“Des organisations d’extrême droite hindoues ont appelé à un boycott économique des entreprises musulmanes et à l’éloignement des musulmans des villages après des violences communautaires meurtrières dans l’État indien de l’Haryana [dans le nord du pays]”, indique Al-Jazeera sur son site Internet. Le 31 juillet, des violences religieuses avaient éclaté dans cet État qui borde la capitale, New Delhi.
Une procession, organisée par le Vishva Hindu Parishad (VHP), une organisation extrémiste hindoue, avait été attaquée, provoquant des violences au cours desquelles six personnes sont mortes. Les échauffourées s’étaient répandues dans les villes voisines, comme Gurgaon, où une mosquée a été incendiée et un clerc musulman d’une vingtaine d’années tué.
Depuis, les groupes extrémistes hindous n’ont cessé d’appeler au boycott de la communauté musulmane. Dans la ville de Hansi, toujours dans l’État de l’Haryana, un membre du Bajrang Dal, organisation de jeunesse du VHP et bras armé de ce dernier, a été “entendu lançant un ultimatum aux entreprises locales leur enjoignant de licencier tout employé musulman travaillant pour elles”.
“Inacceptable” pour la Cour suprême
“Pour tout commerçant qui emploie un musulman dans son magasin, nous collerons devant leurs établissements des affiches appelant à leur boycott et nous les considérerons comme des traîtres de notre communauté”, a-t-il déclaré via un haut-parleur alors qu’il circulait dans un tuk-tuk, indique la chaîne qatarie. Une plainte a été enregistrée contre cet homme.
Depuis le début du mois d’août, plus de 50 conseils de villages dans cet État ont publié des déclarations indiquant qu’ils avaient décidé d’interdire l’entrée de commerçants musulmans dans la région, à la suite des “atrocités commises contre les hindous à Nuh”.
Dans la ville de Hansi, une centaine de musulmans ont quitté leur appartement en raison des menaces et appels au boycott économique par ces groupes d’extrême droite, rapporte le site d’information indien Newslaundery. La Cour suprême a jugé que ces appels étaient “inacceptables”. En dépit des tensions, la procession organisée par le VHP et d’où les violences sont parties pourrait reprendre à la fin du mois d’août, rapporte The Times of India.
“Un schéma de violence structurelle”
“Nous n’avons besoin de la permission de personne pour faire notre procession. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger notre religion. Advienne que pourra”, a déclaré, le 13 août, un membre d’une organisation extrémiste déjà poursuivi pour avoir tenu des propos haineux.
L’avocate Shahrukh Alam, qui a récemment porté la question des discours de haine devant les tribunaux, a jugé que les appels au boycott économique contre les musulmans faisaient “partie d’un schéma de violence structurelle à leur endroit”, ajoute Al-Jazeera.
“Ces demandes supposent en quelque sorte que les musulmans ont moins de droits dans ce pays que les citoyens des autres religions, et qu’ils peuvent donc être chassés des villes et des districts. De plus, de telles demandes violent l’intégrité et la sécurité de la nation indienne. Ils violent les droits fondamentaux garantis par la Constitution indienne”, a déclaré Shahrukh Alam.
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