Introduction
Est-Ensemble Grand Paris est un Etablissement public territorial (précédemment appelé Communauté d’agglomération). En son sein Cécilia Mondet est cheffe de projet biodiversité et sensibilisation pour le Pôle Nature en Ville de la Direction de l’environnement et de l’écologie urbaine.
Est-Ensemble ouvre un marché visant à missionner un prestataire pour à la fois actualiser et compléter le plan de gestion du parc des Beaumonts. Le précédent plan de gestion avait été réalisé par la ville de Montreuil pour la période 2008-2013. Le prochain plan de gestion doit couvrir les dix ans à venir. Dans ce cadre, le prestataire devra :
• Réaliser un état des lieux suffisant à l’actualisation du plan de gestion sur les thématiques liées à la gestion passée et actuelle, à la faune et à la flore, aux milieux naturels, au paysage, à la fréquentation et aux usages.
Pour cela il s’appuie sur les connaissances des gestionnaires actuel (Est-Ensemble) et passé (ville de Montreuil), sur des données publiées dans les bases de données publiques gratuite ou payante (Géonature Idf, Faune Ile-de-France, OBDU…), les connaissances produites par les naturalistes effectuant régulièrement des suivis sur le parc, la connaissance orale et la production de nouvelles données quand nécessaire (cf mission 2). Il mettra à jour le diagnostic synthétisant les enjeux du site.
• Proposer différents scénarios ou solutions pour les dix ans à venir.
• Mettre à jour le plan d’actions, de façon détaillée et opérationnelle.
• Assister et animer les réunions.
• Réaliser des inventaires écologiques au parc des Beaumonts à intégrer à l’actualisation du diagnostic.
L’ensemble du document CCTD comprend 15 pages, mais il inclus d’autres parcs gérés par Est-Ensemble.
Notes adressées à Mme Cécila Mondet
Tout d’abord, je trouve votre CCTD très bien fait. Vraiment. Merci.
Voici quelques remarques.
Le zonage
Vous notez que « d’après le plan de gestion 2008-2013 (…), le parc se divise en trois grands ensembles. L’espace du « Bel air » (6 ha) situé sur le plateau et géré en espace vert « traditionnel », c’est-à-dire en grandes surfaces planes de pelouses tondues, parsemées d’arbres isolés et de haies. L’espace « Mabille » (5 ha) en terrain vallonné, composé de pelouses entretenues et d’arbres isolés, et cerclé par la zone boisée du parc. L’espace « naturel » (11 ha) avec une friche située sur le plateau et quelques mares. »
Peut-être serait-il bon de traiter spécifiquement le coteau raide qui borde le cimetière. Il est notamment riche en orthoptères et probablement aussi en d’autres taxons (araignées, hétérocères…).
Un détail : selon un relevé assez récent, le parc des Beaumonts couvrirait 24 hectares, et non 22.
La disponibilité des données
A l’avenir, toutes les données devraient se retrouver sur GéoNature Ile-de-France (GéoNat), mais c’est encore loin d’être le cas (la mise en ligne peut prendre du temps). J’ai pour ma part envoyé quelque 60.000 données concernant l’Ile-de-France (tous taxons concernés). David Thorns a fait de même (oiseaux).
Mes données transmises à GéoNat proviennent de Faune-Ile-de-France et Faune-France, mais je ne leur ai envoyé que les taxons qui sont correctement suivis (enregistrement de toutes les espèces et validation active), à savoir : oiseaux, chiroptères, autres mammifères, amphibiens, odonates, lépidoptères, hétérocères, orthoptères, mantes, coléoptères, araignées.
En revanche, à leur demande, je n’ai pas envoyé les taxons où beaucoup d‘espèces ne sont pas listées (et doivent donc être enregistrées comme « indéterminées »), en particulier les punaises. Je n’ai pas envoyé non plus les données de mollusques et diptères, mais la gestion de ces listes est globalement bonne (mollusques) ou en amélioration très nette (diptères). Concernant ces taxons, il me faut encore enregistrer des données anciennes. Enfin, les listes LPO (réservées à la faune) ne couvrent pas tous les taxons.
