L’assemblée du 14 avril 2007 de la Gauche critique à Rome a lancé un « pacte de l’opposition sociale ». Au premier plan de celui-ci, le non à la guerre, le non à la venue de Bush à Rome, la participation à la Gay Pride et le soutien aux luttes contre la dévastation de l’environnement. Face à la réorganisation de la gauche, elle a proclamé qu’« il est temps de travailler pour un construire nouveau sujet politique ».
« Si le futur de la gauche c’est un Parti démocrate auquel est inscrit Montezemolo [1] et une refondation socialiste à l’enseigne de Mitterrand, nous pensons décidément qu’on a besoin d’un nouveau sujet politique. » C’est ce qu’ont dit Salvatore Cannavò et Franco Turigliatto, respectivement député PRC et sénateur de ce parti, au nom de la Gauche critique en ouvrant et en clôturant cette assemblée organisée par leur association.
Devant plus d’un millier de militants, les deux parlementaires de la Gauche critique ont mis l’accent sur l’incapacité de la gauche italienne telle qu’elle se restructure actuellement de servir de porte-parole aux revendications des mouvements. « Au contraire, les forces se réclamant de la gauche radicale sont des entraves aux mouvements, comme en témoigne toute leur activité au cours de l’année écoulée. Avez-vous vu cette gauche radicale soutenir une « exit strategy » [stratégie de sortie] de l’Afghanistan ? », demandait Franco Turigliatto.
L’assemblée a été l’occasion pour proposer aux nombreuses forces sociales, syndicales et politiques invitées par la Gauche critique l’idée d’un « pacte » des mouvements, pour unir et coordonner les luttes sociales, les combats régionaux et les grandes mobilisations. « Nous pourrions par exemple organiser un digne accueil à Bush », a proposé en ouverture des travaux Salvatore Cannavò, en se référant à la visite du président des États-Unis en Italie, prévue pour les premiers jours de juin. Cette proposition a été reprise dans de nombreuses interventions.
Au sein de l’assemblée on remarquait la participation de Giorgio Cremaschi, secrétaire général du principal syndicat des métallos, la FIOM, de Luca Casarini et de Piero Bernocchi, représentants des comités No Tav [contre le train à grande vitesse à travers les Alpes] et No Dal Molin [contre l’agrandissement de la base militaire à Vicenza], mais aussi des représentants des étudiants, les féministes de Facciamo Breccia [Faisons la brèche], celle du député européen Giulietto Chiesa, des syndicalistes du SDL et de l’USI [2], de Tommaso Di Francesco, journaliste du quotidien Il Manifesto, et bien d’autres.
A l’ouverture des travaux, intervenant au nom de l’association Emergency ( [3], Vauro [4] a réclamé l’engagement du gouvernement pour la libération de Rahmatullah Hanefi [5] et a annoncé, avec le soutien d’un tonnerre d’applaudissements de la salle, une première mobilisation le vendredi 20 avril à Rome, place Farnese. La présence d’Emergency a été particulièrement souhaitée par les organisateurs pour mettre à la disposition de l’association dirigée par Gino Strada une première et tangible solidarité concrète. Vauro a expliqué que c’était l’horreur de la guerre, la vocation humanitaire d’Emergency, sa résolution à sauver les vies humaines qui ont poussé l’association de Gino Strada de se mettre à la disposition pour libérer Mastrogiacomo et ses collaborateurs. Il a souligné son refus de la guerre « sans si et sans mais ». « Je me reconnais pleinement dans le thème de cette assemblée — Incompatibles avec la guerre — parce qu’il représente ce que Gino Strada et Emergency ont représenté jusqu’à maintenant », a-t-il conclu.
En concluant les travaux de l’assemblée, Franco Turigliatto a réaffirmé la nécessité de s’opposer au gouvernement Prodi et à ses politiques poursuivant les attaques contre le monde du travail et la guerre. « Nous voulons affirmer que nos vies, les vies de millions de personnes, doivent passer avant les profits et les besoins des entrepreneurs, c’est pourquoi nous ne pouvons qu’être anticapitalistes. »
En somme, l’assemblée du 14 avril de la Gauche critique a été la première initiative publique d’un espace-association qui a décidé de ne pas répéter les rituels de la gauche, ni en proclamant la scission du PRC, ni par l’autoproclamation d’un petit parti. « Notre projet est plus ambitieux, nous voulons reconstruire une gauche de classe et alternative, nous voulons le faire en mettant au premier plan l’auto-organisation des mouvements et un processus de réorganisation qui prendra nécessairement du temps. Il est clair qu’aujourd’hui la construction de l’association Gauche critique est notre tâche prioritaire. »
Parmi les initiatives et les échéances décidées lors de cette assemblée, soulignons la solidarité avec Emergency, l’organisation d’un accueil anti-guerre à Bush, la participation militante à la Gay Pride du 9 juin contre l’inacceptable ingérence du Vatican, le soutien à toutes les luttes en défense de l’environnement à commencer par celle de Val di Susa [No Tav] pour arriver à la manifestation de Naples le 19 mai, lancée par la campagne « Zéro Déchets ».
Finalement l’assemblée a demandé à haute voix et avec beaucoup de détermination à Franco Turigliatto de retirer sa démission de la charge de sénateur annoncée le 21 février, après son vote contre la motion de D’Alema — un geste qui n’a pas empêché son expulsion du PRC. « La démission a été adressé à ce parti qui l’a refusé — a dit Gigi Malabarba en concluant l’assemblée — et il est donc juste qu’elle soit retirée pour que la contradiction Turigliatto dans le Palais continue à vivre ».