été paradoxalement
formulée par Giscard lors de la campagne présidentielle de 1974 : « au-delà de 40 % de
prélèvements obligatoires, c’est le socialisme ». On peut en effet parler d’un processus
de socialisation qui se traduit par un élargissement progressif des droits : nouveaux
droits dans l’entreprise, développement des services publics et de l’Etat social. Le
chômage commence à augmenter lentement, passant de 300 000 à 600 000 entre 1963 et
1973, tout en restant à un niveau très inférieur à son niveau actuel. Mais les chômeurs
de l’époque sont mieux traités qu’aujourd’hui, avec une indemnité qui représente 90 %
de leur salaire. La durée du travail baisse de 1850 à 1750 heures par an entre 1968 et
1974, soit autant qu’entre 1950 et 1968. La part des salaires dans la valeur ajoutée des
entreprises se maintient jusqu’en 1973 à un niveau plus élevé d’environ 6 points de PIB
par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui.
La revanche de l’économique
Ce contexte permettait de penser que la période ouverte par 68 allait se poursuivre par
d’autres moyens, sous forme d’une victoire électorale (l’Union de la gauche et son
programme commun de 1972) ou d’une crise révolutionnaire dont Mai 68 n’aurait été
que la « répétition générale », pour reprendre la formule de Daniel Bensaïd et Henri
Weber. Mais cette linéarité va être brisée sur le terrain économique, par deux
phénomènes presque simultanés : l’ouverture des frontières et l’entrée en crise. Sur le
premier point, la droite et le patronat étaient partagés entre la stratégie pompidolienne
de construction de « champions nationaux » appuyés sur les liens entre l’Etat et les
grands groupes industriels, et un redéploiement industriel tourné vers les marchés
extérieurs qui avait la faveur d’une droite plus libérale et des fractions les plus
internationalisées du patronat. Le thème avait été mis à la mode dès 1967 avec le livre
de Jean-Jacques Servan-Schreiber, Le Défi américain, et repris par des auteurs comme
le giscardien Lionel Stoleru qui publie L’impératif industriel en 1969.
L’extraversion du
capitalisme français aurait pu prendre la forme d’un processus continu, mais c’est sa
combinaison avec l’entrée en crise en 1974 qui va profondément transformer la
conjoncture politique, aussi bien qu’économique.
Toutes les composantes de la gauche vont se trouver déséquilibrées par les effets de la
crise. La gauche réformiste va réduire la voilure et se résoudre à des concessions, sur le
modèle du « compromis historique » italien. Ce recul allait contribuer à un certain
décrochage de la gauche révolutionnaire dont les réponses apparaissent essentiellement
politiques et propagandistes. En avril 1974, une brochure de la future LCR (frappée à ce
moment de dissolution) propose un Programme d’action, Face à la crise, qui avance des
mesures classiques (non aux licenciements, Smic à 1500... francs) tout en cherchant à
lancer un pont vers une perspective socialiste, autour de la notion de contrôle ouvrier.
Mais les idées ne se développent pas indépendamment des mobilisations, et la fin de
l’épopée des Lip, qui coïncide à peu près avec l’entrée en crise et la victoire de Giscard
en 1974, contribuera à limiter l’impact des propositions radicales.
La critique anti-capitaliste s’émousse. L’école régulationniste naît en 1976 avec la
parution du livre de Michel Aglietta, Régulation et crises du capitalisme. Sa trajectoire
est significative : elle se construit au départ en opposition au marxisme ossifié du PCF
et gagne une véritable hégémonie dans le champ de l’économie critique ; mais elle va
progressivement se diluer dans la recherche d’un impossible nouveau modèle social-
démocrate.
Dans ses involutions, la crise joue un rôle essentiel. Le capitalisme y répond par une
série de mutations qui le ramènent à une sorte d’état naturel. Ses prétentions à garantir
le plein-emploi et la progression du niveau de vie sont abandonnées. Les critiques du
capitalisme sont ainsi paradoxalement déstabilisées par la crise d’un système dont elles
ne cessaient pourtant d’analyser les contradictions. La perspective d’une transformation
graduelle perd toute validité, même s’il faudra l’expérience de la gauche au pouvoir
pour le constater. Il n’existe alors que deux réponses cohérentes à la crise. Celle des
capitalistes consistera à en tirer profit pour modifier profondément le rapport capital-
travail et initier une lente déconstruction du modèle social. Après quelques années de
tâtonnements keynésiens, le tournant « vers la rigueur » sera pris dès 1982. L’autre
issue possible était de franchir un pas supplémentaire dans le processus de socialisation
en choisissant de répondre à la crise par une incursion systématique dans la propriété
privée.
On sait ce qu’il en advint. La gauche réformiste a dégringolé sur la pente savonneuse
des compromis raisonnables, entraînant avec elle toutes les idées de transformation
sociale, qu’il s’agisse des nationalisations, de la planification ou de l’autogestion. Peu à
peu les thèses libérales vont prendre leur revanche sur le keynésianisme dominant avant
68 et s’établir en un véritable dogme où les lois de l’économie sont présentées comme
incontournables, et où toute tentative de les remettre en cause est dénoncée comme une
folie lourde de catastrophes.
Les idées de 1968 étaient donc porteuses d’un projet global et radical de transformation
de la société. Si elles sont venues se briser sur le nouveau cours du capitalisme - dans le
domaine économique comme dans bien d’autres - ce n’est pas en raison d’une
incapacité congénitale à dépasser une critique « artiste », opposée à une critique
« sociale ». Les causes réelles sont plutôt à chercher du côté des renoncements
réformistes face à la crise et à la montée du chômage. Les revendications quantitatives
de la critique syndicaliste (« augmentez nos salaires ») n’étaient pas suffisantes pour
affronter un tel choc. C’est plutôt l’incapacité du mouvement ouvrier de reprendre à son
compte les revendications qualitatives de la critique radicale (« le pouvoir aux
travailleurs » et pas seulement « jouir sans entraves ») qui a conduit à la régression.
Le tournant libéral ne s’est donc pas appuyé sur une récupération habile des idées de
Mai, cette « ruse du capital » dont Régis Debray parlait en 1978 dans Modeste
contribution aux cérémonies officielles du dixième anniversaire, mais plus
matériellement sur le chômage de masse, qui a permis d’enclencher une offensive
généralisée contre les salaires puis contre l’ensemble des droits sociaux.
Durant sa
campagne, Nicolas Sarkozy est allé jusqu’à affirmer que « le culte de l’argent roi, du
profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont
été portées par les valeurs de mai 68 ». Ces énormités confirment que « plus un
mensonge est gros, et plus les gens y croient », et révèlent une haine profonde inscrite
de manière quasi-génétique au plus profond de l’inconscient bourgeois. Mais elles ne
peuvent se déployer que si l’on oublie que Mai 68 a été la plus grande grève ouvrière
dans l’histoire de la France et qu’elle était porteuse d’une volonté de transformation
sociale qui ne se limitait pas à une « révolution des moeurs ». Aujourd’hui, la réalité du
capitalisme est lourde d’une critique des fondements mêmes de ce système. Le chemin
sera sans doute long, mais les mouvements à venir ne manqueront pas de retrouver et
actualiser les utopies concrètes de Mai 68.