Je vais vous envoyer fin août-début septembre (en me limitant au parc des Beaumonts) tous les taxons, même quand bon nombre d’espèces observées ne sont pas encore listées (étant qualifiée en conséquence de non identifiée). L’espèce, quand elle est identifiée, est indiquée en commentaire et le bureau d’étude pourra les prendre en compte (voire juger de leur exactitude, car elles sont généralement accompagnées de photos…). [près de 30.000 données concernant le parc ont été envoyées début septembre].
Depuis l’an dernier, André et moi mettons aussi beaucoup de nos observations sur GéoNat où quasiment toutes les espèces animales et végétales sont listées. Elles sont donc consultables.
Ornithologie
De façon générale, le suivi ornithologique régulier remonte à 30 ans, avec une succession d’observateurs « pivots » (Laurent Spanneut, David Thorns…). Je suis le seul à couvrir toute la période, sans être cependant le plus qualifié et je consacre maintenant moins de mon temps aux oiseaux. Avec le retour partiel en Grande-Bretagne de David Thorns, nous nous retrouvons pour la première fois sans observateur « pivot » ; mais il revient épisodiquement et d’autres observateur.es fréquentent dorénavant le site, si bien que la couverture « oiseaux » du parc se poursuit.
Ce suivi sur une longue période doit aider à analyser l’intérêt du parc, en particulier concernant :
La présence d’espèces « campagnardes » sur un site de la petite couronne.
L’évolution des populations d’espèces communes – étant entendu que certaines espèces communes (bruant zizi…) ou très communes (moineau friquet…) ont disparu ; les données collectées permettent de suivre année après année leur déclin.
Il est possible qu’avec le réchauffement climatique, des hivernants communs (plus ou moins réguliers) comme les grives mauvis et litornes se fassent de plus en plus rares (l’hiver dernier, la litorne était quasi absente).
L’apparition de raretés régionales, voire nationales : il s’agit de migrants qui cherchent où se poser lors de la longue traversée de la région parisienne et qui trouvent les Beaumonts. Ces données font sens, car elles illustrent la fonction d’ilot, ou d’oasis du parc au milieu du désert urbain (et dont profitent bien d’autres migrateurs, communs). Son attrait doit-être d’autant plus grand que le parc est visible de loin, en bordure du plateau.
Cerise sur le gâteau, le parc est aussi l’un des meilleurs points d’observation de la migration à Paris-banlieues proches. Ces derniers temps, David Thorns a assuré (grâce à la pose d’un micro, quand le temps le permet) l’enregistrement auditif des passages nocturnes, ce qui a permis d’améliorer considérablement la connaissance du flux migratoire (certaines espèces pouvant aussi se poser la nuit).
Enfin, le parc représente un énorme garde-manger pour la faune des environs et d’eau par temps de sécheresse (quand la mare perchée reste alimentée).
De façon générale, le nombre d’espèces relevé a augmenté, mais les effectifs se sont souvent effondrés.
Insectes
Le suivi « insectes » a commencé il y a quinze ans (les données antérieures sont fragmentaires), avec la venue d’André Lantz et de Thierry Laugier, portant sur les papillons, mais « débordant » rapidement sur les odonates, les mouches (en particulier les syrphes), etc.
Une première liste des Lépidoptères du parc, dressée par André Lantz et Thierry Laugier a été établie en 2008. Depuis, trois articles ont été consacrés au parc des Beaumonts dans le revue lépidoptérologique Oreina : le premier en 2010 Oreina n°11 (André Lante et Thierry Laugier) : 30-36, le second en 2012 n° 18 : 17-20 (André Lantz), le troisième en 2017 n° 37 : 29-35 (André Lantz). Un quatrième article d’André, sur les hétérocères, est en préparation pour cette année 2023 ou pour le début de 2024.
André pourra fournir une liste des espèces (réputées) les plus rares, en ce qui concerne en particulier les hétérocères. Ces derniers me paraissent constituer un indicateur de biodiversité à prendre pleinement en compte et leur rôle de pollinisateurs est très important, bien que mal étudié.
Depuis l’an dernier, dix séances nocturnes à la lampe à UV (sur draps blancs) ont été effectuées près de la mare perchée (la dernière le 12 août). Le gros des observations réalisées concerne les hétérocères, mais d’autres taxons se manifestent évidemment aussi (dont des hémiptères). Ces séances ont considérablement augmenté la liste des espèces d’hétérocères fondée sur les observations réalisées de jour.
