La température d’environ 28°C en début de soirée a baissé jusqu’à 24°C vers 1h du matin le 11. Pas de vent et ciel clair. Pas de rosée comme lors de la séance d’août.
Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts-Nature en Ville (BneV) et ESSF.
Les observations et photographies ont été réalisées sur un drap blanc éclairé par une lampe LepiLED (lampe à diodes électroluminescentes), sauf mention contraire.
Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères ont également été attirés par ces radiations lumineuses, essentiellement ceux d’Hétéroptères (punaises), Coléoptères, et quelques tipules.
Cette séance fut à la fois assez riche en nombre d’imagos, une quarantaine, et aussi en nombre d’espèces : plus de 25 lépidoptères.
Nous nous attacheront particulièrement aux espèces qui n’avaient pas encore été répertoriées au parc ou dont leur présence n’avaient été notée qu’une seule fois
LÉPIDOPTÈRES
A - Géomètres :
Pas de nouveauté en ce début du mois de septembre.
Environ 4 Horisme jumeau Horisme radicaria
Horisme jumeau, Horisme radicaria, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Plusieurs Brocatelle d’or Camptogramma bilineata
Largement répandue et commune. L’adulte vol de mai à octobre en France.
Brocatelle d’or, Camptogramma bilineata, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
1 fausse-Eupithécie Gynoscellis rufifasciata
Probablement présente dans toute la France, un peu partout y compris près des habitations.. Adulte volant de mars à novembre.
fausse-Eupithécie, Gynoscellis rufifasciata, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Quelques Céladon : Campaea margaritata .
Présent presque partout en France. L’adulte est visible en deux générations : entre mai-juin, puis aout-septembre. Le Céladon est de couleur ivoire à vert clair. Les ailes antérieures sont traversées par deux lignes blanches bordées de vert olivâtre et peuvent présenter une petite marque rouge vif à la pointe. Les ailes postérieures ne présentent qu’une seule ligne de même type. La marge des ailes postérieures est anguleuse.
Céladon : Campaea margaritata, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
B - Noctuelles
– la Noctuelle de Duméril Luperina dumerilii (Duponchel, 1836) est une espèce de taille moyenne d’envergure de 25 à 32mm. L’aile antérieure présente une aire crème délimitée par une ligne postmédiane oblique. L’imago vole d’août à novembre. Actuellement implantée dans presque toute la France sauf dans les départements du Nord-Est, c’est une espèce est migratrice vers le nord de la France. Espèce modérément commune : « Noctuelle localisée, présentant des populations peu denses ; surtout dans les localités chaudes. Parfois en ville » Mothiron,1997
La noctuelle de Duméril Luperina dumerilii, cliché André Lantz, Beaumonts le 11 septembre 2023
La chenille vit sur les racines de graminées. Une seule observation avait été précédemment faite, le 24 septembre 2021. Au moins 4 adultes se sont posés sur le drap lors de cette session. La forte chaleur de l’été a sans doute entraîné la remontée des populations vers le nord.
– La Xanthie topaze Atethmia centrago (Haworth, 1809) est une jolie espèce vivement colorée. Son nom vernaculaire provient de sa couleur jaune. Considérée comme commune, elle n’avait pourtant pas encore été observée sur le site. Cette espèce est tributaire du Frêne, présent au parc des Beaumonts, sur lequel se nourrit sa chenille. L’imago vole de août à octobre.
La Xanthie topaze, Atethmia centrago, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023.
La Xanthie topaze, Atethmia centrago, clichés André Lantz, Beaumonts 10 septembre 2023
La Xanthie topaze, Atethmia centrago, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Ces trois imagos illustrent les variations de coloration et de dessins existant pour une même espèce.