La prochaine séance aura lieu en septembre. Entre l’export [réalisé] début septembre et ce qui sera alors sur GéoNat, l’essentiel des données existantes sera consultable.
Depuis le départ de Laurent Spanneut, le suivi des orthoptères s’avère très inégal, meilleur (ou moins mauvais) pour les sauterelles, catastrophique pour les criquets (je suis sourd aux cris/chants des criquets, ce qui rend difficiles leur localisation et leur identification). C’est l’un des principaux points faibles qu’il faut combler.
Le suivi des odonates [libellules] est plus consistant, mais là encore, il reste beaucoup à faire.
Le suivi des coléoptères reste aléatoire, avec un mieux : les séances nocturnes aux UV, en bordure de la mare perchée, ont permis d’ajouter quelques espèces. Il n’y a jamais eu, à ma connaissance, de prospection systématique du parc en ce domaine.
Concernant les diptères [mouches], les données rassemblées sont en général fragmentaires, mais parfois assez systématiques, comme pour les syrphes.
Les données d’hyménoptères que j’ai pu fournir sont rares. Quentin Rome, notamment, pourrait fournir des données plus systématiques.
Pour tous les autres ordres d’insectes, aucune ou très peu de données ont pu être enregistrées.
Chiroptères
Les données enregistrées de chauve-souris sur FIdF sont très parcellaires (et surtout des sp.), pourtant il existe une masse de données qui n’ont pas encore été exploitées.
Alexis Martin possède de très nombreux enregistrements audios effectués dans le parc ou en bordure (sur son balcon), mais il n’a pas encore pu introduire ses données sur Faune-IdF (ou sur une autre base). Il devrait pouvoir le faire d’ici la fin de l’année. Le bureau d’étude devra évidemment le rencontrer.
Amphibiens
Les amphibiens font aussi partie des taxons suivis par Alexis Martin et pour lesquels une mise à jour est nécessaire.
Mollusques
Le travail de base sur les mollusques du parc a été réalisé par Quentin Wakhenheim.
Je dépends largement de lui pour les identifications et, par ailleurs, je ne tamise pas le sol et la majorité des (micro) mollusques me sont invisibles.
Avec son aide, j’ai fait une première mise à jour des, données « mollusques » en ma possession, et j’espère pouvoir remonter plus avant dans le temps cet hiver
Il y a cependant pas mal d’espèces déjà enregistrées sur GéoNat (en particulier sur le Mur peint).
Ici aussi, la venue du bureau d’étude peut être l’occasion pour Quentin d’une mise à jour (et pour d’autres que lui de tamiser…).
Champignons
Les champignons font aussi partie du « bagage » d’André Lantz (dont je suis tributaire). Ceux du parc des Beaumonts sont en majorité des saprophytes lignicoles. Nous pouvons placer nos observations sur GéoNat, mais de toute façon le bureau d’étude pourra faire le point en ce domaine avec André.
Flore
Pour la flore, je n’ai rien à dire. Voir notamment avec Emir Kort. André Lantz sera fort utile pour les associations insectes-plantes et champignons-plantes.
Les lieux d’intérêt particulier
En plus du zonage général, il faudrait vérifier, avec Emir Kort, à quels espaces le bureau d’étude devrait apporter une attention « ciblée » particulière, comme la zone de la mare perchée ou ce que j’appelle le « rectangle » (la zone de fauche alternée le long du lycée horticole et sa haie de lierre).
Il y en a d’autres à recenser, dans le détail…
Remarque générale : moi-même, je ne capture pas (au filet) les insectes, ou je ne collecte pas les mollusques (ce que feront si nécessaire d’autres collègues sur le site), je ne fait pas d’enregistrement audios. Cela n’est pas partie dans mes « qualifications ». Pour les identifications qui ne vont pas de soi, tout dépend donc de la qualité de mes photos (qui laisse souvent à désirer). Je reste un amateur.
Tout cela est écrit au fil de la plume…
En espérant que cela sera utile.
Cordialement,
Pierre Rousset