– La Noctuelle de l’Ansérine Anarta trifolii (Hufnagel, 1766) est également une espèce « nouvelle » pour le parc. Les motifs de l’aile antérieure sont bien caractéristiques. Les postérieures sont blanchâtre avec un liseré gris. L’Ansérine est un autre nom vernaculaire du Chénopode, plante commune de la famille des Amaranthacées. « Répandu partout et pas rare, y compris dans les villes. Vole de juin à septembre , effectifs maxima en août. » Mothiron, 1997. Curieusement la dernière observation en Seine-Saint-Denis de cette espèce date de 1969 ! (selon le site Lépi’Net de Philippe Mothiron et Claire Hoddé).
La Noctuelle de l’Ansérine, Anarta trifolii, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023
La Noctuelle de l’Ansérine, Anarta trifolii, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– La Noctuelle cythérée, Thalpophila matura (Hufnagel, 1766) n’avait été notée qu’une seule fois, de jour, sur le parc, en 2013. Un exemplaire s’est posé en début de nuit lors de cette session. On peut noter la coloration caractéristique des ailes postérieures de cette noctuelle : jaune bordée de noir. Le dessin des antérieurs est également bien prononcé et caractéristique pour cette espèce facilement déterminable. « Très répandu et généralement fréquent, sauf dans la banlieue où il se rencontre beaucoup plus sporadiquement. Particulièrement commun dans les prairies sèches ou mésophiles ». Une seule génération en août-septembre, « rare dans Paris et sa banlieue ». (Philippe Mothiron 1997)
La Noctuelle cythérée, Thalpophila matura, Cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023
La Noctuelle cythérée, Thalpophila matura, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Autres espèces observées :
– Bryophile vert-mousse, Cryphia algae : 4 individus
Se trouve un peu partout en France. L’adulte vol de juillet à septembre.
La Bryophile vert-mousse, Cryphia algae, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– Le Manteau à tête jaune Eilema complana : 2 individus
Synonyme : Lithosie aplatie. Elle ressemble à la Lithosie complanule (ou Lithosie plombée), Eilema lurideola, photographiée durant notre « nocturne » des 16-17 juillet 2023, cependant chez cette espèce, outre le jaune prononcé de la tête, les ailes s’enroulent légèrement sur le corps au repos. Pour la L. complanule elles restent plates.
Présente dans toute l’Europe (sauf l’extrême Nord) jusqu’en Asie. L’adulte fréquente les boisements de feuillus et vole de juin à septembre selon les endroits, en une génération. La chenille se nourrit de ronces, algues et lichens.
Le Manteau à tête jaune, Eilema complana, cliché André Lantz, Beaumonts le 10 septembre 2023
Le Manteau à tête jaune, Eilema complana, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– Le Hibou, Noctua pronuba :2 individus
– le Casque Noctua janthina : 4 individus
– La frangée Noctua fimbriata : 1 individu
Grande noctuelle difficile à repérer dans la journée, mais elle est attirée par la lumière. Présente dans toute la France. Les adultes volent de mai-juin à septembre.
La frangée, Noctua fimbriata, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– L’Hydrille domestique Proxenus hospes : plusieurs individus
Petite noctuelle d’envergure ne dépassant pas 30mm. Aile antérieure sans ornementation. postérieure blanche. La chenille vit sur diverses plantes basses. Migrateur qui a fait une remontée vers le Nord suite au réchauffement climatique. vole de mars à juin puis de août à octobre en 2 générations.
L’Hydrille domestique, Proxenus hospes, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– La Trimaculée, Xestia xanthographa : plusieurs individus
Présente dans toute la France, généralement commune. La chenille se développe sur diverses plantes basses , des graminées et le jeune feuillage de de saules et de chênes. L’adulte vole d’août à septembre.
La Trimaculée, Xestia xanthographa, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Les deux taches claires de l’aile antérieure sont bien présentes : la réniforme (en forme de rein) quadrangulaire blanchâtre est bien nette, l’orbiculaire est estompée.
– La Troënière, Craniophora ligustri : 1 individu assez frotté.
– La Pyramide, Amphipyra pyramidea : 1 individu
C - Pyrales
Pas d’espèces nouvelles.
– La fausse teigne des Thérésiens Lamoria anella (Denis & Schiffermüller, 1775) : 3 imago
– L’Eudorée pâle Eudonia pallida (Curtis, 1827) : 2 imago
C’est l’une des plus petites espèces du genre Scopariinae. L’adulte vole d’avril à la fin septembre.
L’Eudorée pâle, Eudonia pallida, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
L’Eudorée pâle, Eudonia pallida, cliché André Lantz, Beaumonts le 10 septembre 2023
– L’Eudorée anguleuse, Eudonia angustea : 1 imago
Petite noctuelle d’envergure ne dépassant pas 30mm. Aile antérieure sans ornementation. postérieure blanche. La chenille vit sur diverses plantes basses. Migrateur qui a fait une remontée vers le Nord suite au réchauffement climatique. vole de mars à juin puis de août à octobre en 2 générations.
L’Eudorée anguleuse, Eudonia angustea, cliché Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– Le Crambus des friches, Agriphila geniculea ((Haworth, 1811) était représenté par plusieurs spécimens.
Le Crambus des friches, Agriphila geniculea, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
Présent partout en France. L’adulte vol de juillet à octobre.
– La Pyraustre de la menthe Pyrausta aurata (Scopoli, 1763) : 1 imago
Présente dans toute la France. L’adulte vole en deux générations d’avril à fin septembre.
La Pyraustre de la menthe, Pyrausta aurata, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
–La Phycide incarnat Oncocera semirubella : 1 individu
Présente dans toute la France.L’adulte vole de juin à octobre.
La Phycide incarnat, Oncocera semirubella, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
D - Tordeuses
– Le Carpocapse des châtaignes Cydia splendana (Hübner, 1799) a de nouveau été observé.
Vole en soirée de juillet à octobre.
Le Carpocapse des châtaignes, Cydia splendana, clichés Pierre Rousset, Beaumonts le 10 septembre 2023
– Clepsis consimilana (Hübner, 1817).
Vole de juillet à octobre.
– Spatalistis bifasciana
Une espèce nouvelle pour le parc et la Seine-Saint-Denis a été découverte lors de cette nuit, Spatalistis bifasciana (Hübner, 1787). Espèce peu commune, elle semble n’être répertoriée en France que dans quelques départements. L’imago [adulte] est brunâtre avec des parties jaunes vers le milieu de l’aile antérieure et à l’apex. Des lignes argentées s’étendent sur les ailes et sont plus ou moins visibles selon l’orientation de la lumière.
Sa chenille s’alimenterait de plusieurs plantes, feuilles sèches ou fruits. Le chêne, le nerprun, le cornouiller sont cités par plusieurs auteurs.
Tordeuse Spatalistis bifasciana, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023
E - DEPRESSARIIDAE
–Le Phibalocère du hêtre Carcina quercana (Fabricius , 1775). Cette espèce a été placée dans différentes familles au cours du temps
Elle est très caractéristique. Les ailes antérieures recouvrent complètement les postérieures blanches. Leur coloration rose et brun clair est typique. Cette espèce possède des antennes aussi longues que les ailes. La chenille s’alimente en construisant un tunnel de soie sur les feuilles. Elle consomme divers feuillus : Chênes, Hêtres, Poirier, Erables… d’où le nom latin et le nom vernaculaire de l’espèce.
On peut rencontrer de jour l’adulte en sous-bois. il s’envole s’il se sent dérangé.
Le Phibalocère du hêtre, Carcina quercana, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023.
Je l’ai trouvé de jour à plusieurs reprises au parc des Beaumonts en sous-bois. C’est la première fois qu’un imago de cette espèce est attiré par la lumière.
F - GRACILLARIIDAE
Cette famille regouppe des papillons de petite taille, les microlépidoptères. Les chenilles sont mineuses dans les feuilles.
Dialectica scalariella
Dialectica scalariella (Zeller, 1850) est une jolie espèce bien contrastée. Son envergure ne dépasse pas 1 cm. La tête et le thorax sont blanc pur, La bande blanche dorsale de l’aile antérieure présente des ondulations sur un fond brun. On note la présence de sties fines au niveau de l’apex. Les pattes sont blanches avec des partie noires. La position de repos des papillons se caractérise assez souvent das cette famille par une incinaison du corps par rapport au support. les papillons prennent appui sur leus pattes antérieures. Les chenilles de cette famille sont mineuses car elles vivent à l’intérieur des feuilles. Cette espèce se nourrit de plantes de la famille des Boraginacées. Au niveau de la mare perchée on peut justement observer de nombreux pieds de Vipérine (Echium vulgare).
Cette espèce réside dans l’Europe méridionale et n’était connue en France que de la moitié méridionale.
La donnée la plus au nord est proche de la ville de Tours. Le réchauffement climatique a peut être étendu son aire de répartition.
Ornice à échelons, Dialectica scalariella, cliché Pierre Rousset, Beaumonts, 10 septembre 2023
COLÉOPTÈRES
Charançons
Quelques charançons se sont posés sur le drap mais non déterminables d’après une simple photographie.
L’espèce ici représentée pourrait être le Balanin des noisettes Curculio nucum.
Charançon, clichés Pierre Rousset, Beaumonts, 10 septembre 2023
Nécrophore des rivages Necrodes litteralis
Nous avons aussi retrouvé un imago du Nécrophore des rivages Necrodes litteralis . Les adultes de cette espèce peuvent vivre quelques mois. Il n’est pas impossible que ce soit le même individu que celui attiré à la lampe la nuit du 16 au 17 juillet de cette année. Sur la photo ci-dessous on remarquera la couleur ocre des derniers segments antennaires caractéristique de cette espèce.
Nécrophore des rivages, Necrodes littoralis, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023.
Plusieurs coccinelles dont :
– La coccinelle asiatique Harmonia axyridis
– Une coccinelle à 16 points Halyzia sedecimguttata
La coccinelle à 16 points, Halyzia sedecimguttata, clichés Pierre Rousset, Beaumonts, 10 septembre 2023
DIPTÈRES
Plusieurs Tipule potagère, Tipula oleracea ont été attirées.
La Tipule potagère, Tipula oleracea, cliché Pierre Rousset, Beaumonts, 10 septembre 2023
HEMIPTÈRES
Une seule punaise verte Paloma prasina
La punaise verte, Paloma prasina, cliché Pierre Rousset, Beaumonts, 10 septembre 2023
HOMOPTÈRES
Le Cercope de l’Aulne Aphrophora alni a déjà été observé de jour à plusieurs reprises dans le parc.
Cercope de l’aulne, Aphrophora alni, cliché André Lantz, Beaumonts 11 septembre 2023
Comme les autres cercopes sa larve se dissimule dans un « crachat de coucou ». Elle se développe sur les arbres ou les arbustes.
– La cicadelle Hischimonus sp
La cicadelle Hischimonus sp, trouvée sur le trépied de la lampe est une espèce invasive.
imago de la cicadelle Hischimonus sp, cliché André Lantz, Beaumonts, 10 septembre 2023.
Au moins deux espèces de cicadelles de ce genre d’origine asiatique auraient été introduites avec des végétaux d’importation en France dans les années 2007. La détermination des espèces ne peut se faire qu’ au moyen de l’observation des genitalia des mâles. C’est la première fois qu’elle est notée sur le parc des Beaumonts. Les cicadelles sont des insectes piqueurs et suceurs de la sève des végétaux. Une pullulation peut conduire à des ravages dans certaines cultures.
André Lantz, avec le concours de Pierre Rousset le16 septembre 2023
Littérature consultée :
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France II. Géomètres 2001, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 21 d’Alexanor.
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France III. Bombycoïdes 2010, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 21 d’Alexanor.
– Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2009
– Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2019
– Papillons de nuit d’Europe, volume 3 Pyrales 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2012
– Papillons de nuit d’Europe, volume 4 Pyrales 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2013
– Papillons de nuit d’Europe, volume 7 Microlépidoptères 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023